Coronavirus : éviter les défaillances d'entreprises, "Whatever it takes"

OPINION. Comme lors de la grande crise de 2008, les pouvoirs publics et les partenaires sociaux doivent agir vite pour aider les entrepreneurs à se préparer, se mobiliser et se protéger. Par Anthony Streicher, Président de l'association GSC (*).
Le président Emmanuel Macron
Le président Emmanuel Macron (Crédits : Reuters)

La crise du Coronavirus s'accroit. Le COVID-19 se propage désormais sur notre territoire. De nombreux secteurs d'activités se déclarent en situation de ralentissement économique. Selon le syndicat professionnel GNI-SYNHORCAT : "Un tiers des hôteliers-restaurateurs constatent une baisse d'activité depuis 15 jours de l'ordre de 10 à 20%. Pour les discothèques, c'est une baisse de 30% de leur activité, tout comme les restaurants asiatiques qui ont été boudés plus tôt que les autres. Avec l'annulation des salons et séminaires, le salon du tourisme lundi 2 mars, le salon du livre, le salon de l'agriculture écourté, moins de soirées privées à la Fashion week, la situation des traiteurs se dégrade extrêmement vite."

Alors que les spécialistes enregistraient en 2019 une baisse record des défaillances d'entreprises à l'instar des données que nous publions régulièrement avec la société Altares, puisque seulement 48.350 dirigeants ont perdu leur activité professionnelle en 2019, nous redoutons désormais une inversion rapide et violente de la tendance. En 1918, affaiblie par 4 ans de guerre la population fut plus sensible au virus de la grippe. En 2020, le corps entrepreneurial perd à nouveau des anticorps : à peine guéri de dix ans de crise financière, affaibli par la crise des "gilets jaunes", puis des grèves contre la réforme des retraites. De ce fait, comme lors de la grande crise de 2008, les pouvoirs publics et les partenaires sociaux doivent agir vite pour aider les entrepreneurs à se préparer, se mobiliser et se protéger.

Se préparer

Tout semblait porter 2020 vers les fonds baptismaux. Les indicateurs de l'entrepreneuriat sont au vert avec un nombre de créations d'entreprises record en 2019, des défaillances d'établissements en chute à hauteur de 55 348. Par comparaison 2009 fut l'année noire pour les entreprises avec 61 595 jugements d'ouverture de redressement ou de liquidation judiciaire. En temps de crise, ce sont les PME les plus touchées. En 2009, les entreprises employant entre 3 et 200 salariés ont connu une hausse du nombre de leur défaillance de 49%, et celles entre 50 et 100 salariés, une hausse de 62%. La crise du Coronavirus se compare à la grande crise financière du début du 21e siècle car elle provoque des arrêts brutaux ; arrêts des échanges dans le premier cas, arrêts des financements de l'activité dans l'autre. En 2009/2010 les petites entreprises ont perdu, en moyenne, jusqu'à 50% de leurs bons de commandes », du jamais vu !

Se mobiliser

Quelles furent les réactions de nos dirigeants ? Le 4 décembre 2008, le Président de la République Nicolas Sarkozy présentait un « plan de relance de l'économie française ». Partant du constat que « la crise que nous traversons n'est pas une crise passagère (...) pas une simple crise conjoncturelle dont les traces seraient vite effacées (...) parce que la crise est forte, notre réponse doit être très forte (...) la meilleure façon d'affronter la crise, c'est de la regarder comme l'exigence d'une formidable accélération de l'investissement ». Pour favoriser la reprise de l'investissement, pour surmonter les difficultés de trésorerie des entreprises, de ralentissement de l'activité et de montée du chômage. Au rang des mesures lourdes portées par l'Etat il y eut la création du Fonds stratégique d'investissement (FSI), et des accords de soutien à la filière automobile qui se matérialisèrent par une enveloppe de 6 milliards d'euros de prêts aux entreprises de ce secteur permettant le sauvetage de Renault et PSA qui s'engagèrent alors à ne pas licencier ni à fermer d'usine protégeant ainsi un écosystème précieux de TPE/PME.

