La France rappelle son ambassadeur à Rome, dénonçant les "attaques" de l'Italie

La France a rappelé son ambassadeur en Italie jeudi 7 février après une série de déclarations "outrancières" de responsables italiens, une rare escalade entre deux pays de l'UE qui cristallise un peu plus les lignes de fracture en Europe à quelques mois des élections européennes. Dans le même temps, le vice-président du Conseil italien Luigi Di Maio a réaffirmé qu'il n'y aura pas de ligne Lyon-Turin tant que le M5S sera au pouvoir.
(Crédits : Reuters)

[Article publié le 08.02.2019 à 9h46, mis à jour à 10h50 avec les déclaration de Di Maio sur la ligne Lyon-Turin]

La querelle diplomatique entre la France et l'Italie s'est brusquement envenimée jeudi 7 février avec la décision de Paris de rappeler son ambassadeur à Rome pour "consultations" - une initiative sans précédent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, à laquelle Rome a répondu par un appel à l'apaisement.

La France dénonce de la part des deux vice-présidents du Conseil italien - Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement 5 Etoiles (anti-système) et Matteo Salvini, leader de la Ligue (extrême droite) - des « accusations répétées » et des « déclarations outrancières » qu'elle juge sans « précédent depuis la fin de la guerre »En janvier, Matteo Salvini avait notamment accusé Emmanuel Macron de « gouverner contre son peuple ».

Paris ne digère pas la visite italienne aux "Gilets jaunes"

Jusqu'ici, Paris avait choisi de ne pas surréagir afin d'éviter la surenchère. Mais la rencontre mardi en France de Luigi Di Maio avec des représentants des "Gilets jaunes" - auxquels il avait déjà publiquement manifesté son soutien début janvier -, a été la "provocation" de trop.

« Avoir des désaccords est une chose, instrumentaliser la relation à des fins électorales en est une autre », déclare Agnès Von Der Mühll, porte-parole du Quai d'Orsay, en faisant référence aux élections européennes à venir.

Les termes de la déclaration émise jeudi par le ministère français des Affaires étrangères sont désormais sans détour :

« Les dernières ingérences constituent une provocation supplémentaire et inacceptable. Elles violent le respect dû au choix démocratique, fait par un peuple ami et allié. Elles violent le respect que se doivent entre eux les gouvernements démocratiquement et librement élus. »

Mais Di Maio assume

Matteo Salvini, qui est également le ministre de l'Intérieur, a répondu dans un communiqué que l'Italie ne cherchait pas de conflit avec la France et marqué sa volonté de "tourner la page", tout en demandant à la France de cesser de refouler les migrants à la frontière et d'héberger des "terroristes" italiens.

Quant à Luigi Di Maio, il a pour sa part rappelé, dans une lettre au Monde ce vendredi, les liens unissant l'Italie au peuple français, "notre ami et notre allié", avant d'expliquer que sa rencontre avec des représentants du mouvement des "Gilets jaunes", était tout à fait légitime.

« Il ne s'agissait pas d'une provocation contre le gouvernement français mais au contraire d'une réunion importante avec une force politique avec laquelle nous avons beaucoup en commun, notamment sur le besoin de démocratie directe afin de donner plus de pouvoir aux citoyens », a-t-il écrit sur Facebook.

Le chef de file du M5S a également rappelé qu'Emmanuel Macron avait à plusieurs reprises critiqué le gouvernement italien parce qu'il ne partageait pas sa vision de l'Europe.

De Beyrouth, Giuseppe Conte a insisté sur la profondeur des liens bilatéraux. « J'aimerais dire que la relation entre l'Italie et la France est ancrée dans l'Histoire et qu'elle ne peut pas être remise en question par des incidents », a-t-il dit lors de ce déplacement officiel. « Je crois que la situation peut être immédiatement réglée », a-t-il poursuivi.

Une situation inédite depuis la fin de la guerre

Ce rappel d'un ambassadeur "pour consultations" est sans précédent entre la France et un voisin européen depuis 1945, tout comme les attaques frontales d'un pays de l'UE envers un autre, apprend l'AFP auprès de source diplomatique.

Si la riposte française est inédite sur le plan bilatéral, elle ne l'est pas au niveau européen. Ainsi la Grèce avait-elle rappelé son ambassadeur en Autriche en 2016 à la suite d'une réunion à Vienne sur la crise migratoire européenne à laquelle elle n'avait pas été conviée.

