Elections départementales : une vague bleue avec des taches marine

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  591  mots
Une abstention forte dimanche 22 mars pourrait être fatale à la gauche dès le premier tour
Un dernier sondage sur les élections départementale accorde 29% des intentions de vote au FN. Mais c'est l'UMP, avec une implantation plus régulière sur le territoire, qui devrait conquérir le plus de départements, au détriment de la gauche.

Dernière ligne droite et dernier sondage avant le premier tour dimanche 22 mars des élections départementales. Selon la toute dernière enquête réalisée les 17 et 18 mars auprès d'un échantillon de 1.015 personnes par Harris Interactive pour LCP-Assemblée national et 20 Minutes, 29% des sondés affirment vouloir voter Front National, 28% pour les candidats soutenus par l'UMP et l'UDI et... 19% pour ceux soutenus par le Parti socialiste. La « claque » qu'anticipent les dirigeants du PS semble se confirmer, reste à en connaître l'ampleur. Actuellement, la gauche, toutes tendances confondues, dirige 61 départements contre 40 pour la droite. Ce rapport risque de se retrouver totalement inversé.
A noter également que les candidats soutenus par le Front de Gauche sont crédités de 7% des intentions de vote, contre respectivement 2% et 1% pour ceux soutenus par Europe Ecologie-Les Verts et le Modem. Le reste se répartissant entre « divers droite » et « divers gauche ».

Les consignes de vote diversement appréciées

Mais, fait intéressant, le sondage s'est aussi attaché à savoir ce que les Français pensaient des consignes de vote. Ils sont ainsi 41% à souhaiter que l'UMP appelle à voter pour le candidat de gauche en cas de duel gauche-FN (mais seulement 18% des sympathisants UMP pensent cela), 39% à demander que l'UMP ne donne aucune consigne et 13% à vouloir que l'UMP appelle à voter FN. 7% demande à l'UMP de se prononcer pour un vote blanc.

A l'inverse, dans la configuration d'un duel droite/FN, 45% des Français souhaitent que le PS appelle à voter pour le candidat de droite (73% des sympathisants du PS pensent cela, on voit le contraste avec leurs homologues de l'UMP), 40% penchent pour l'absence de consigne de vote et...7% pour des consignes en faveur du vote FN.

Les Français sont donc très partagés sur les consignes de vote. Ce qui rend donc encore plus incertains les résultats du second tour du dimanche 29 mars car, de toute évidence, dans de très nombreux départements, on va se retrouver dans la position d'un duel FN/ gauche ou FN/droite.

Quant à l'abstention, elle va jouer un rôle important dès le premier tour car les candidats qui n'auront pas récolté les suffrages de 12,5% des électeurs inscrits ne pourront pas se présenter au second tour. Et c'est notamment à gauche, où l'électorat déçu risque de s'abstenir en masse, que cette règle risque de provoquer de sérieux dégâts.

La gauche pourrait perdre jusqu'à 30 des 61 départements qu'elle détient

De fait, la gauche qui détient actuellement 61 départements sur 100 pourrait bien perdre jusqu'à... 30 départements. Les plus menacés sont le Doubs, le Jura, la Saône-et-Loire, l'Ain, voire l'Eure, l'Indre-et-Loire, les Deux-Sèvres, les Pyrénées-Atlantiques.

En Picardie, la gauche pourrait aussi perdre la Somme, l'Oise et l'Aisne et le Front National espère bien récupérer ces deux derniers. Le parti de Marine Le Pen a aussi des vues sur le Vaucluse, voire le Var, actuellement détenu par l'UMP. Ce serait alors la première fois que le Front National se retrouverait à la tête d'un exécutif départemental.

Même certains départements symboliques ne sont pas à l'abri d'un basculement à droite. Il en va ainsi de la Corrèze, terre de François Hollande conquise à la droite en 2008, de l'Essonne, fief de Manuel Valls, et du Tarn-et-Garonne du PRG Jean-Michel Baylet.

Autre fait symbolique le Parti communiste pourrait ne plus diriger aucun département - une première ! - en cas de perte de ses deux derniers bastions: le Val-de-Marne et l'Allier.