La croissance américaine s’envole, les craintes de récession s’éloignent

Le Produit intérieur brut des Etats-Unis a augmenté de 5,2% sur un an au troisième trimestre 2023, selon la deuxième estimation du département du Commerce, publiée mercredi.
La croissance des Etats-Unis a été plus forte au troisième trimestre qu'initialement annoncé, à 5,2% en rythme annualisé, selon la deuxième estimation du département du Commerce, publiée mercredi.

L'Amérique ne connaît pas la crise. La croissance des Etats-Unis s'est établie à 5,2% au troisième trimestre en rythme annualisé, selon la deuxième estimation du département du Commerce, publiée ce mercredi. Il s'agit d'une augmentation du Produit intérieur brut (PIB) plus forte que celle affichée dans la première estimation, à 4,9% et surtout d'un doublement par rapport au trimestre précédent. Le très bon chiffre du troisième trimestre a même dépassé le consensus des analystes qui tablaient sur 5% selon MarketWatch.

À noter que les États-Unis privilégient la croissance en rythme annualisé, c'est-à-dire la croissance qui serait atteinte sur l'année entière à ce rythme. D'autres économies avancées comparent simplement chaque trimestre au précédent, ce qui donne 1,3% pour les Etats-Unis au 3e trimestre (contre 1,2% publié lors de la première estimation).

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Reste que cette croissance est très importante et a même surpris par sa vigueur. A l'origine de ce dynamisme : des ménages qui ont continué de dépenser, alimentant ainsi le principal moteur de l'économie américaine. Il leur a toutefois fallu consacrer une large part de leur budget aux dépenses en électricité, soins de santé et médicaments, services financiers et assurances. Ils ont aussi acheté des équipements informatiques, et voyagé.

Pour l'économiste Patrick Artus, interrogé par La Tribune, la résilience de l'économie américaine « s'explique par trois raisons : la mise en place d'une politique budgétaire expansionniste, la progression rapide des investissements, notamment étrangers, sur le sol américain, et le maintien de la consommation des ménages américains qui désépargnent ». A l'inverse, « la croissance de la zone euro est nulle et la consommation des ménages moindre. L'économie européenne est donc plus fragile », affirme-t-il.

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L'Europe dans une situation plus difficile

Alors que les Etats-Unis devraient obtenir une croissance de 2,4% sur l'ensemble de l'année 2023 d'après le dernier rapport de l'OCDE publié ce mercredi, la France devrait voir son PIB augmenter de 0,9%. Au niveau européen, l'économie est morose. La Commission européenne a abaissé le 10 novembre ses prévisions de croissance à 0,6% en 2023. Une prévision partagée par l'OCDE.

Certaines économies connaissent même déjà une chute de leur croissance. C'est le cas de l'Allemagne qui, après avoir vu son important secteur manufacturier être touché par la crise énergétique, a enregistré une chute de 0,1% de son PIB au troisième trimestre 2023, selon l'estimation définitive de l'institut allemand des statistiques. L'OCDE table de son côté sur une croissance de -0,1% pour le pays cette année.

2024 devrait être plus compliquée

De son côté, le Fonds monétaire international annonçait une croissance mondiale de 3% en 2023, dans sa publication du 10 octobre. « Nous avons une économie mondiale qui continue à récupérer de la pandémie et la guerre en Ukraine, et dans le même temps une croissance qui reste faible en comparaison historique. Nous observons également des divergences grandissantes », a déclaré lors d'un point presse en ligne le chef économiste du Fonds, Pierre-Olivier Gourinchas.

Les Etats-Unis semblent donc sortir grand gagnant de la croissance en 2023. Mais cette dernière pourrait néanmoins ralentir en 2024, à cause des mesures prises par la banque centrale américaine (Fed) pour juguler la forte inflation. Pour rappel, les taux se situent actuellement dans la fourchette de 5,25 à 5,50%, depuis juillet. La Fed les a laissés à ce niveau lors de ses réunions de septembre et novembre, afin de ne pas peser trop fort sur l'activité économique. Problème, les pleins effets des hausses de taux mettent parfois plus d'un an à se faire sentir entièrement dans l'économie réelle.

D'autant, que, si le maintien des taux à ce niveau est le scénario principal pour la prochaine réunion qui aura lieu les 12 et 13 décembre, une nouvelle hausse n'est néanmoins pas définitivement exclue. L'OCDE table sur une croissance de 1,5% pour le pays de l'oncle Sam en 2024.

(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 29/11/2023 à 19:13
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Pour Patrick Artus, la résilience de l'économie américaine🤣 [s'explique par trois raisons : la mise en place d'une politique budgétaire expansionniste (ben voyons alors l'impact sur la dette fédérale: 23 250 milliards de $ en 2019; 29 476 milliards d...

le 30/11/2023 à 12:31
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@Raymond: Qui veut la fin veut les moyens. Pour le prix, on verra plus tard... ou après moi le déluge!

à écrit le 29/11/2023 à 18:16
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Aux Etats Unis quand on travaille on est payé et on peut consommer, l'argent et les américains c'est une histoire particulière, ils adorent dire qu'ils gagnent beaucoup mais également n'hésitent pas à dire qu'ils ont tout perdu avec la même fierté pr...

le 29/11/2023 à 23:08
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Il faut ajouter qu'en Europe et en particulier en France, échouer est parfois gravissime, ce qui fait grossir l'Etat vu que du fait de l'ouverture de notre marché interne, la probabilité d'échouer est mécaniquement plus élevée qu'à l'époque où bien d...

le 30/11/2023 à 7:41
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L'économie numérique et internet a accéléré ce déclin économique européen reposant sur une trop grande compromission entre politiciens et hommes d'affaires, une subvention permanente et privilégiée, déjà bien amorcé avec la délocalisation de nos entr...

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