En France, l'activité manufacturière continue de se détériorer

Par latribune.fr  |   |  607  mots
L'activité a particulièrement souffert dans les secteurs des biens intermédiaires et d'équipement, celui des biens de consommation ayant été davantage épargné (Photo d'illustration). (Crédits : Reuters)
L'activité manufacturière française a connu « la plus forte détérioration de la conjoncture » en décembre, selon l'agence S&P Global. Cette dernière a publié son indice PMI ce mardi. Il s'affiche en repli en dessous de 50, à 42,1 en décembre contre 42,9 en novembre.

L'année 2023 termine sur une note négative. L'activité manufacturière française a continué de se détériorer en décembre, selon l'indice PMI publié ce mardi par l'agence S&P Global et la Hamburg Commercial Bank (HCBO). Il s'est en effet replié de 42,9 en novembre à 42,1 en décembre, se maintenant nettement sous le seuil de 50 qui démarque les zones de contraction et d'expansion de l'activité. Il enregistre « la plus forte détérioration de la conjoncture » du secteur depuis mai 2020, selon S&P qui précise que cette nouvelle baisse vient de « fortes contractions » de la production et des nouvelles commandes.

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L'agence note que l'activité a particulièrement souffert dans les secteurs des biens intermédiaires et d'équipement, celui des biens de consommation ayant été davantage épargné.

« L'industrie manufacturière française est prise dans une spirale baissière. Le resserrement des conditions financières et la hausse des prix ont pesé sur la demande, entraînant une chute des nouvelles commandes, de la production et de l'emploi », a commenté Norman Liebke, économiste à la HCBO, dans un communiqué.

L'industrie dans un goulot d'étranglement

Pour expliquer la baisse des nouvelles commandes, S&P, qui a interrogé quelque 400 entreprises manufacturières du 6 au 15 décembre 2023 affirme que 39% des entreprises interrogées ont signalé un repli de la demande. La faute à une dégradation de la conjoncture dans le bâtiment, l'industrie automobile et l'aéronautique. La concurrence étrangère a également été mentionnée.

A noter aussi, les prix de vente, ayant augmenté en 2023 ce qui a permis à de nombreuses entreprises de maintenir leurs marges, ont reculé en décembre grâce à la diminution des coûts de production, dans le sillage du repli des cours des matières premières. Pour les douze prochains mois, les fabricants interrogés continuent toutefois de se montrer pessimistes, 32% anticipant un recul de leurs niveaux de production.

« L'enquête signale des perspectives d'activité moroses pour l'année 2024, le pessimisme des entreprises s'expliquant par le risque de contraction économique et de baisse prolongée de la demande », a souligné Norman Liebke.

En conséquence, les entreprises ont réduit leurs effectifs pour le septième mois d'affilée. Et cette dynamique pourrait bien s'amplifier dans les mois à venir.

Hausse du chômage à venir

Après avoir atteint un point bas au second trimestre à 7,2%, le taux de chômage au sens du Bureau international du travail (BIT) a commencé à remonter au troisième trimestre pour s'établir à 7,4%. Le chômage pourrait continuer de grimper en 2024 (7,6%) et en 2025 (7,8%), selon les dernières prévisions de la Banque de France, publiées le 19 décembre. Après plus de 300.000 créations nettes d'emplois en 2023, l'économie française commencerait à détruire des postes en 2024 (-36.000) et en 2025 (-48.000).

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Les économistes s'attendent à des destructions de postes, en raison du ralentissement de l'activité. Mais aussi de la fin des aides Covid et de moindres subventions à l'embauche d'apprentis. Après la pandémie, la croissance de l'emploi a souvent dépassé celle de la richesse produite en France. Au final, la productivité, c'est-à-dire la valeur ajoutée produite par salarié, a reculé en France. La Banque de France table sur de nouveaux gains de productivité. Mais les prévisions montrent que la courbe est très loin de retrouver son niveau pré-Covid, même à l'horizon 2025. Une mauvaise nouvelle pour l'économie tricolore.

(Avec AFP)