Pétrole : l'Europe, principale victime des attaques des Houthis en mer Rouge

La Russie alerte sur les risques de tension sur le marché pétrolier à cause des attaques des Houthis en mer rouge, qui obligent les tankers à contourner la zone en passant par le Cap de Bonne espérance. Résultat, les capacités disponibles de transport se réduisent entraînant une hausse des prix du fret, ce qui pèse en priorité sur les clients européens. Mais pour le moment, les prix du baril restent stables et l'Opep+ a gardé le statu quo sur son offre à l'issue de sa réunion.
Robert Jules
Le tanker Marlin Luanda, propriété du négociant Trafigura, touché par un missile lancé par les rebelles Houthis à 60 miles nautiques au sud est d'Aden (Yémen) en mer Rouge, le 26 janvier.
Le tanker Marlin Luanda, propriété du négociant Trafigura, touché par un missile lancé par les rebelles Houthis à 60 miles nautiques au sud est d'Aden (Yémen) en mer Rouge, le 26 janvier. (Crédits : Reuters)

Les attaques des rebelles Houthis du Yémen contre les navires en mer Rouge sont en train de modifier le marché du transport maritime. « Cela a changé de manière significative les relations commerciales et les chaînes de transport », confiait jeudi Alexandre Novak, vice-Premier ministre en charge de l'Énergie, dans un entretien télévisé sur la chaîne Rossiya 24.

Le responsable russe alertait sur le fait que « cela joue à la fois sur le coût du fret et le manque de pétroliers ». Au moins 100 tankers ont été détournés de la mer Rouge depuis les premières attaques des rebelles yéménites, ce qui représente 56 millions de barils de brut et autres produits pétroliers, selon une évaluation de l'agence Bloomberg. Cette voie est en effet primordiale pour les hydrocarbures. « En 2023, 7,2 mb/j de pétrole, soit 10% du commerce pétrolier mondial par voie maritime, ont utilisé cette route et le Canal de Suez. 8% du GNL (gaz naturel liquéfié) mondial a transité par la mer Rouge », pointent les experts de l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

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Statu quo pour l'Opep+

Alexander Novak s'exprimait avant la tenue ce jeudi d'une réunion technique de l'Opep+ (partenariat entre les pays membres du cartel et une dizaine d'autres pays dont la Russie), qui s'est conclue par un statu quo quant à son offre. Ses membres ont renvoyé à leur prochaine réunion prévue le 3 avril pour statuer sur leur offre.

L'Opep+ et la Russie en particulier sont attentives à l'évolution de la situation qui pourrait mener ses membres à un assouplissement de la politique des quotas qui restreint la production des membres du partenariat pour maintenir un certain niveau de prix. Alexandre Novak s'est dit prêt, en coordination avec les autres pays exportateurs, à « prendre des décisions si nécessaire » en cas de tensions sur les prix liées aux perturbations des livraisons. La Russie, qui est sous sanctions occidentales et doit composer avec un plafonnement de son prix du baril à 60 dollars, a besoin de revenus pour financer la guerre contre l'Ukraine qu'elle a envahi le 24 février 2022.

En effet, la nécessité de contourner via le Cap de Bonne espérance (Afrique du sud) le continent africain et remonter vers l'Amérique et l'Europe, rallonge le temps de transport de deux semaines à un mois, voire plus selon les destinations. En réquisitionnant plus longtemps les tankers, l'offre de capacités disponibles se réduit par rapport à la demande entraînant une hausse des prix du fret maritime. Ainsi, les livraisons du pétrole produit au Moyen Orient vers l'Europe ont chuté de près de la moitié selon le fournisseur de données Kpler. Elles sont passées de plus de 1 million de barils en octobre à 570.000 barils en décembre, avec des prix du transport majorés de 80% dans certains cas.

Des perturbations qui dureront 6 mois

Paradoxalement, ces phénomènes ne se traduisent pas encore dans les cours du baril. Dans l'après-midi, ce jeudi, celui du Brent évoluait au-dessus de 81 dollars, en hausse de plus de 1%. Celui du WTI, la référence américaine, s'affichait autour de 76,6 dollars, progressant également de 1%. En un mois, ils se sont appréciés respectivement de 7% et 9%.

Les retards de livraison en Europe pourraient mener d'ailleurs à des problèmes pour les industriels et à une hausse des prix.« Il est plus probable que la perturbation du transport maritime (pour l'ensemble des marchandises) en mer Rouge durera au moins six mois, ce qui implique que la hausse des coûts du transport maritime qui en découle persistera et se répercutera sur la chaîne d'approvisionnement. L'impact sur l'indice des prix à la consommation sera faible, et il faudra du temps avant que cela ne devienne évident », indique Ben May, analyste chez Oxford Economics qui estime que cela pourrait ajouter 0,4 point de pourcentage d'inflation en fin d'année pour l'Europe.

Ces tensions géopolitiques sont en effet loin de s'apaiser. Malgré les ripostes militaires des Etats-Unis et du Royaume uni au Yémen sur des bases houthies, la situation est loin de s'améliorer dans la région depuis les attaques terroristes menées le 7 octobre par le Hamas en Israël qui ont conduit à une riposte de l'Etat hébreu sur la bande de Gaza. Ce jeudi, les Houthis ont à nouveau attaqué un navire, prouvant que leur capacité de nuisance reste entière.

Robert Jules
Commentaires 2
à écrit le 02/02/2024 à 7:42
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Ils vont bientôt finir par balancer une bombe atomique rien que pour tenir le cours du pétrole élevé vous allez voir ! Nos dirigeants sont nuls.

à écrit le 01/02/2024 à 19:16
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Ben oui, on se réveille les loulous? 🤪

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