En 2017, c'est la Hongrie qui avait rappelé son ambassadeur aux Pays-Bas après des critiques contre Viktor Orban.

La France en fait-elle trop ?

Le gouvernement français a démenti ce vendredi 8 février toute volonté de "dramatisation" dans son conflit avec Rome et a appelé l'Italie à s'occuper des intérêts d'un pays "en récession" plutôt que de s'atteler à des "ingérences malvenues". Chez nos confrères de Radio Classique, Nathalie Loiseau, ministre des Affaires européennes, est restée ferme :

« Un membre d'un gouvernement étranger qui vient en France soutenir, non pas un leader politique, mais quelqu'un qui a appelé à la guerre civile, au renversement du président et à un gouvernement militaire, ça n'est jamais arrivé non plus."

Et d'ajouter :

« Il ne s'agit pas de dramatisation, il s'agit de dire "la récréation c'est fini (...) C'est une ingérence malvenue, un geste inamical de la part de gens qui sont censés être des gouvernants, dont la priorité doit être les intérêts des Italiens. »

Et d'enfoncer le clou, en guise de conclusion :

« Ce que je vois aujourd'hui, c'est une Italie en récession, une Italie en difficulté, je ne m'en réjouis pas parce que l'Italie c'est un partenaire important pour la France. »

Pas de ligne Lyon-Turin avant que le M5S sera au pouvoir

La liaison ferroviaire transalpine à grande vitesse Lyon-Turin (TAV) est l'un des nombreux points de discorde qui pèsent sur les relations diplomatiques entre la France et l'Italie. Dans un entretien accordé au quotidien Il Messaggero, le vice-président du Conseil italien Luigi Di Maio a réaffirmé qu'elle ne sera pas construite tant que le M5S sera au pouvoir. Selon lui, le projet "n'a pas d'avenir".

Si l'Italie ne devait pas poursuivre le projet TAV, elle encourrait une pénalité comprise entre 2,8 et 3,5-4 milliards d'euros, selon Il Sole 24 Ore de vendredi. Ces chiffres figurent dans un document qui accompagne une analyse du projet menée par une commission nommée par le ministre italien des Transports, ajoute le quotidien.

Cette analyse coûts-bénéfices du projet, qui n'a pas été rendue publique, a été envoyée par Rome à Paris et à l'Union européenne.

La ligne Lyon-Turin, longue de 270 kilomètres environ, a vocation à être en partie financée par des fonds européens.

Commentaires 40
à écrit le 12/02/2019 à 12:51
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Il y a des messages qui disparaissent. La preuve est faite en ce qui concerne les interventions de certains intervenants.... Cordialement

à écrit le 11/02/2019 à 14:18
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J'insiste, si vous fermiez les commentaires sur ces sujets ça vous donnerait plus de crédibilité que de sélectionner ou pire faire que de la m... en plus vous gagneriez du temps et de l'argent ! LÀ vous allez m'avoir sur le dos.

à écrit le 09/02/2019 à 13:54
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Quels que soient les torts relatifs de Salvini, Di maio et Macron, il n'en reste pas moins qu'on attend du président de la république française un autre comportement. Il n'a ni à provoquer, ni à répondre aux provocations et encore moins susciter d...

le 09/02/2019 à 14:17
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Les Italiens sont libres d'aller et venir en Europe, il n'y a rien à redire, ils peuvent devenir le moteur d'une Europe moins pourrie Nous sommes d'accord avec vous, Macron et le piètre gouvernement Philippe sont lassants, ils nous donnent à...

le 09/02/2019 à 18:07
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Le gouvernement italien devrait éviter de se réjouir trop vite . Manifestement Salvini n'est pas plus doué que Macron pour parler avec les corps intermédiaires (sans compter ses problèmes judiciaires). Il risque fort de croiser bientôt un mouv...

à écrit le 09/02/2019 à 11:35
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Cela va tellement mal en Italie,que leur gouvernement lance des polémiques avec l'étranger pour cacher sa propre médiocrité.Macron ne fait que se défendre.En attendant on est bien mieux chez nous que chez eux!Le populisme mène a la récession,ne l'ou...

