Gilets jaunes : Macron admet "des erreurs" dans la gestion du mouvement

Par Reuters et AFP  |   |  742  mots
Le président français Emmanuel Macron. (Crédits : Max Rossi)
En déplacement en Italie, Emmanuel Macron a reconnu, dans une interview diffusée dimanche 3 mars à la télévision locale, avoir fait, par le passé, des "erreurs" qui expliquent "en partie" la crise des "Gilets jaunes" qui manifestent depuis seize samedis consécutifs en France.

Un début de mea culpa... Tancé par ses détracteurs pour sa propension à ne pas reconnaître ses tords, Emmanuel Macron, en voyage en Italie dimanche 3 mars, a pourtant esquissé un début d'introspection et reconnu "des erreurs" notamment dans la gestion de la crise des "Gilets jaunes""Quand on va trop vite, qu'on est trop rapides ou trop caricaturaux, on fait des erreurs", a estimé le chef de l'Etat dans une interview accordéeé à la chaîne de télévision italienne RAI Uno. "Moi, j'en ai fait d'ailleurs par le passé, c'est une partie de l'explication de la crise", a-t-il admis.

"On ne peut pas laisser les gens qui ont besoin de travailler, de vivre, de bouger, face à une impossibilité de mobilité pour quelque raison que ce soit", a-t-il ajouté. "Il faut les réconcilier. C'est par l'expertise scientifique, par le dialogue, la concertation et par l'innovation."

Une participation moins élevée que la semaine dernière

L'exécutif a été pris de court à l'automne par l'incendie allumé par l'annonce de la hausse de la taxe carbone - abandonnée depuis - dénoncée par les "Gilets jaunes" qui réclament également plus de démocratie participative et de justice sociale.

Lire aussi : Gilets Jaunes : la France de Macron en apesanteur

Face à l'ampleur de ce mouvement hétéroclite, le chef de l'Etat a annoncé début décembre des mesures en faveur du pouvoir d'achat chiffrées à plus de 10 milliards d'euros et lancé un "Grand débat national" en ligne et sur le terrain qui devra déboucher en avril sur des mesures "concrètes". A deux semaines de la fin du débat, la mobilisation des "Gilets jaunes" dans la rue était en léger repli, samedi 2 mars, avec quelque 39.300 manifestants en France contre 46.600 la semaine précédente, selon le ministère de l'Intérieur.

Retisser les liens avec le voisin italien

A l'occasion de cet entretien, le président français a également lancé un vibrant appel à la réconciliation entre la France et l'Italie en annonçant que son homologue italien Sergio Mattarella viendrait célébrer, le 2 mai à Amboise (centre de la France), les 500 ans de la mort de Léonard de Vinci. "Il y a eu des propos excessifs. Il y a des péripéties aujourd'hui. Moi, je pense que ce que nous devons à nos peuples, à notre histoire et à l'Europe, c'est d'aller au-delà", a plaidé M. Macron à propos des tensions entre Rome et Paris qui ont culminé le mois dernier avec le rappel provisoire de l'ambassadeur de France en Italie.

Pour illustrer cela, M. Macron a annoncé qu'il recevrait M. Mattarella le 2 mai à Amboise et à Chambord, deux célèbres châteaux de la Loire, "avec la jeunesse française et italienne". "On parlera d'avenir et d'Europe", a-t-il ajouté. Les deux présidents entendent aller "au-delà des malentendus qui peuvent parfois s'installer dans la vie politique ou économique et qui sont, pour moi, secondaires", a assuré M. Macron, sans jamais mentionner le chef du gouvernement Giuseppe Conte ou aucun autre dirigeant italien. A l'exception d'une question sur la liaison ferroviaire Lyon-Turin - dont il a souligné l'importance -, le président français s'est gardé d'évoquer les sujets qui fâchent comme le soutien des dirigeants populistes italiens au mouvement de protestation des "gilets jaunes" ou la fusion entre les Chantiers de l'Atlantique (ex-STX France) et Fincantieri.

En Italie, l'interview a provoqué la polémique avant même sa diffusion : M. Macron a choisi de répondre à Fabio Fazio, l'une des bêtes noire du vice-Premier ministre Matteo Salvini (extrême droite) et des souverainistes qui le considèrent comme l'archétype du journaliste "bobo". Pendant l'entretien, le président français a aussi cité l'écrivain Roberto Saviano, l'un des critiques les plus virulents de M. Salvini, et fustigé "la simplification du message de certains nationalistes""Aucun pays, aucun en Europe, ni l'Italie, ni la France, ne règlera les problèmes qui sont les siens en s'opposant aux autres pays européens et en se repliant juste sur le plan national", a-t-il insisté. Il a aussi estimé que l'Europe était comme "sur un volcan": "Il y a des gens qui pensent qu'on peut continuer comme des somnambules, comme si de rien n'était, ils seront ensevelis. Moi, j'ai la conscience du tragique (...). Nous avons besoin d'une vraie pensée philosophique complexe et de réinspirer nos peuples".