Emploi : la situation des jeunes Français reste préoccupante

Par Hugo Baudino  |   |  596  mots
Les jeunes espèrent encore décrocher un CDI, sans y croire vraiment.
Avec un taux de chômage toujours très important, une culture de l'apprentissage encore à la traîne et une part importante des jeunes n'étant ni actifs ni étudiants, le niveau d'insertion professionnelle des jeunes en France ne s'améliore pas.

Idéalistes sans être inconscients. Selon un sondage réalisé par OpinionWay pour l'Union des auto-entrepreneurs et la Fondation Le Roch Les Mousquetaires, les trois quart des jeunes âgés de 18 à 29 ans font toujours du contrat à durée indéterminée (CDI) un objectif majeur. Cependant, ils sont aussi 81% à estimer qu'un emploi en CDI est "difficile à obtenir".

Cette lucidité quant aux difficultés qu'ils sont ou seront amenés à rencontrer sur le marché du travail est la bienvenue. En effet, l'insertion professionnelle des jeunes en France est problématique, au vu des résultats de la grande enquête réalisée sur le sujet par France Stratégie, organisme de réflexion rattaché à Matignon, et la Dares, le service des statistiques du ministère du Travail. Publiée le 24 janvier 2017, cette étude a été réalisée en concertation avec les organisations syndicales et patronales ainsi que quatre organisations de jeunesse (Fage, JOC, MRJC et Unef).

Trois chiffres sur l'insertion professionnelle des jeunes Français

Et les chiffres clés de cette étude sont assez édifiants :

  • Le taux de chômage des jeunes Français a été multiplié par 3,5 en 40 ans, pour s'établir donc à 24% pour les 15-24 ans. Il "se situe actuellement dans la moyenne haute" au niveau européen, rappelle l'étude, soit en 5e position sur les seize pays européens étudiés. Seuls le Portugal, l'Italie, l'Espagne et la Grèce font pire, avec des taux dépassant les 40% pour les trois derniers pays cités. Au contraire, le taux de chômage des jeunes Allemands descend largement sous la barre des 10%.
  • La proportion de NEET, soit des jeunes qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation (Neither in Employment, Education or Training) est également problématique en France. Avec 17% de NEET en 2015 chez les 15-29 ans, la France est au dessus de la moyenne de l'Union européenne et de l'OCDE en la matière. Encore plus inquiétant, ce taux baisse dans d'autres pays de l'UE depuis 2013 mais demeure élevé en France.
  • L'étude se penche également sur le taux d'activités des 15-24 ans, soit le rapport entre le nombre d'actifs (en emplois et chômeurs) et l'ensemble de la population en âge de travailler. Ce taux était en 2015 en France de 4,5 points inférieurs à la moyenne européenne, en s'établissant à 15%. Ce taux est en hausse mais reste beaucoup moins élevé que dans d'autres pays européens comme l'Allemagne et les Pays-Bas qui ont, notamment, une culture de l'apprentissage plus développée.

Le rapport met d'ailleurs en avant le fait que les différents dispositifs d'apprentissage permettent une meilleure insertion des jeunes dans le monde du travail, surtout en ce qui concerne les personnes moins diplômées : "Pour un même diplôme de CAP BEP, les apprentis du secondaire connaissent un taux d'accès durable à l'emploi près de 20 points supérieurs à ceux l'ayant obtenu par voie scolaire."

"Des promesses présidentielles, il ne reste que des maux." Voilà comment la CGT titre son communiqué de réaction à la publication du rapport de France Stratégie, avec la volonté d'insister sur l'inefficacité des réformes de ces 20 dernières années. "Subordonnés à la dégradation du marché du travail, les jeunes demeurent surexposés à de multiples handicaps", rappelle le syndicat, qui réitère sa proposition d'une sécurité sociale professionnelle, qui protégerait les jeunes "dès la sortie du système scolaire".

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(avec AFP)