France  : le déficit commercial a atteint un montant colossal en 2023

Par latribune.fr  |   |  930  mots
Le gouvernement parie sur l'atteinte du cap des 200.000 entreprises exportatrices à l'horizon 2030, là où le niveau évolue encore aujourd'hui autour de la barre des 150.000. (Crédits : © 2009 Thomson Reuters)
L'ampleur du déficit commercial français sur les biens pour 2023, dévoilé ce mercredi par les Douanes, s'est affiché à 99,6 milliards d'euros, le deuxième le plus élevé de l'histoire. Le gouvernement reste mobilisé pour pousser les entreprises vers l'internationalisation, pour permettre de dynamiser les exportations françaises.

[Article publié le mercredi 07 février 2024 à 08h52 et mis à jour à 10h09] Les années se suivent et se ressemblent pour la balance commerciale française. Le déficit record de 164 milliards d'euros en 2022 n'est pas battu en 2023 mais, avec 99,6 milliards d'euros, il reste toutefois supérieur aux déficits enregistrés de manière ininterrompue depuis 2002. Il est même le deuxième le plus élevé de l'histoire.

A l'origine de l'amélioration de la balance sur un an : « La baisse du prix du pétrole et le retour à la normale des exportations d'électricité et des importations de biens intermédiaires ». La conjugaison de ces deux facteurs a permis d'offrir du répit aux statistiques françaises l'an dernier, analysait dans une note Stéphane Colliac, économiste pour BNP Paribas.

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Tant pour les hydrocarbures (-29%), pétrole, gaz et gaz naturel liquéfié (GNL), que pour l'électricité (-63%), la baisse des importations a été généralisée. En parallèle, les importations de biens manufacturés se sont aussi inscrites en légère baisse. Dans leur ensemble, les importations françaises ont représenté 731 milliards d'euros, en recul de 7,1% sur une année.

A noter, les exportations françaises ont augmenté à 607,3 milliards d'euros (+1,5%) l'année dernière. Parmi les secteurs les plus dynamiques, l'aéronautique et l'automobile ont vu leurs exportations augmenter de plus de 16% sur un an, les ventes de machines ont progressé de 9%, le textile, les équipements électriques et les parfums ont affiché une forte progression aussi. Les produits agroalimentaires continuent aussi de représenter une part importante des exportations françaises avec 62,7 milliards d'euros l'an dernier (+2,2% sur un an), tout comme la chimie, la métallurgie et la pharmacie. En revanche, le déficit commercial des échanges de voitures en France ne fait que s'accroître. La faute à l'importation massive de voitures électriques qui a été multipliée par vingt depuis 2017.

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Une inversion de la tendance qui prendra du temps

Si l'on se plonge dans le détail des chiffres publiés par les Douanes, ce mercredi, le nombre d'entreprises exportatrices est très scruté, à l'heure où le gouvernement veut les pousser vers l'internationalisation, pour permettre de dynamiser les exportations françaises. Et pour cause, il pourrait devenir le facteur qui inverserait la tendance.

Mais en attendant une meilleure compétitivité des exportations, « le déficit commercial restera aussi probablement important en 2024 », a concédé auprès de l'AFP Laurent Saint-Martin, directeur général de Business France, une organisation qui accompagne les entreprises françaises dans leurs projets à l'international, à quelques heures de la publication des chiffres. « Les retournements de balances commerciales nécessitent d'énormes investissements de capacités de production chez soi et une projection à l'international plus massive », ajoute-t-il, mettant en avant les initiatives françaises en matière de réindustrialisation et d'incitations à s'implanter à l'étranger de la part du gouvernement, qui pourraient porter leurs fruits dans un horizon de dix ans selon lui.

Une « mobilisation totale » en faveur du développement à l'export

Ainsi, mardi, la dixième édition de Bercy France Export, organisée au ministère de l'Economie, a été l'occasion de rappeler « la mobilisation totale » en faveur du développement à l'export, selon Jérôme Fournel, le directeur de cabinet de Bruno Le Maire, malgré l'absence du ministre des Finances de cette réunion rassemblant des entreprises et des représentants de l'Etat, et de celle d'un ministre délégué pour cause de remaniement encore en cours. « Plus de 13.200 entreprises ont été accompagnées en 2023 », soit une progression de 28% sur un an, s'est réjoui le patron de Business France. « C'était loin d'être gagné », a rappelé le dirigeant après deux années de pandémie qui ont mis un coup de frein brutal aux échanges commerciaux et favorisé le repli sur soi.

Membre de la Team France Export (TFE) avec BPI France et les chambres de Commerce et d'industries, Business France a contribué à accompagner 5.000 entreprises sur des salons internationaux l'an dernier, et 2.500 ont bénéficié d'une subvention portée à 30% de leurs coûts pour participer à l'un des pavillons France à l'étranger. Ces résultats ont été favorisés par l'adoption du plan « Osez l'export » en septembre, un dispositif présenté par le ministre délégué au Commerce extérieur, Olivier Becht, assorti d'une enveloppe de 125 millions d'euros pour encourager les envies d'étranger des entreprises.

Du mieux pour les PME

Pour ses promoteurs, ce plan doit encore monter en puissance car plusieurs de ses dispositions n'entrent en vigueur que cette année, à l'instar du Volontariat territorial en entreprise (VTE), une aide à l'embauche, de l'accompagnement personnalisé de 1.000 entreprises lauréates du dispositif France 2030, ou d'une simplification de certaines règles administratives. Avec ces mesures et d'autres, le gouvernement parie sur l'atteinte du cap des 200.000 entreprises exportatrices à l'horizon 2030, là où le niveau évolue encore aujourd'hui autour de la barre des 150.000.

En 2022, les exportations des PME et des ETI se sont ainsi affichées en hausse de 13,7% par rapport à l'année précédente, selon Business France. Il s'agit même de la deuxième année de forte croissance consécutive après l'année 2021 où les exportations des PME et ETI avaient déjà augmenté de 15,9%. Elles ont réalisé 279,2 milliards d'euros d'exportations en 2022, ce qui représente quasiment la moitié des exportations françaises (47%) sur cette année.

 (Avec AFP)