Election de Wauquiez : cinq choses à savoir sur ses propositions économiques

Par Grégoire Normand  |   |  1105  mots
Agé de 42 ans, Laurent Wauquiez a été élu à la présidence de la région Auvergne-Rhône-Alpes en 2015.
Elu dimanche à la tête des Républicains, Laurent Wauquiez défend une ligne économique conservatrice centrée sur la valeur travail et la lutte contre "les dérives de l'assistanat". Sans apporter de réelle rupture avec les idées traditionnelles de la droite sur le plan économique, il confirme ainsi sa position de digne héritier du sarkozysme.

Laurent Wauquiez a été élu dimanche président des Républicains (LR) dès le premier tour avec 74,64% des voix parmi les 98.543 adhérents du parti qui se sont exprimés, selon les chiffres communiqués par la Haute Autorité chargée de superviser le scrutin. L'ex-porte-parole de François Fillon, Florence Portelli, a obtenu 16,11% et le "juppéiste" Maël de Calan 9,25%. Champion d'une droite conservatrice et identitaire, Laurent Wauquiez dispose désormais d'un mandat de cinq ans, qui court jusqu'en 2022. Retour en cinq points sur ses ambitions sur le plan économique.

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1- La fin des 35 heures

Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes souhaite mettre fin aux 35 heures mises en place sous la gauche. Souvent critiquée, cette durée légale du travail fait l'objet de nombreuses attaques par la droite et les libéraux. L'homme de 42 ans veut privilégier plus de flexibilité au sein de l'entreprise pour négocier le temps de travail.

"Nous souhaitons mettre fin aux trente-cinq heures comme durée unique du travail et offrir la liberté de négocier le temps de travail dans chaque entreprise, à la condition de rémunérer le temps de travail supplémentaire et d'obtenir l'accord des salariés."

Il poursuit ainsi sa croisade sur la réduction du temps de travail qu'il a souvent exprimée lors de ses interventions publiques comme au Sénat en 2010 lorsqu'il était secrétaire d'Etat à l'Emploi sous Nicolas Sarkozy :

"Les 35 heures ont été une des plus graves erreurs économiques et sociales des trente dernières années". Et de souligner "la méthode imposée par Martine Aubry de non-respect des partenaires sociaux, autoritaire et uniforme".

2- Mettre la priorité sur la valeur travail

Laurent Wauquiez reprend le thème de la valeur travail longtemps promue par Nicolas Sarkozy et son célèbre slogan "Travailler plus pour gagner plus". Dans son programme, l'énarque propose notamment "de rompre définitivement avec l'idéologie de gauche qui a dévalorisé notre rapport à l'effort et au mérite".  Il veut réhabiliter cette valeur en faisant en sorte que "le revenu dépende davantage de l'activité. Il est temps que le travail paye en France".  Il déplore également la suppression de la défiscalisation des heures supplémentaires sous le mandat de François Hollande. Ce dispositif à l'efficacité très discutée avait fait l'objet de nombreuses réserves dans un rapport parlementaire bipartisan de 2011 sur son coût pour les finances publiques notamment et sur le nombre d'heures travaillées en plus. Cette mesure a été remise en avant par Emmanuel Macron dans son programme mais, depuis son élection à la présidence de la République, peu de précisions ont été apportées par l'exécutif sur sa possible mise en oeuvre.

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Il propose également de baisser les cotisations "qui pèsent sur le coût du travail et sur la feuille de paye des Français, et relancer la participation avec une priorité pour les salariés des petites entreprises".

3- Mettre l'accent sur l'apprentissage

En perte de vitesse depuis plusieurs années, l'apprentissage est devenu le cheval de bataille de l'ancien ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Il veut relancer l'apprentissage pour lutter contre le chômage des jeunes et veut "en finir avec la dévalorisation de nos métiers manuels".

"Nous croyons profondément à l'apprentissage, à l'alternance et à l'avenir de l'artisanat. Ces métiers permettent de protéger et de transmettre nos savoir-faire qui sont de formidables atouts pour le rayonnement de notre pays. Revaloriser les métiers manuels, c'est donc soutenir une certaine idée de la France, dont les traditions, les paysages ou les arts de vivre ont été façonnés par des siècles de travail agricole ou artisanal."

Pour financer ce type de formation, M.Wauquiez suggère que "les recettes de la taxe d'apprentissage doivent intégralement financer l'apprentissage".  L'ancien élève de Ecole normale supérieure veut également mettre l'accent sur la formation professionnelle "intégralement réorientée vers le retour à l'emploi et la mobilité dans l'emploi". Pour l'élu, les travailleurs doivent pouvoir se reconvertir facilement, créer plus simplement leurs entreprises.

4- Se concentrer sur les classes moyennes

Pour Laurent Wauquiez, "les classes moyennes sont les grandes oubliées des politiques publiques des trente dernières années". Il déplore le blocage de l'ascenseur social et les difficultés de logement pour cette catégorie sociale. Pour tenter de réduire ces obstacles, il propose entre autres d'ouvrir le parc HLM aux classes moyennes. Il veut également que la fiscalité soit réorientée "afin que les classes moyennes ne paient jamais plus d'impôts que les classes les plus aisées". Il envisage également de rendre les allocations familiales universelles et rétablir le quotient familial.

A l'opposé, l'ancien député de Haute Loire veut "lutter contre les dérives de l'assistanat". "Le système de protection sociale français est devenu tellement complexe qu'il est la proie de tous les abus et de toutes les dérives". Afin de limiter "ces dérives", l'ex secrétaire d'Etat propose de fusionner l'ensemble des allocations dans une aide unique plafonnée à 75% du SMIC. Il souhaite également imposer 5 à 7 heures de travail d'intérêt général par semaine en contrepartie de tout RSA.  "Les missions peuvent être assez diverses : s'occuper des sorties d'école, contribuer à l'entretien des espaces verts ou des rivières, veiller sur les personnes âgées...". Là encore, c'est une idée souvent évoquée par Nicolas Sarkozy en 2007.

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5- Un protectionnisme pour l'Europe

Au niveau de l'Europe, Laurent Wauquiez défend une vision protectionniste de l'économie. Il veut "rétablir la préférence européenne. Ce sont nos entreprises et nos emplois que nous devons protéger en priorité". Il entend privilégier "nos PME dans l'attribution des marchés publics et imposer la réciprocité dans les échanges commerciaux". Du côté de la directive des travailleurs détachés très décriée en France, il veut revenir sur ce texte sans apporter plus de précision. Enfin, il souhaite revoir sur les accords de Schengen pour limiter les flux migratoires.

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