Diplômés mais SDF, qui sont-ils ?

Par Jean-Christophe Catalon  |   |  684  mots
Un SDF sur dix est diplômé de l'enseignement supérieur, selon une étude publiée par l'Insee mercredi.

Après avoir révélé en 2012 qu'un SDF sur quatre avait un travail, l'Insee vient battre en brèche un nouveau préjugé sur les sans-domicile(*). Selon une étude publiée mercredi par l'Institut, plus d'un SDF sur dix (14%) a suivi un cursus dans l'enseignement supérieur et 10% sont mêmes titulaires d'un diplôme (Bac+2 au minimum).

Les études ne jouent finalement pas autant qu'on le pensait le rôle de bouclier contre le déclassement. Pour mieux comprendre ce phénomène, voici le portrait robot d'un SDF diplômé :

  • Un homme de la trentaine

De manière générale, la majorité des SDF en France sont des hommes (62%) et cette proportion se confirme chez ceux passés par les bancs de l'université. Dans plus de la moitié des cas, les SDF diplômés (59%) et les SDF non-diplômés (62%) sont de sexe masculin. En revanche, la proportion de femmes est plus importante (47%) pour les diplômés à l'étranger.

Concernant leur âge, ils sont pour plus de la moitié (57%) âgés de 30 à 49 ans. Chez les moins de 30 ans, les diplômés de l'étrangers sont plus nombreux que ceux issus de l'Hexagone.

  • Né et diplômé à l'étranger

Sur les 6.600 diplômés sans-domicile, plus de 4.300 sont nés à l'étranger (65%). La plupart viennent de pays d'Afrique (45%), ceux nés en France correspondent à plus du tiers (35%) de la population. Les européens, eux, sont peu représentés (13%). En outre, plus de la moitié (52%) ont obtenu leur diplôme à l'étranger.

Les Français sont en revanche beaucoup plus nombreux parmi ceux qui sont ressortis sans diplôme après un passage dans l'enseignement supérieur (58%).

  • Vivant seul dans une grande ville

La plupart des interrogés (66%) vivent seuls, sans famille ni enfant. Les situations diffèrent fortement entre ceux diplômés en France (82%) et ceux à l'étranger (51%). En revanche, dans un cas sur deux, ils ont tous un enfant à charge, signe d'une vie familiale passée. Chez les diplômés comme pour le reste des sans-domicile, la séparation avec le conjoint est la première cause du départ du dernier logement.

De plus, l'écrasante majorité de ces diplômés est constituée d'urbains. Dans neuf cas sur dix, ils vivent dans une agglomération de plus de 200.000 habitants. La région parisienne se révèle un peu plus attractive (49% des sondés y habitent) que les autres.

  • Qui travaille régulièrement

Malgré leurs qualifications, les diplômés sont tout autant pénalisés que les autres devant le marché du travail. Les trois quart d'entre eux ont déclaré être sans emploi lors de l'enquête. En revanche, les diplômés ont une plus grande employabilité. Ils sont 41% à déclarer avoir "toujours travaillé régulièrement", contre 30% pour l'ensemble des SDF.

  • Qui a besoin d'aide

Bien que diplômées, ces personnes sans-domicile ont les mêmes conditions d'accès au logement que leur pairs. En revanche, elles ont construit un meilleur "réseau de sociabilité", indique l'étude. Autrement dit, elles ont su maintenir le contact avec leurs proches et, de fait, subissent un peu moins brutalement l'exclusion sociale.

Sur l'année écoulée, plus de la moitié (55%) de ces diplômés ont obtenu le soutien d'un tiers, quand le quart (24%) en a sollicité mais en vain. Pour rappel, deux tiers d'entre eux (64%) n'ont pas perçu le RSA sur les douze derniers mois (72% pour les étrangers diplômés). Pour mémoire, 62% des sans-domicile, toutes catégories confondues, n'ont pas perçu le RSA.

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(*) Pour l'Insee, une personne est dite "sans domicile" si elle a passé la nuit précédent l'enquête dans :

  • un lieu non prévu pour l'habitation
  • une halte de nuit qui offre un abri (chaleur, café, etc.) mais n'est pas équipée pour dormir (on parle alors de 'sans‑abri')
  • un service d'hébergement (hôtel ou logement payé par une association, chambre ou dortoir dans un hébergement collectif, lieu ouvert exceptionnellement en cas de grand froid)