Emploi : le taux de chômage progresse en France, pénalisé par le ralentissement de l'économie mondiale

Par latribune.fr  |   |  993  mots
Le ministre du Travail affirme rester « mobilisé » face à cette augmentation du taux de chômage qu'il espère « ponctuelle ». (Crédits : Reuters)
Le taux de chômage a enregistré une hausse au troisième trimestre, à 7,4% de la population active en France (hors Mayotte), contre 7,2 au deuxième trimestre, selon les chiffres publiés ce mercredi par l'Insee. De quoi s'interroger sur la présence d'une véritable inversion de tendance ou d'une simple hausse ponctuelle.

Mauvaise surprise sur le front de l'emploi. Selon l'Insee, le taux de chômage a enregistré une hausse au troisième trimestre, à 7,4% de la population active en France (hors Mayotte), contre 7,2 au deuxième trimestre, selon l'Insee ce mercredi 15 novembre.

Avec cette hausse de 0,2% sur un an, « le taux de chômage a retrouvé son niveau du deuxième trimestre 2022, mais il se situe toujours à un niveau plutôt bas sur longue période », selon Yves Jauneau, chef de la division synthèse et conjoncture du marché du travail de l'Insee. Il reste ainsi « nettement au-dessous » de son pic de mi-2015 (-3,1 points), rappelle l'institut de statistiques.

Sur le trimestre, il augmente de 0,7 point pour les 15-24 ans, à 17,6%, presque à son niveau d'un an auparavant (-0,1 point). Pour les 25-49 ans, il augmente de 0,2 point sur le trimestre et de 0,3 point sur un an, à 6,7%. Enfin, pour les 50 ans ou plus, le taux de chômage est stable sur le trimestre et sur un an, à 5,1%.

64.000 chômeurs de plus

En outre, le nombre de chômeurs, au sens du Bureau international du travail (BIT), a progressé de 64.000 à 2,3 millions de personnes, relève dans un communiqué l'Institut national de la statistique et des études économiques. Quant au taux de chômage de longue durée (au moins un an), il est également stable sur le trimestre, à 1,8% de la population active.

Enfin, le « halo autour du chômage », soit les personnes désirant retourner sur le marché de l'emploi mais qui ne sont pas considérées comme chômeuses par le BIT (chercher effectivement un emploi et être disponible pour en prendre un), augmente, lui, « légèrement » sur le trimestre (+39.000) et nettement sur un an (+164.000), selon l'Insee. Deux millions de personnes sont concernées.

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Début d'une tendance ou hausse ponctuelle ?

Pour rappel, le taux de chômage était resté quasiment stable au deuxième trimestre, à 7,2% de la population active en France (hors Mayotte) contre 7,1% au premier trimestre. On observait, en effet, « plusieurs trimestres de relative stabilité depuis 2022 et une baisse plus longue, quasi ininterrompue entre 2015 et 2022 », a souligné Yves Jauneau, estimant qu'« il faudra attendre quelques trimestres pour voir si cette légère hausse se confirme, pour voir si c'est le début d'une tendance ».

De son côté, le ministre du Travail Olivier Dussopt a admis que l'« on pouvait s'attendre à une telle hausse compte tenu du ralentissement de l'économie mondiale ». Dans un message transmis à la presse, il a ajouté rester « entièrement mobilisé » face à cette augmentation qu'il espère « ponctuelle », soulignant que « si l'emploi connaît une pause ce trimestre », les tensions de recrutement « restent vives dans l'économie ».

Mais pour Mathieu Plane, de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), on est bien « dans une phase de début d'inversion de la courbe du chômage dans le mauvais sens ».

Des projections revues à la hausse

Alors que l'emploi était « très très dynamique depuis près de trois ans », l'OFCE prévoit une réduction des volumes dans les trimestres à venir, accompagnée d'une hausse du chômage, sur fond notamment de croissance « poussive » ou de « hausse de coûts de production », a-t-il rappelé. L'organisme avait indiqué mi-octobre s'attendre à une remontée du taux de chômage, à 7,4% fin 2023 et 7,9% fin 2024.

L'Insee avait, elle aussi, déjà prévenu mi-octobre que le taux de chômage en France devrait enregistrer une « légère hausse » au second semestre à 7,3% « après s'être situé depuis près d'un an autour de 7,1-7,2%, soit son niveau le plus bas depuis 1982 », en rappelant que cela ne tient pas compte de la « baisse en trompe-l'œil » pendant le premier confinement de 2020.

La Banque de France estime également que le chômage devrait remonter progressivement jusqu'à 7,8% en 2025, restant toutefois en deçà de son niveau pré-Covid. « Atteindre le plein emploi, c'est-à-dire passer de 7% à moins de 5% de chômage, ne peut être immédiat en raison du ralentissement actuel. Mais c'est réaliste d'ici quelques années », estimait son gouverneur, François Villeroy de Galhau, mi-septembre.

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Côté salaires, l'Insee a pu souligner que « malgré le ralentissement récent des prix à la consommation, le salaire moyen par tête (SMPT) continuerait d'évoluer à un rythme soutenu, compte tenu de la prise en compte de l'inflation passée dans les renégociations salariales et du versement, surtout en fin d'année, de la prime de partage de la valeur. »

L'emploi salarié du privé tient le cap

Du côté de l'emploi salarié du secteur privé, l'Insee avait indiqué début novembre qu'il était « quasi-stable » au troisième trimestre, avec la destruction de seulement 17.700 postes (-0,1%). Il s'agit du deuxième trimestre de quasi-stabilité (+0,1% au trimestre précédent), après plusieurs en nette augmentation en 2021 et 2022. L'emploi salarié privé excède de 0,7% son niveau d'un an auparavant (soit 138.800 emplois supplémentaires) et celui d'avant la crise sanitaire (fin 2019) de 6,0% (+1,2 million d'emplois).

L'intérim, boussole du marché de l'emploi, baisse pour le troisième trimestre consécutif. Ce secteur baisse de 1,9% (-15.300 emplois), après -0,5 % au deuxième trimestre (soit 4.300 emplois en moins) et -2,5 % au premier trimestre (-20.400 emplois). L'emploi intérimaire est légèrement au-dessous de son niveau d'avant la crise sanitaire (-0,5%).

Croissance française en berne

Début novembre, l'Insee a aussi confirmé le ralentissement de la croissance française, à 0,1%, contre +0,6% au deuxième trimestre. L'exécutif n'a pas tardé à réagir à ce mauvais chiffre. Bruno Le Maire a ainsi salué une économie française qui « se tient » au troisième trimestre. Assurant avoir « tenu ses objectifs de croissance pour 2023 », le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a estimé cette semaine que le recul de l'inflation devrait permettre au gouvernement d'atteindre également ses objectifs en 2024, compris pour le moment dans une fourchette de 1,4 à 1,6%.

(Avec AFP)