Glyphosate, suppression de la taxe d'habitation... Macron promet des "décisions très fortes"

Par latribune.fr  |   |  933  mots
Le président de la République Emmanuel Macron. (Crédits : Emmanuel Foudrot)
Emmanuel Macron s'est invité, jeudi soir, dans un débat citoyen organisé dans la Drôme. Le président de la République y a fait plusieurs annonces dont, notamment, la suppression de la taxe d'habitation.

Ce n'était pas marqué dans son agenda. Après une journée marathon dans la Drôme, avec un déjeuner d'au moins 2h30 avec une soixantaine d'élus à Valence (Drôme) et la visite d'un Ehpad, Emmanuel Macron est s'est rendu, jeudi 24 janvier, à Bourg-de-Péage (Drôme) où s'est longuement invité à un débat citoyen à Bourg-de-Péage (Drôme). "Pardon de m'inviter au dernier moment", a-t-il d'ailleurs lancé avant d'évoquer plusieurs sujets, pendant 3h15, micro en main.

Le président s'est, notamment, prononcé sur la suppression de la taxe d'habitation : "Plus personne ne la paiera [...] on la supprimera en trois bouts". Pour justifier cette décision, Emmanuel Macron a expliqué qu'il s'agissait d'un "impôt assez injuste socialement" car il n'est pas indexé aux revenus mais à la taille du logement. Plus tôt dans le mois, Bruno Le Maire le ministre de l'Economie avait déclaré avoir "engagé cette suppression de la taxe d'habitation, il est essentiel qu'elle soit aboutie, que nous allions au bout de cette suppression de la taxe d'habitation." De même, il a confirmé que la réduction à 80 km/h de la vitesse sur les routes allait être réévaluée : il faut "donner de la souplesse au plus près du terrain", a-t-il plaidé, moyen d'ouvrir la porte à un recul au cas par cas.

Sortir du glyphosate en trois ans n'est plus d'actualité

Alors que l'enquête de l'émission Envoyé Spécial consacrée aux glyphosate a eu un certain retentissement au sein de l'opinion publique, Emmanuel Macron, moins consensuel sur ce thème, a déclaré que la France ne parviendrait pas à s'en passer "à 100%" comme il s'y est engagé. "Je sais qu'il y en a qui voudraient qu'on interdise tout du jour au lendemain. Je vous dis : un, pas faisable et ça tuerait notre agriculture. Et même en trois ans on ne fera pas 100%, on n'y arrivera, je pense, pas", a-t-il déclaré, encourageant les "productions alternatives" pour ne plus utiliser cet herbicide. "Et de l'autre côté, il y en a qui ne voulaient pas bouger du tout. On a réussi à faire bouger beaucoup de gens", a-t-il ajouté. Il a rappelé qu'un "contrat de confiance" allait être signé. "On va évaluer et on va aider ceux qui bougent", a-t-il assuré.

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Le débat sur la potentielle dangerosité du glyphosate a été relancé récemment par l'annulation en justice d'une autorisation de mise sur le marché du Roundup Pro 360, herbicide à base de glyphosate. "Il a été montré qu'il y a des doutes. Il n'y aucun rapport indépendant ou pas indépendant qui a montré que c'était mortel", a affirmé Emmanuel Macron. Mais "à partir du moment ou je pense que c'est pas bon, j'ai envie qu'on s'en sépare". "Il y a des secteurs où il y a des alternatives. Il faut au maximum avoir des alternatives non chimiques et en s'organisant autrement", a-t-il plaidé.

Un bonus-malus sur les CDD ?

En novembre 2017, l'Union européenne avait renouvelé son homologation pour cinq ans, mais Emmanuel Macron s'est engagé à le bannir en France d'ici à 2021. "L'Europe voulait nous remettre 15 ans d'autorisation. C'est parce que la France s'est battue qu'on a obtenu cinq ans", pour sortir du glyphosate dans l'UE, a-t-il souligné. Les défenseurs de l'environnement ont critiqué le gouvernement pour avoir refusé d'inscrire dans la loi l'interdiction de ce pesticide alors que quelque 8.800 tonnes de glyphosate ont été vendues en France en 2017.

Par ailleurs, Emmanuel Macron a réaffirmé sa détermination à mettre en place un bonus-malus pour limiter le recours aux contrats courts qui se sont multipliés depuis 20 ans. "Aujourd'hui il y a une  négociation sur toute la réforme du chômage.On a mis la proposition bonus-malus et, moi, je souhaite qu'on aille au bout, branche par branche, parce que c'est vertueux", a-t-il déclaré, cité par Reuters. Le chef de l'Etat a enfoncé le clou, ciblant les secteurs à fort recours aux CDD courts - BTP, hôtellerie, cafés, restaurants - "où il y a parfois besoin des intérims quand il y a un coup de chaud, l'été, l'hiver", à l'inverse d'autres "comme l'automobile ou l'activité est plus lisse".  Pour le président, il faut définir une "norme", "branche par branche" , pour que "ceux qui emploient très peu d'intérimaires prennent tous les gens en CDI", par rapport à la moyenne du secteur aient un bonus. A l'opposé, "ceux qui multiplient les intérimaires" auront un malus, "parce que ce sont des gens qui, quelque part, utilisent le système", a conclut le président.

Macron désarme Wauquiez

En s'affichant au contact des Français, ce qu'il avait rechigné à faire jusqu'à présent, préférant laisser ses ministres monter au front, le chef de l'Etat sait qu'il met ses opposants en difficulté. Quelques heures plus tôt avant cette visite impromptue, M. Macron participait à un déjeuner organisé à Valence, avec une cinquantaine de maires et de parlementaires. Laurent Wauquiez, invité en tant que président (Les Républicains, LR) de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a stigmatisé la « bulle »dans laquelle vivrait Emmanuel Macron.

"Je mets en garde le président de la République : un débat, c'est aller échanger directement avec les Français", avait déclaré le président de LR, enjoignant le chef de l'Etat à dialoguer  "sans filtre" . Une critique devenue caduc avec cette visite impromptue à Bourg-de-Péage.

 (Avec agences)