Financement du Ségur de la santé : "il manque entre 500 millions et 700 millions", selon la Fédération hospitalière de France

Par latribune.fr  |   |  511  mots
"A six mois de l'élection, on ne voit clairement aucune vision, aucun grand récit pour le système de santé", regrette le président de la FHF. (Crédits : Pixabay)
"Si rien n'est fait, ce sous-financement va s'accroître d'année en année" et "le risque est grand alors que les déficits se creusent, étouffant paradoxalement les établissements publics, a fustigé le président de la Fédération hospitalière de France (FHF).

Six semaines de concertation à l'été 2020 et 33 mesures gouvernementales pour pallier les défaillances de l'hôpital public français, en pleine crise du Covid-19. Mais plus d'un an après ces annonces, pour la Fédération hospitalière de France (FHF), le dispositif est loin d'avoir fait ses preuves. "Il manque à ce stade entre 500 et 700 millions d'euros" pour financer les hausses de salaires "du Ségur de la santé" cette année, a affirmé lundi le président de la Fédération FHF, Frédéric Valletoux.

Au total, pour rappel, de 2020 à 2022, les mesures issues du Ségur se montent à environ 19 milliards d'euros. "Parmi ses 19 milliards d'euros, 9 milliards sont des investissements, 6,5 milliards du désendettement de quelque 1.300 hôpitaux, 1,5 milliard iront aux Ehpad et 2 milliards à la transition numérique", avait pourtant détaillé Jean Castex fin octobre lors d'un tour de France sur le sujet.

Mais pour le président de la fédération le compte n'y est pas encore. "Les enquêtes conduites auprès des établissements montrent clairement qu'il manque à ce stade entre 500 millions et 700 millions d'euros pour financer le Ségur" dans le budget de la Sécurité sociale pour 2021, a déclaré M. Valletoux, en ouverture du salon annuel de la FHF.

Le Ségur de la Santé, qui a produit ses premiers effets sur le budget de la Sécu en 2020, pèsera encore à hauteur de 2,7 milliards d'euros dans le projet de Loi de finances (PLFSS) 2022.

L'essentiel de la facture du Ségur de la santé porte sur la revalorisation salariale des personnels soignants. Une aide qui concerne 2 millions de personnels des hôpitaux et maisons de retraite, publics et privés, pour un total de 10 milliards d'euros par an.

« Aucun grand récit pour le système de santé »

"Si rien n'est fait, ce sous-financement va s'accroître d'année en année" et "le risque est grand alors que les déficits se creusent, étouffant paradoxalement les établissements publics", a-t-il ajouté.

Pour éviter cet écueil, il a souhaité que le prochain quinquennat donne lieu à "deux lois de programmation, l'une pour la santé, l'autre pour l'autonomie", afin de définir "un taux d'évolution minimal des financements des hôpitaux publics".

La première devrait notamment permettre de pourvoir 25.000 postes vacants de paramédicaux, en mettant "les bouchées doubles" sur la formation: "d'ici à 2025", M. Valletoux souhaite ouvrir 25% de places supplémentaires en écoles d'infirmières et près de 50% pour les aides-soignantes.

La seconde fixerait pour objectif "de recruter 100.000 professionnels d'ici cinq ans" dans le secteur du grand âge, ce qui "représente 4,5 milliards d'euros de dépenses supplémentaires".

Des propositions destinées à animer la campagne présidentielle, alors qu'"à six mois de l'élection, on ne voit clairement aucune vision, aucun grand récit pour le système de santé", a-t-il observé. La FHF entend néanmoins inviter tous les candidats à un débat sur le sujet le 17 mars 2022, "date anniversaire du premier confinement".

(Avec AFP)

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