Le fléau des délais de paiement s'accentue, les PME en danger

Par Grégoire Normand  |   |  889  mots
Le ministère de l'Economie et la Banque de France ont annoncé lundi la mise en place d'un comité de crise sur les délais de paiement, qui se dégradent avec la chute d'activité économique générée par le coronavirus. (Crédits : Charles Platiau)
Le ministère de l'Economie et la Banque de France ont annoncé ce lundi la mise en place d'un comité de crise sur les délais de paiement, qui se dégradent avec la chute d'activité économique générée par le coronavirus.

Les difficultés se multiplient pour les entreprises. Afin d'éviter une hécatombe et des faillites en cascade, le ministère de l'Economie et la Banque de France ont décidé d'installer une cellule de crise afin de répondre aux demandes des dirigeants les plus urgentes. Dans un communiqué publié ce lundi 23 mars, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire et le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau, ont expliqué que ce comité visait "à répondre aux cas les plus difficiles et désamorcer une tendance à la cessation ou au retard de paiement, à rebours des orientations voulues par l'État en matière de relations entre les clients et leurs fournisseurs". Il y a plusieurs semaines déjà, le locataire de Bercy avait appelé les grands comptes à faire preuve de solidarité à l'égard des très petites entreprises (TPE) et PME. Malgré cet appel, de plus en plus d'entrepreneurs se retrouvent au bord de l'asphyxie. Lors d'un point presse, le médiateur des entreprises Pierre Pelouzet a fait part de ses inquiétudes.

"Nous avons eu beaucoup de remontées. La solidarité économique va être primordiale pour que les PME et les artisans puissent rebondir après cette crise sanitaire. L'objectif est d'identifier l'ampleur du problème. L'idée est de pouvoir intervenir collégialement auprès des entreprises qui n'ont pas de comportements solidaires et à l'opposé, mettre en avant celles qui ont un comportement exemplaire. Aujourd'hui, nous ne sommes qu'au démarrage mais ça doit aller très vite. Nous allons demander aux entreprises de passer par les fédérations professionnelles sauf pour les situations plus urgentes."

Traiter les cas les plus graves

Sur le front économique, le gouvernement a déjà annoncé une série de mesures pour tenter d'alléger la trésorerie des entreprises avec le report des cotisations fiscales et sociales ou des garanties d'Etat pour les nouveaux prêts par exemple. Selon un bilan communiqué par les services de Bercy ce dimanche 22 mars, 380.000 entreprises ont bénéficié du décalage de paiement le 15 mars dernier. "Ce qui représente plus de 3 milliards d'euros de report sur les 9 milliards d'euros de cotisations sociales qui devaient être encaissées initialement sur cette échéance" explique le ministère des Finances.  Si ces annonces semblent aller dans le bon sens pour plusieurs économistes interrogés par La Tribune, un bon nombre d'entreprises pourraient rapidement mettre la clé sous la porte. En premier lieu, beaucoup de firmes ont peu de réserves de trésorerie et tous les secteurs qui ont eu l'obligation de fermer rapidement comme la restauration par exemple pourraient rapidement se dans des situations très délicates dans les jours à venir. Surtout, plusieurs entrepreneurs ont fait remarquer qu'il s'agissait simplement d'un report et non d'un dégrèvement.

"Le comité de crise permettra de traiter en temps réel les cas les plus graves de détérioration du crédit inter-entreprises et d'encourager, au travers de leurs représentants, les entreprises de toutes tailles et de tous secteurs à fluidifier leurs relations commerciales, en veillant à la santé des petites et moyennes entreprises, plus fragiles en général que les grandes entreprises sur l'état de leur trésorerie" ont déclaré Bruno Le Maire et François Villeroy de  Villeroy de Galhau.

Le médiateur des entreprises et le médiateurs du crédit sollicités

Pour tenter de faire face aux questions des entrepreneurs, le médiateur des entreprises et le médiateur du crédit devraient être fortement sollicités dans les prochains jours. Ils sont notamment en première ligne lors des points téléphoniques organisés avec plusieurs fédérations patronales (Medef, U2P, CPME), des chambres consulaires et la DGCCRF. Plusieurs missions ont été confiées à cette cellule de crise. Il s'agit avant tout "d'identifier la profondeur de la détérioration des délais de paiement et détecter les cas les plus manifestes, trouver les moyens de mesurer instantanément et d'informer sur la situation en matière de crédit inter-entreprises"indique le communiqué de Bercy.

> Lire aussi : Médiateur des entreprises : "Il faut absolument éviter les manques de trésorerie"

 Les faillites d'entreprises : un risque majeur dans cette crise

Le coronavirus pourrait rapidement plonger l'économie française dans la récession. La semaine dernière, le ministère de l'Economie et la direction générale du trésor (DGT) ont annoncé que le produit intérieur brut français reculerait de 1% en 2020. En Europe, la situation économique est extrêmement tendue en Italie et en Espagne où les bilans humain et sanitaire ne cessent de s'aggraver. Avec cette récession, les faillites pourraient se multiplier à travers tout le continent. Dans une note publiée ce lundi 23 mars, les économiste Natixis rappellent que les faillites constituent un risque majeur dans cette crise avant tout sanitaire. " Quelque soit le coût en déficit public, il faut essayer d'éviter le plus possible les faillites d'entreprises dans cette crise" expliquent les économistes. Limiter le nombre de faillites permettrait "d'éviter la perte de capital et du PIB potentiel, la perte de capital humain et la productivité, la dégradation de la situation des banques et de leur capacité des prêts".