"Gilets jaunes" : Philippe défendra vendredi les mesures du gouvernement

Par latribune.fr  |   |  868  mots
(Crédits : blocage17novembre.com - Google Map)
A la veille de la journée de mobilisation des "gilets jaunes", Edouard Philippe sera vendredi matin dans l'Essonne pour défendre la prime à la conversion que va renforcer le gouvernement afin d'aider à l'acquisition de véhicules moins polluants, a annoncé Matignon.

Le Premier ministre, accompagné du ministre de l'Écologie François de Rugy, se rendra à l'autodrome de Linas-Montlhéry (Essonne), un circuit d'essais automobiles où l'entreprise Utac Ceram vérifie la conformité des véhicules avec les normes européennes, notamment en matière de pollution.

"A cette occasion, le Premier ministre soulignera l'évolution de la performance écologique des véhicules depuis plusieurs années et reviendra sur les nouveaux dispositifs facilitant l'acquisition de véhicules plus récents, neufs ou d'occasion, qui émettent moins et consomment moins", écrit Matignon dans un communiqué.

Des outils de tests d'émission et de consommations des voitures seront notamment présentés, lors de la visite.

Parmi les mesures d'accompagnement du gouvernement, Édouard Philippe avait notamment annoncé mercredi le doublement du nombre de primes à la conversion d'ici la fin du quinquennat, avec un million de primes financées d'ici 2022, et la mise en place d'une super prime de 4.000 euros pour les foyers modestes ou les gros rouleurs.

L'ampleur des blocages : la grande inconnue

Les "Gilets jaunes" appellent à bloquer routes et points stratégiques samedi à travers le pays lors d'une "mobilisation générale" citoyenne contre la hausse des prix des carburants, que le gouvernement peine à désamorcer. Si plusieurs manifestations prévues samedi ont été déclarées, les autorités craignent un mouvement spontané de bien plus grande ampleur et évoquent un "risque sécuritaire".

"Environ 1.500 actions sont attendues sur le territoire et seulement un peu plus d'une centaine auraient été déclarées", selon une source policière.

"Ce qui est difficile, c'est qu'on n'a pas une organisation syndicale - qui a l'habitude de faire une manifestation - qui l'organise. Par exemple, une manifestation, ça se déclare en préfecture. Là, très peu l'ont déclarée" : dès mardi, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner s'inquiétait ainsi de la difficulté d'encadrer un mouvement qui s'est développé en dehors de tout cadre syndical ou politique.

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Les organisateurs avaient jusque 72 heures avant la journée d'action de samedi pour déclarer leurs manifestations en préfecture, "mais il y a sûrement un peu de souplesse", espère une source policière.

Deux ans de prison, 4.500 euros d'amende et retrait de six points

Plusieurs préfectures ont battu le rappel jeudi auprès des organisateurs, les invitant à se présenter à leurs services pour déclarer les rassemblements, comme la loi l'exige, rappelant la peine encourue pour le délit d'entrave à la circulation : deux ans de prison, 4.500 euros d'amende et retrait de six points sur le permis de conduire.

"C'est compliqué, car c'est un phénomène hétéroclite, il y a des gens de tous les horizons", confirme Christophe Rouget, du syndicat de police SCSI-CFDT.

"Ce sont des gens qui n'ont pas l'habitude des manifestations, qui peuvent ne pas les déclarer. Nos services de renseignement ont un gros travail" à fournir, ajoute-t-il.

À en croire la carte diffusée sur les réseaux sociaux et mise à jour régulièrement par les "Gilets jaunes", plusieurs centaines de rassemblements sont prévus sur l'ensemble de la France, sans que l'on sache toutefois s'il s'agit de blocages ou de manifestations et combien de personnes seront mobilisées.

"C'est un vrai casse-tête. Sans déclarations, les préfets ne peuvent pas faire une demande précise de renforts policiers ni savoir combien de forces de l'ordre sont nécessaires, et où", note une source policière.

CARTE DES BLOCAGES

(source blocage17novembre.com)

"Trente unités de forces mobiles sont mises à disposition des préfets pour intervenir en renfort des effectifs normaux de police et de gendarmerie", précise-t-on au ministère de l'Intérieur, où une cellule de crise sera mise en place samedi en lien avec le ministère des Transports.

"Il y a le problème de la mobilisation policière, mais aussi celui des consignes qui seront données", s'inquiète une autre source au sein de la police. "Est-ce qu'il faudra évacuer les manifestants, au risque que ce soit des familles avec enfants, ou verbaliser ?", s'interroge-t-elle.

La crainte des représailles

Mardi, le ministre de l'Intérieur a prévenu qu'aucun "blocage total" ne serait toléré samedi et que les forces de l'ordre interviendraient si les actions posaient un "risque" pour les interventions de sécurité ou la libre circulation.

"Sur le pourtour de l'étang de Berre, personne n'a fait de déclaration en préfecture", affirme Thierry Marre, porte-parole du mouvement à Istres. "Il faut trois cartes d'identité pour déclarer et les gens ont peur, ils craignent des représailles", ajoute-t-il. Lui-même aurait bien déclaré son rassemblement dans les règles mais "personne ne suit derrière".

À Tarbes (Hautes-Pyrénées), les organisatrices du mouvement ont retiré la demande de manifestation déposée en préfecture, après avoir subi des "pressions de toutes parts" , disent-elles. "Nous risquons de lourdes peines d'emprisonnement ainsi que le dédommagement du manque à gagner", ont-elles justifié, provoquant la colère de manifestants, qui les ont accusées d'être des "collabos" ou de "se faire acheter".

(avec agences)