à écrit le 09/02/2019 à 10:01
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Comme quoi l'ingérence est inadmissible dans l'UE de Bruxelles? La libre circulation des marchandises, des capitaux et des personnes... Ok, mais surtout pas celle des idées!

à écrit le 09/02/2019 à 9:48
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Un citoyen Italien a bien le droit de venir en France, c'est cela l'europe ; La France est infestée par la mafia et le cancer de la corruption ; Vivement un gouvernement Français sur le modèle des Italiens pour mettre au pas la voyoucratie fina...

à écrit le 09/02/2019 à 8:35
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Achat par Fincantieri des chantiers de l Atlantique : est ce bien raisonnable dans ce contexte ?

à écrit le 08/02/2019 à 21:46
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Macron passe son temps à insulter les français, avec le fameux gitan boxeur, on en est à l'injure raciale. Si marine le pen avait dit la même chose, les médias auraient convoqué les heures les plus sombres de notre histoire ... Quant aux italiens, i...

à écrit le 08/02/2019 à 21:18
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L'Italie est en récession car elle a eu le courage d'arrêter d'accueillir les migrants ; la France serait aussi en récession si elle avait ce courage.

à écrit le 08/02/2019 à 20:05
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Où est l'ingérence dans l'UE de Bruxelles?? Libre circulation des marchandises, des capitaux, des personnes mais surtout pas des idées!!?

à écrit le 08/02/2019 à 19:08
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"..a vocation à être en partie financée par des fonds européens..." voilà de la belle désinformation ! Ça veut dire quoi "en partie" ? La grande majorité des coûts sera supportée par l'Italie et la France.

le 08/02/2019 à 22:23
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Et je vous rappelle même que les fonds européens sont partiellement financés par l'Italie et la France. Sans blague, des fonds européens , c'est de l'argent majoritairement financés par les autres, cet argent là ne se refuse pas. Sauf si après un p...

à écrit le 08/02/2019 à 19:06
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Je vis à cheval entre les 2 pays et je dois dire que Macron n'a ce qu'il mérite. Macron a insulté les italiens après les élections législatives en leur disant (à Rome) que les italiens s'étaient trompés et qu'il comptait sur Materella le président h...

le 08/02/2019 à 23:04
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" Le rejet à Ventimille des migrants vers l'Italie" Et à Calais, les anglais laissent passer?

à écrit le 08/02/2019 à 17:58
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Le gouvernement a raison, c'est la définition même de l'ingérence. Les français se débrouillent très bien pour manifester leur colère et les partis politiques en France se sont globalement bien gardé de faire de la récupération politique sur la crise...

le 09/02/2019 à 12:19
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De "l'ingérence" dans ce grand pays qu'est l'UE de Bruxelles, mais vous déraisonnez mon cher!

à écrit le 08/02/2019 à 17:30
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OUI, cette ingérence est inadmissible, comme celle de Macron dans les affaires du Vénézuela.

à écrit le 08/02/2019 à 15:49
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Le gouvernement Italien a parfois insulté la France, mais souvent il n'a critiqué que Macron. Macron confond la France et lui. Il ne peut pas rappeler un ambassadeur pour défendre sa petite personne et son petit parti en période d'élections! ...

le 08/02/2019 à 19:14
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Allez donc vivre dans dans n'importe quel autre pays au monde et vous verrez si on peut défiler et casser tous les WE comme on le fait en France. Y compris d'ailleurs chez vos amis, Russie, Italie, Turquie , ..

le 11/02/2019 à 13:08
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gringo.le président de la République a été démocratiquement élu par une majorité d'électeurs et si les sondages actuels sont conformes il serait aujourd'hui réélu avec 56 % des voix contre M. Le Pen.Ceux qui n'acceptent pas cette réalité sont des ign...

le 11/02/2019 à 15:56
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Vous ne comprenez rien! Mon commentaire n'a rien à voir avec les gilets jaunes, mais avec la dérive autocratique de Macron. Les gilets jaunes sont un fléau qui ne justifient pas une dérive de la démocratie. Donc vivement que la république vi...

