La désinflation devrait s'accélérer dans les prochains mois. Après avoir atteint un pic en 2022 (5,9%), l'indice des prix harmonisé (IPCH) devrait légèrement fléchir en 2023 (5,7%) et chuter en 2024 (2,5%). L'inflation devrait atteindre un niveau inférieur à 2% en 2025 (1,8%), prévoit la Banque de France dans ses dernières projections économiques dévoilées ce mardi. Au plus haut en 2022, les prix de l'alimentaire et des produits manufacturés ont marqué le pas ces derniers mois. Du côté de l'énergie, les prix ont également ralenti, même s'ils ont subi des hausses spontanées liées aux tensions géopolitiques ou à l'augmentation des tarifs réglementés de l'électricité du mois d'août dernier.
« Ce n'est pas seulement une prévision, c'est un engagement : nous allons ramener l'inflation vers 2% d'ici 2025 au plus tard », a martelé le gouverneur, François Villeroy de Galhau, sur l'antenne de France Inter ce matin.
Le resserrement brutal de la politique monétaire de Banque centrale européenne (BCE), acté à l'été 2022 a fait baisser les prix dans toute la zone euro. La dernière réunion des gouverneurs de l'institution a laissé présager une pause dans l'évolution des taux en 2024. Il reste, toutefois, beaucoup d'incertitudes sur le calendrier des baisses.
« Le processus de désinflation va prendre du temps et va certainement limiter la marge de manœuvre des banques centrales pour entamer un cycle de baisse des taux agressif », estime Christopher Dembik, économiste chez Pictet AM.
Une désinflation sans récession, mais...
S'agissant de la croissance, la Banque de France a très légèrement révisé à la baisse sa projection pour 2023 à 0,8%, contre 0,9% auparavant, en raison d'un troisième trimestre dans le rouge. Pour 2024, l'institution bancaire table sur une hausse similaire à 0,9%. «Le mouvement de désinflation se fait sans récession », a souligné Olivier Garnier, directeur général de la Banque de France lors d'un point presse. La désinflation n'a pas entraîné jusque-là de récession technique correspondant à deux trimestres consécutifs en repli.
Après un troisième trimestre négatif (-0,1%), la croissance du PIB devrait faire du surplace au dernier trimestre 2024 (0%). L'économie française est néanmoins très loin de montrer des signaux optimistes. Les moteurs de la demande sont clairement en panne. L'investissement des ménages sous l'effet de la hausse des taux a reculé en 2023 à -3,6%. Quant à la consommation, elle n'a augmenté que de 0,7%.
En 2023, l'inflation a continué de lourdement peser sur les salaires des Français. Dans le secteur privé, le salaire réel par tête, en tenant compte de l'inflation, a reculé de plus de 1%. A l'exception du Smic, les salaires du secteur marchand ne sont plus indexés sur l'inflation depuis la fin des années 1970 dans l'Hexagone. Et si les primes et les négociations annuelles obligatoires (NAO) permettent parfois de donner un coup de pouce aux salariés, elles sont loin de compenser l'envolée des prix.
... Une hausse du chômage
Sur le front de l'emploi, les mauvaises nouvelles s'enchaînent. Après avoir atteint un point bas au second trimestre 7,2%, le taux de chômage au sens du Bureau international du travail (BIT) a commencé à remonter au troisième trimestre pour s'établir à 7,4%. Le chômage pourrait continuer de grimper en 2024 (7,6%) et en 2025 (7,8%), selon les prévisions de la banque centrale. Après plus de 300.000 créations nettes d'emplois en 2023, l'économie française commencerait à détruire des postes en 2024 (-36.000) et en 2025 (-48.000).
Les économistes s'attendent à des destructions de postes, en raison du ralentissement de l'activité. Mais aussi de la fin des aides Covid et de moindres subventions à l'embauche d'apprentis. Après la pandémie, la croissance de l'emploi a souvent dépassé celle de la richesse produite en France. Au final, la productivité, c'est-à-dire la valeur ajoutée produite par salarié, a reculé en France. La Banque de France table sur de nouveaux gains de productivité. Mais les prévisions montrent que la courbe est très loin de retrouver son niveau pré-covid, même à l'horizon 2025. Une mauvaise nouvelle pour l'économie tricolore.