Face à l'automatisation, l'OCDE déplore un déficit de formation

Par Grégoire Normand  |   |  672  mots
(Crédits : Reuters/Fred Thornhill)
Seuls 40% des adultes suivent une formation professionnelle chaque année dans les pays développés selon un nouveau rapport de l'OCDE. En France, cette proportion est encore plus faible (32%).

L'automatisation, le vieillissement de la population et la mondialisation devraient encore entraîner des bouleversements majeurs dans le monde du travail. Dans son dernier rapport intitulé "des systèmes de formation pour adultes prêts pour le futur", l'OCDE affirme qu'il est "urgent de moderniser le système de formation". Pour Stefano Scarpetta, directeur de la division de l'emploi, "on est passé d'un concept de la profession à un concept de la tâche [...] Il y a urgence à investir dans la formation à cause du risque d'automatisation", a-t-il rappelé lors d'un atelier organisé mardi 12 février.

D'après l'institution internationale basée à Paris, "les analyses les plus récentes donnent à penser que près d'un emploi sur sept risque d'être totalement automatisé et près de 30% pourraient subir des transformations". Si les chiffres et les méthodes utilisés pour chiffrer le nombre d'emplois menacés par l'automatisation ne font pas l'unanimité,  beaucoup de spécialistes s'accordent à dire que le contenu des emplois et les compétences requises devraient massivement évoluer.

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60% des adultes ne se forment pas

Le déficit de formation professionnelle est particulièrement alarmant dans les pays développés. Selon les chiffres issus de l'évaluation des compétences des adultes (PIAAC), seuls 41% des adultes participent à une activité de formation. A l'inverse, près de la moitié des adultes ne suivent pas de cursus spécifique pour se former. Interrogés sur les possibles raisons, les répondants indiquent "qu'aucune formation ne leur convient, qu'ils ne sont pas motivés ou qu'il sont découragés par les obstacles à surmonter". Sur les 11% qui souhaitent se former, une bonne partie des répondants évoquent le manque de temps lié aux obligations professionnelles (29%) ou familiales  (16%), le manque de moyens financiers (16%), des horaires ou des lieux de formation qui ne conviennent pas (12%) et le manque de soutien de part de l'employeur (7%).

Parmi ceux qui ne se forment pas, les adultes défavorisés sont surreprésentés. Ainsi, "les adultes peu qualifiés ont une probabilité inférieure de 23 points de pourcentage à celles des adultes moyennement ou hautement qualifiés de se former". D'autres publics manquent également de formation tout au long de leur parcours. Il s'agit des personnes les plus âgées, des travailleurs à bas salaires ou des intérimaires.

Un manque de formations de qualité

Outre une faible proportion d'adultes ayant suivi une formation, le rapport de l'OCDE signale qu'une partie non négligeable des personnes interrogées ne semble pas satisfaite par les apprentissages proposés. Selon l'enquête du PIAAC, seulement la moitié des adultes estiment que leur formation a été très utile pour leur métier.

"Aujourd'hui, trop d'adultes ne sont pas complètement satisfaits de la formation qu'ils suivent". Les auteurs du rapport déplorent ainsi que "le suivi et l'évaluation, sont encore insuffisamment développés dans le domaine de la formation professionnelle."

La France en retard

Le système de formation français accuse du retard. D'après le document de l'OCDE, seulement 32% des adultes ont participé à une formation liée au travail. Un chiffre bien inférieur à la moyenne de l'OCDE (41%). Ce constat est encore plus criant pour les personnes peu qualifiées à la base (15%) et les seniors (13%) ainsi que pour les demandeurs d'emplois de longue durée. La formation à distance pourrait être une solution pour améliorer ces résultats mais Stefano Scarpetta note que "seulement 6% des effectifs en France font de la formation à distance en France contre 19% en moyenne dans les pays développés".

Si Mark Keese, le chef de la Direction de l'emploi, du travail et des affaires sociales de l'OCDE reconnaît que "les réformes entamées [par Muriel Pénicaud] vont dans la bonne direction, il faut tout de même attendre la mise en oeuvre". La mise en place de la certification des centres de formation par exemple ne devrait pas se faire avant 2021 rappelle l'équipe de l'OCDE.