En ce qui concerne l'action des pouvoirs publics pour contenir les effets sur l'économie française du Coronavirus, il semble acquit l'impérieuse nécessité de soutenir la confiance des dirigeants d'entreprise. Pour cela, parler vite et fort convient parfaitement à une économie de l'attention dont la moindre absence de mots perturbe d'abord les marchés financiers et par effet de ruissellement ou plutôt de submersion, le reste de l'économie. Dans une interview du 4 mars Bruno Le Maire, indique que « il ne faut pas ménager nos efforts. Nous devons mettre le paquet ». De son côté, Muriel Pénicaud a par ailleurs annoncé des « possibilités de recours à l'activité partielle » et « l'étalement des charges sociales et fiscales pour les entreprises qui en auront besoin ». Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, le bras armé financier de l'Etat, a assuré : « Se pencher sur les solutions pour aider les PME à surmonter la crise de l'épidémie de coronavirus en garantissant les emprunts de ces entreprises ».

Se protéger

Est-ce utile d'indiquer que Kennedy est l'auteur de cette célèbre assertion : « Ne demande pas ce que ton pays peut faire pour toi, demande ce que tu peux faire pour ton pays. » Dans notre cas d'espèce, le dirigeant, s'il doit démontrer sa gestion de « bon père de famille », n'a pas de meilleur moyen que celui de se protéger des dégâts provoqués par un perte d'activité. Mais il demeure trop souvent mal informé face au risque ultime, ses conséquences et les recours qui peuvent être les siens.

Nos PME, TPE, artisans constituent un ensemble de « Biens communs » au sens défini dans les travaux de Jean Tirole, prix Nobel d'économie 2014. A l'instar de la santé des populations et des travailleurs, la santé économique d'un pays passe par la protection de ses entrepreneurs. Il revient à l'Etat de renforcer l'information sur leur protection sociale comme un geste essentiel de salubrité publique mais aussi à mes compatriotes chefs d'entreprise de se saisir de ce sujet qu'ils repoussent souvent comme une guigne !

A peine entraperçu les risques que fait peser le Coronavirus sur l'économie française nous devons tout faire pour ne pas réenclencher le cycle destructeur d'entreprises et d'emplois dont nous sommes à peine sortis après 10 ans de crise. "Nous y arriverons", avait lancé Angela Merkel le 31 août 2015. "Quoi qu'il en coûte", fut l'injonction de Mario Draghi en 26 juillet 2012. Autre temps autre contexte mais promesses puissantes dont nous devons nous inspirer (Wir Schaffen Das, whatever it takes).

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(*) https://www.gsc.asso.fr/

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Commentaires 6
à écrit le 25/03/2020 à 6:21
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Le problème de la France c'est que l'on fait trop de social en sonnante l'argent à des gens qui ne veulent pas bosser et abusede sesaides sociales qui coute une fortune !

à écrit le 13/03/2020 à 2:44
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Specialite francaise : Reculer pour mieux sauter.

à écrit le 12/03/2020 à 18:30
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Si au lieu de fermer les centrales nucléaires et de subventionner les ânerie d'éoliennes et de panneaux solaires, la France investissait, comme aux USA, au Canada et en Grande-Bretagne (the Rolls-Royce Consortium) sur des SMR (Small Modular Reactors,...

à écrit le 12/03/2020 à 17:53
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Une seule et dernière solution:baisse de la fiscalité et de la dépense publique.

à écrit le 12/03/2020 à 15:11
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Dire qu'il faut en arriver à une énorme crise économique pour commencer à envisager d'investir au lieu d'engraisser toujours des bien trop gras générateurs desdits crises pour qu'ils entassent l'argent public dans leur paradis fiscaux. Il ny a do...

à écrit le 12/03/2020 à 14:30
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le pb c'est que quand ca va bien faut redresser les comptes pour avoir de la marge pour quand ca ne va pas hollande s'est felicite d'avoir empapaoute les allemands ' sans qu'ils ne le remarquent', tout en ne faisant aucune economie, ses 40 milliards...

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