Ehpad : étranglé par ses dettes, Orpea se place sous protection judiciaire et rechute en Bourse

Par latribune.fr  |   |  637  mots
Orpea doit renégocier sa dette pour « protéger ses salariés et résidents ». (Crédits : STEPHANE MAHE)
Le groupe d'Ehpad privés Orpea a ouvert une nouvelle procédure amiable de conciliation devant le tribunal de commerce de Nanterre afin de renégocier sa dette avec ses créanciers. Au-delà des ennuis financiers d'Orpea, c'est tout un secteur qui est aujourd'hui placé sous surveillance. Son action a chuté de 40% à l'ouverture de la Bourse de Paris ce mercredi matin.

Le groupe d'Ehpad privés Orpea, dépassé par son endettement, a été contraint d'ouvrir une nouvelle procédure amiable de conciliation devant le tribunal de commerce de Nanterre. Son cours de Bourse a encore chuté de 40% à l'ouverture ce mercredi, alors que sa capitalisation a perdu 90% de sa valeur depuis janvier.

« L'entreprise est trop endettée en raison du développement international et immobilier mené à un rythme effréné, à l'initiative de l'ancienne direction générale », a expliqué à l'AFP son nouveau directeur général, Laurent Guillot. « Cette procédure de conciliation amiable nous permet de renégocier avec les acteurs financiers la situation de notre endettement et en même temps de protéger nos salariés et résidents. »

Orpea avait déjà réalisé cette année une procédure de conciliation amiable qui lui avait permis d'aboutir à un accord avec ses banques pour assurer son financement. Mais le groupe risque de ne plus être en mesure de s'y conformer en raison de différents facteurs, comme l'inflation. L'objectif envisagé serait de « convertir une partie de la dette d'Orpea en capital et de lever à nouveau de l'argent en dette et en capital auprès des investisseurs », affine le dirigeant. Orpea anticipe également de nouvelles dépréciations d'actifs, estimées entre 2,1 et 2,5 milliards d'euros. « La situation a en outre été fortement affectée par les malversations et les manquements éthiques de la direction précédente », a affirmé Laurent Guillot.

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Une plainte qui vise l'ancien mandateur social, Yves Le Masne

Le groupe a ainsi décidé de compléter la plainte contre X déjà déposée auprès de la justice, en visant cette fois explicitement l'ancien mandataire social, Yves Le Masne. « Je n'imagine pas un seul instant qu'Yves le Masne ne mesurait pas toute la responsabilité qui était la sienne », enfonce son successeur.

La justice a ouvert en avril une enquête préliminaire pour maltraitance institutionnelle et infractions financières, à la suite d'un signalement par le gouvernement. Le groupe dit avoir pris de premières mesures pour modifier ses pratiques et prévoit de détailler le 15 novembre son plan de transformation sur trois ans.

Depuis le scandale, son titre a connu une chute vertigineuse à la Bourse de Paris. L'action, dont le cours a été suspendu lundi, s'affichait à 14,74 euros vendredi à la clôture de la séance, soit une baisse de 83% depuis le début de l'année. La cotation reprendra ce mercredi à l'ouverture des marché.

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 Un secteur sous surveillance

Depuis la parution du livre-enquête « Les Fossoyeurs »,  qui a mis au grand jour les méthodes dénuées de scrupules du management d'Orpea, c'est tout un secteur qui est sous surveillance. Les contrôles menés dans près de 600 établissements « ont donné lieu à plus de 1.000 recommandations, 642 prescriptions, 193 injonctions et trois saisines du procureur » a indiqué mardi devant l'Assemblée nationale le ministre des Solidarités Jean-Christophe Combe. En mars dernier, le gouvernement avait annoncé que les 7.500 maisons de retraite médicalisées - publiques, associatives ou privées à but lucratif - seraient toutes contrôlées d'ici deux ans, et contraintes à davantage de transparence quant à leurs prestations et leur utilisation des fonds publics.

Le député Insoumis François Ruffin a mis en doute, face au ministre, la capacité de mener correctement les contrôles. « Je n'ai pas vu les lignes budgétaires qui nous disent combien de contrôleurs vous comptez embaucher », a-t-il ironisé, déplorant un refus selon lui d'encadrer le secteur « de manière sérieuse ». Le député communiste Pierre Dharréville a comme lui plaidé pour « poser la question de l'interdiction des établissements à but lucratif ».

(Avec AFP)