Elections régionales : le Front National étend son emprise

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  608  mots
52% des Français ne seraient pas gênés par une vitoire du FN dans une ou plusieurs régions.
On savait une victoire possible du Front National dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie et en Provence-Alpes-Côte d'Azur, mais c'est maintenant Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine qui pourrait tomber dans son escarcelle. En outre, 52% des Français se disent "pas gênés" si une présidence de conseil régional revenait au FN.

A moins d'un mois du premier tour des élections régionales (6 décembre), le Front National (FN) a manifestement le vent en poupe et étend son emprise sur l'ensemble du territoire, comme les élections municipales et départementales l'avaient déjà montré. Jusqu'ici, on savait que le parti de Marine Le Pen pouvait gagner deux régions : Nord-Pas de Calais Picardie, où elle est tête de liste, et Provence Alpes-Côte-d' Azur (Paca) où se présente sa nièce Marion Maréchal-Le Pen. Or, voilà qu'un sondage « surprise » indique qu'une troisième région est susceptible de tomber dans l'escarcelle du FN : Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine (Acal). Un sondage Odoxa pour BFMTV et Le Parisien (réalisé du 2 au 5 novembre sur un échantillon de 1.001 électeurs de la région) donne la liste de Florian Philippot, vice-président du FN, en tête au premier tour avec 32%, devant la liste « Les Républicains », UDI, MoDem, conduite par le président sortant de la région Alsace (Philippe Richer) et celle du PS- PRG (19%) emmenée par Jean-Pierre Masseret.


Le FN talonne la droite en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine

Au deuxième tour, et là est la vraie surprise, la liste FN arriverait deuxième avec 35%, ne concédant que deux petits points  - soit moins que la marge d'erreur - à la liste de Philippe Richer (37%). Il y a encore peu, aucun commentateur ne voyait réellement le FN si fort dans cette région ,même si un sondage réalisé en octobre enregistrait déjà la percée de Florian Philippot.

Dans le Sud-Ouest aussi le FN est en embuscade. En Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, selon un sondage BVA publié le 23 octobre, Au premier tour, c'est le frontiste Louis Aliot qui virerait largement en tête, avec 29% des intentions de vote. Derrière, Dominique Reynié (LR-UDI), avec 20%, et Carole Delga (PS-PRG), avec 19%, sont au coude à coude. Au deuxième tour cependant, la liste menée par Carole Delga l'emporterait avec 39% des voix devant celle de Louis Aliot (32%).

Une majorité de Français pas "gênée" par une présidence de région FN

Autre sondage qui va faire plaisir à Marine Le Pen et à ses inconditionnels : Le Front National fait de moins en moins peur. L'opération"dédiabolisation" semble parfaitement fonctionner. De fait, selon un sondage TNS Sofres-OnePoint pour RTL et Le Figaro (réalisé du 29 octobre au 2 novembre auprès d'un échantillon de 1010 personnes), la perspective de voir le FN arriver en tête d'une ou plusieurs régions n'effraie pas une majorité de Français. 52% d'entre eux ne seraient pas gênés de voir ce parti s'emparer de la présidence d'un conseil régional et 35% trouveraient même cela « normal ». Cette tendance s'observe particulièrement chez les sympathisants du parti "Les Républicains"(LR) (40%). Les proches de LR sont même plus d'un quart (28%) à avoir tranché le débat sur un éventuel « front républicain » pour faire barrage au FN en estimant que « les choses changeraient dans le bon sens « en cas de victoire du parti de Marine Le Pen dans leur région. Il est également intéressant de constater que, selon cette même enquête, 41% des sondés ne connaissent pas la couleur de la majorité qui gouverne actuellement leur régions...

A noter que selon d'autres sondages, les listes FN réalisent également des scores non négligeables en Bourgogne-Franche Comté, Normandie, Centre-Val de Loire, même s'il semble improbable, à ce stade, qu'elles puissent arriver en tête au soir du deuxième tour. Mais il reste encore plus de trois semaines de campagne et, indéniablement, le FN connaît une dynamique certaine.