L'optimisme ne sera pas forcément au rendez-vous des fêtes de fin d'année. Empêtrée dans une stagnation à rallonge, l'économie française peine à retrouver des couleurs. L'activité tricolore devrait échapper de justesse à la récession fin 2023. Mais les moteurs de l'économie sont clairement à l'arrêt. L'inflation continue de peser sur la consommation des ménages et les entreprises sont asphyxiées par la hausse des taux.
Et bien que la Banque centrale européenne (BCE) ait annoncé une pause dans le durcissement de la politique monétaire lors de sa dernière réunion, les effets de la remontée des taux décidée à l'été 2022 risquent de se propager pendant encore de longs mois à l'économie.
Dans ce contexte troublé, le moral des dirigeants est au plus bas selon la dernière grande consultation des entrepreneurs réalisée par OpinionWay pour CCI France, La Tribune et LCI. L'indicateur qui mesure l'optimisme des dirigeants d'entreprise a plongé au mois de décembre pour atteindre son second niveau le plus bas (77) de l'année 2023. Entre juin et septembre, le moral des patrons a chuté de près de 20 points passant de 96 à 74. Depuis, il ne s'est vraiment jamais redressé.
60% des dirigeants ont moins investi en 2023
L'un des résultats frappant de cette enquête est que 58% des patrons ont moins investi ou renoncé à investir en 2023. Dans le détail, ils sont 61% dans l'industrie et 60% dans les services contre 57% dans le commerce et 54% dans la construction. Le durcissement des conditions d'accès aux crédits et le manque de perspectives à moyen terme ont incité les chefs d'entreprise à appuyer sur le frein de l'investissement. Confrontés à la hausse des taux, 37% des dirigeants affirment avoir plus de difficultés à financer leur activité à court terme.
Parmi les autres conséquences notables figurent les projets d'embauche à l'arrêt. 18% des entreprises déclarent avoir moins recruté ou renoncé à embaucher en raison de l'augmentation des taux. Dans la construction, un chef d'entreprise sur cinq a revu ses ambitions de recrutement à la baisse. Il faut dire que le secteur traverse une crise brutale depuis la guerre en Ukraine. Entre les difficultés d'approvisionnement, la flambée des prix de l'énergie et des matières premières et l'effondrement des commandes, la construction est dans un état de léthargie.
Des retards de paiement plus fréquents pour la moitié des dirigeants
Interrogés sur l'évolution des retards de paiement, 50% des patrons affirment qu'ils ont constaté une hausse en 2023 par rapport à 2022. Dans la construction (56%) et les services (54%), les tensions sont plus fréquentes. Quant à l'industrie (46%) et au commerce (40%), les directions sont relativement davantage épargnées par ce fléau. Ces retards de paiement peuvent avoir des conséquences en cascade néfastes.
Au total, 83% des dirigeants concernés indiquent que ces retards ont un impact sur leur trésorerie. À l'opposé, seuls 16% soulignent que ce phénomène n'a aucune répercussion sur leur résultats. Par taille d'entreprise, ce sont principalement les plus petites qui sont exposées (83%). Quant aux établissements de plus de 50 salariés, ils sont 72% à déclarer que ces retards de paiement affectent leurs comptes. De fortes turbulences pourraient ressurgir en 2024.
(*) Méthode : Étude réalisée auprès d'un échantillon de 1020 dirigeants d'entreprises comptant au moins un salarié. L'échantillon a été interrogé par téléphone du 5 au 15 décembre. La représentativité de l'échantillon a été assurée par un redressement selon le secteur d'activité et la taille, après stratification par région d'implantation.