Dialogue de sourds entre les maires et le gouvernement sur la suppression de la taxe d'habitation

Par César Armand  |   |  359  mots
Le président de l'association des maires de France François Baroin. (Crédits : Charles Platiau)
Lors d'une conférence de presse organisée ce mardi 15 octobre, l'association des maires de France (AMF) a regretté l'absence d'étude d'impact en prévision de la suppression de la taxe d'habitation avant de dénoncer un manque à gagner de 400 millions d'euros. A l'inverse, dans un communiqué, le gouvernement a évoqué des "simulations individuelles complètes" et promis une "compensation intégrale".

L'association des maires de France (AMF), qui représente les élus locaux de toutes les communes quelle que soit leur taille, ne décolère pas. Après avoir comparé, au congrès des régions, la suppression de la taxe d'habitation sur les résidences principales à un "acte profond de recentralisation [où l'on] remplace le contribuable local par le contribuable national", son président François Baroin qualifie, ce mardi 15 octobre, cette mesure de "très mauvaise réforme".

"Aucune étude d'impact" versus "simulations individuelles complètes"

Alors que le projet de loi de finances (PLF) 2020 est examiné en séance publique à l'Assemblée nationale, les édiles locaux regrettent de n'avoir eu accès à "aucune simulation [ou] étude d'impact" quant aux "conséquences réelles" de cette suppression pour chaque commune et intercommunalité.

A l'inverse, dans un communiqué, la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales Jacqueline Gourault et le secrétaire d'Etat Olivier Dussopt chargé de l'Action et des Comptes publics assurent que des "simulations individuelles complètes", transmises avant l'examen du PLF au Parlement et... aux associations d'élus, demeurent "disponibles" auprès des finances publiques locales.

400 millions d'euros de manque à gagner ou compensation "intégrale" ?

L'AMF relève en outre qu'il manque 400 millions d'euros dans le budget pour compenser ce manque à gagner. "C'est le non-respect d'un engagement pris [par le gouvernement]", pointe ainsi François Baroin. Dans ce cas précis, les deux membres du gouvernement Philippe expliquent que "l'Etat assumera la compensation intégrale des collectivités (...) exclusivement par de la fiscalité dans un compte spécifique, et non par des concours budgétaires de l'Etat".

Dans le même temps, l'association des maires d'Île-de-France (AMIF) a exprimé, dans une déclaration transmise à la presse, sa "préoccupation concernant la disparition du lien entre fiscalité versée par les contribuables et services rendus par la collectivité". Ces édiles éprouvent même "le sentiment désagréable que les élus locaux sont de plus en plus responsabilisés par l'Etat en termes de dépenses et de moins en moins sur la stratégie de recettes".