à écrit le 08/02/2019 à 15:06
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a mon age j'ai vue des président mais ce que fait macron est grave il cherche la guerre pas possible,mon principe dans la vie c'est on discute et on agit ensuite et il se dit européen et bien non ,on a commis une grossière erreur en mettant un je...

le 08/02/2019 à 17:54
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Papi tu dérailles...... Macron est un bon président tu ne l aimes pas c est ton droit mais c est les votes populistes’ racistes et les gouvernements qui en résultes qui sont une honte pour la France pas l inverse si tu ne vois pas le problème c est s...

à écrit le 08/02/2019 à 15:05
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a mon age j'ai vue des président mais ce que fait macron est grave il cherche la guerre pas possible,mon principe dans la vie c'est on discute et on agit ensuite et il se dit européen et bien non ,on a commis une grossière erreur en mettant un je...

à écrit le 08/02/2019 à 14:37
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quand Macron fustige la "lèpre populiste", il insulte les 25% de français qui votent et vont voter RN aux européennes mais aussi le gouvernement italien. Je préfère un politicien qui agit maladroitement mais ouvertement à un politicien sournois (voi...

le 08/02/2019 à 19:16
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Et il a bien raison de se faire l'écho de ce que pensent 75 % des francais.

à écrit le 08/02/2019 à 14:31
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Le gouvernement a été bien patient avec les dirigeants italiens et le combat politique contre l'extrème droite est nécessaire !Sachant que la France vend de l'électricité à la Suisse qui en exporte en Italie il sera facile de calmer les populistes .U...

le 08/02/2019 à 18:55
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Fort heureusement les intérêts industriels vont reprendre le dessus.Du moins je l'espère.Parce que, pour les Italiens,STX n'a d'intérêt que pour son grand bassin.Des chantiers navals ils en ont 6 + 2 militaires,pour ne parler que de Fincantieri,qui t...

le 10/02/2019 à 0:01
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ONC ;je ne veux pas la guerre mais la France ne peux pas accepter les pitreries des dirigeants actuels de l 'Italie .L' Italie a bénéficié de l 'Union européenne ,comme la France et la posture des dirigeants actuels est stupide .S 'ils veulent contin...

à écrit le 08/02/2019 à 11:47
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J'insiste, si vous fermiez les commentaires sur ces sujets ça vous donnerait plus de crédibilité que de sélectionner ou pire faire que de la m... en plus vous gagneriez du temps et de l'argent ! LÀ vous allez m'avoir sur le dos.

à écrit le 08/02/2019 à 11:43
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l'Italie est un désastre. récession, émigration au plus haut et natalité au plus bas (voir articles Financial Times ou Les Echos d'hier), pauvreté/précarité, sous-investissement, mafia, etc... l'Italie fait partie des pays qui a déclenché les crises...

le 08/02/2019 à 12:56
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ce ne sont pas des "idées", l'ami. ce sont des faits. "qui ont" au lieu de "qui a", je sais.

le 08/02/2019 à 19:14
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Je vois que vous ne connaissez pas l'Italie. L'Italie est multiple. Imaginez l'ile de la réunion avec 16 millions d'habitants pour le budget francais et vous pourrez imaginer ce que représente le sud de l'Italie dans les chiffres de FT et Les échos. ...

le 08/02/2019 à 20:32
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@jeanluc Un peu de lecture? "Riviera nostra : L'emprise des mafias italiennes sur la Côte d'Azur" "La mafia italienne : Des vergers d'agrumes aux marchés globalisés" "Extra pure: Voyage dans l'économie de la cocaïne" "C'era una volta Andreotti. ...

à écrit le 08/02/2019 à 11:37
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"Matteo Renzi, un certain goût pour la casse"https://www.monde-diplomatique.fr/2014/07/LAUDANI/50638

à écrit le 08/02/2019 à 11:35
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Non mais c'est quoi ce fil de commentaires bidons les gars ? Plutôt que de vous vautrer dans l'instrumentalisation, quand un sujet vous dérange imposant de tout bidouiller fermez le ! Vous choisissez votre camp là en validant les commentaires...

à écrit le 08/02/2019 à 10:09
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Macron qui s'est cru le maître du monde est allé donner des "conseils" un peu partout, à tort et à travers. Maintenant, il n'apprécie pas les retours. Sans compter qu'il critique sans compter les Français dès qu'il passe la frontière. Que chacun bala...

le 08/02/2019 à 10:27
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Le problème n'est pas Macron, mais le France, le FN est bien allé se fourrer avec l'extrême droite dans droite pays de l'UE.

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