Quarante-quatre plaintes pour "mise en danger de la vie d'autrui" ont été déposées lundi au tribunal de Foix dans le cadre d'une vaste campagne anti-glyphosate, au vu d'analyses d'urines contaminées par l'herbicide le plus commun.
Ces plaintes nominatives pour "mise en danger de la vie d'autrui", "tromperie aggravée" et "atteinte à l'environnement" s'ajoutent aux huit déjà enregistrées, les premières en France, le 15 juin dernier, devant la même juridiction. Une cinquantaine d'autres devraient être déposées d'ici fin octobre. La procureure de la République de Foix s'est dessaisie du dossier au profit du pôle Santé publique du tribunal de grande instance de Paris, en charge des investigations.
Objectif : une interdiction immédiate
L'objectif est de "parvenir à une interdiction immédiate de ce produit, quitte à gérer une transition avec des moyens financiers pour que les agriculteurs puissent passer à autre chose", explique Dominique Masset, co-président de l'association anti-glyphosate (il a lui-même déposé une plainte au printemps, ndlr).
"C'est le début d'une série qui va concerner toute la France. Nous avons des demandes tous les jours pour agrandir le cercle à travers tout le pays", a assuré le porte-parole, entouré de militants anti-glyphosate sur le parvis du palais de justice.
Lancée au printemps 2018 par le collectif des Faucheurs volontaires, la Campagne Glyphosate vise à rechercher le taux de glyphosate dans les urines des citoyens et à l'issue, à porter plainte contre les fabricants et décideurs qui autorisent ce produit de Monsanto, filiale de Bayer.
Selon l'association ariégeoise, les résultats des quelque 150 premières analyses sont "inquiétants" et révèlent que "la moyenne des taux de glyphosate dans les urines des plaignants est environ 15 fois supérieure au taux maximum autorisé dans l'eau potable".
"Les plaintes visent des individus, Pdg et membres des conseils d'administration des groupes qui fabriquent des pesticides à base de glyphosate comme Bayer-Monsanto, Barclay Chemicals, Adama France, Agrifar. Elles ciblent aussi les décideurs et organismes qui l'ont autorisé, comme le président et les membres de la Commission européenne ou du comité d'appel de la commission", réafirme Dominique Masset.
Limitées sur une période portant sur les deux derniers trimestres de 2017 et sur le premier trimestre 2018, elles visent également la gouvernance de l'Anses, Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail et l'Afsa, son homologue européen.
Les États membres de l'Union européenne ont voté en novembre 2017 en faveur d'une nouvelle autorisation pour cinq ans de cet herbicide, le plus utilisé au monde. En France, alors qu'Emmanuel Macron s'était engagé à une sortie du glyphosate en 2021, les députés ont refusé en mai dernier de l'inscrire dans la loi agriculture et alimentation.
Un jury américain a considéré en août dernier que le Roundup était à l'origine du cancer développé par un agent d'entretien et avait condamné Monsanto à verser 289 millions de dollars de dédommagements.
(avec agences)
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