Immobilier : les prix de l’ancien continuent de s’emballer au premier trimestre

Par Eric Benhamou  |   |  547  mots
Selon l'indice Notaires-Insee, les prix de l'ancien ont progressé de plus de 7 % sur un an. (Crédits : DR)
Selon les données des notaires, les prix de l’ancien ont bondi de 7,5% sur un an. C’est la Province et les maisons individuelles qui soutiennent la hausse alors que les prix à Paris et en région parisienne s’essoufflent. Pour l’instant, la (légère) hausse des taux des crédits immobiliers est sans effet sur le marché de l’ancien.

A ceux qui prédisent un retournement du marché immobilier avec la hausse des taux d'intérêt, les chiffres semblent leur donner tort. Du moins pour l'instant. Alors que la production de crédit immobilier reste dynamique au premier trimestre - même si la part des ménages aisés se renforce au détriment des primo-accédants, selon l'Observatoire du Crédit Logement/CSA - les prix de l'immobilier dans le logement ancien poursuivent leur hausse.

Au premier trimestre 2022, la hausse est même de 7,3%sur un an, selon l'indice des Notaires-Insee, qui fait référence dans le secteur de l'immobilier (et de 1,5% par rapport au quatrième trimestre 2021). Cet indice se fonde sur les ventes effectivement réalisées. La hausse est toujours portée par les maisons individuelles, dont les prix augmentent plus vite que les appartements (+9,3% sur un an contre + 4,7%), et par la Province, alors que l'Ile-de-France donne des signes d'essoufflement.

Les prix de la région autour de la capitale ont ainsi progressé « que » de 2,5% alors que, dans le reste du pays, ils ont grimpé de 9,3%. A Paris, les prix continuent de s'éroder, à un prix moyen de 10.520 euros le mètre carré, mais les transactions ont retrouvé leur niveau d'avant crise sanitaire. Selon les notaires, les prix devraient stables d'ici juillet.

Pas de retournement

Au niveau national, le nombre de transaction, qui avait explosé à la sortie du confinement à la mi 2020, s'est stabilisé, par sur un rythme relativement élevé. Les notaires relèvent ainsi 1,75 million de transactions d'avril 2021 à mars 2022. Si l'on rapporte ce nombre de transactions au stock de logements disponibles, qui augmente d'environ 1 % par an, la proportion de ventes dépasse depuis 2019 le niveau élevé observé au début des années 2000, souligne le communiqué.

Pour les notaires, le constat est clair : le marché de l'immobilier est loin de s'écrouler. Un constat que partage d'ailleurs le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. « Si la hausse des taux s'opère de façon graduelle et ordonnée, comme je pense qu'elle se fera, il n'a pas lieu de craindre de retournement notable sur le secteur », a-t-il indiqué ce matin lors de la présentation du rapport annuelle de l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR).

La BCE a cependant récemment alerté sur les risques de correction du marché immobilier en zone euro, une crainte d'ailleurs déjà soulignée par le superviseur en fin d'année dernière. Mais les situations du marché peuvent sensiblement différer d'un pays à l'autre, avec des hausses plus prononcées dans certains pays, comme les Pays-Bas ou l'Allemagne, ou le poids des crédits à taux variable (en France, la quasi-totalité des crédits sont à taux fixes).

« La dynamique du crédit immobilier reste forte en France », ajoute le gouverneur de la Banque de France, qui écarte ainsi les critiques de certains professionnels de l'immobilier sur les risques d'éviction du marché d'une partie de la clientèle suite à l'application, désormais obligatoire pour les banques depuis le 1er janvier, des règles du Haut Conseil de la Stabilité financière (HCSF) encadrant les conditions d'octroi de crédit. « Toutes les banques appliquent strictement ces règles », précise François Villeroy de Galhau.