La pression va-t-elle redescendre sur le marché de l'emploi ? C'est ce que laisse penser les derniers chiffres publiés par Prism'emploi, la fédération de l'intérim. Le secteur a, en effet, enregistré une baisse moyenne de 2,7% depuis le début de l'année 2023.
En 2022, « la croissance avait été au rendez-vous », mais à l'issue du premier semestre 2023, « cette embellie en ce qui concerne notre secteur est terminée », a déclaré Gilles Lafon, président de Prism'emploi, lors d'une conférence de presse ce mercredi. Il a notamment mis en avant « le défi » posé par les « incertitudes » en matière de croissance.
Sur les quatre premiers mois de l'année, l'emploi intérimaire, souvent considéré comme une boussole du marché de l'emploi, a représenté 740.000 équivalents temps plein (ETP), « en baisse de 2,7% par rapport à la même période de 2022, soit environ 20.000 ETP de moins en un an », selon Prism'emploi.
Le marché du travail devrait se tendre
Par secteur, seule l'industrie connaît « une légère progression depuis le début de l'année » (+0,4%), tous les autres enregistrant « un recul ». Celui-ci est « très net dans les secteurs directement liés à la consommation des ménages », comme le commerce (-8,8%), a-t-elle poursuivi.
La « tendance baissière » devrait se poursuivre en mai et juin, a estimé Isabelle Eynaud-Chevalier, déléguée générale de l'organisme qui représente plus de 90% du secteur du travail temporaire. Ce recul contraste avec les tensions toujours plus fortes sur le marché du travail. Dans sa dernière livraison de référence sur l'emploi et le travail dévoilée le 29 juin, l'Insee a dressé un portrait optimiste du marché du travail en 2022.
« L'année a été marquée par une forte hausse de l'emploi. 1,5 million d'emplois ont été crées en deux ans », a déclaré Vladimir Passeron, chef du département de l'emploi lors d'une réunion avec des journalistes.
Le taux d'activité s'est établi à 73%, soit un niveau inédit depuis 1975. Le taux de chômage rapporté à la population active est descendu à 7,3% à la fin de l'année. Mais à l'image du retournement de tendance vécu par l'intérim, l'emploi pourrait connaître des périodes plus difficiles dans le futur.
Améliorer les conditions de travail
Pour redynamiser le marché de l'intérim et attirer les travailleurs, la fédération souhaite s'attaquer au sujet de la santé au travail. Gilles Lafon a jugé « inacceptable » que les intérimaires soient surexposés aux risques d'accident de travail.
« Sur 650 accidents du travail mortels, notre profession en a déploré 55 à elle seule » en 2021, soit « presque 9% », a-t-il relevé, en mettant en avant les actions de prévention.
Prism'emploi a aussi insisté sur l'emploi des seniors, alors que les plus de 50 ans ne représentent à l'heure actuelle qu'environ « 13% de la population intérimaire ». Pour l'améliorer, la fédération suggère notamment de créer un motif de recours spécifique, voire de créer un CDI) senior qui « pourrait bénéficier d'un coup de pouce de l'État », à l'image des emplois francs pour les quartiers prioritaires.
(Avec AFP)