Inflation : le budget alimentaire pourrait bondir de 224 euros par personne en 2022

Par latribune.fr  |   |  458  mots
(Crédits : Reuters)
Fraîchement nommé, le nouveau gouvernement va devoir éteindre l'incendie de la hausse des prix qui se concrétise pour les foyers français. Après une année faste pendant les confinements du Covid, les distributeurs devraient faire le choix de répercuter à 75% la hausse des prix pour leur centrale d'achats. Pour l'instant, moins de la moitié de cette hausse des prix de production a été répercutée...

L'inflation record que traverse la France, conséquence de la période post-Covid et de la guerre en Ukraine, commence à se traduire dans les chiffres. La hausse des prix enregistrée aux alentour de +5% (+3,8% sur les prix alimentaires en avril selon l'Insee) font craindre à certains que "le pire est à venir". Concrètement, le coût de l'alimentation pourrait flamber en 2022 de plus de 200 euros par personne en France, avertit l'assureur crédit Allianz Trade dans une étude publiée mardi.

Les répercussions attendues sont telles que le gouvernement tente d'ailleurs de déployer une batterie de mesures (chèque alimentation, limitation des prix, primes...) pour amortir la hausse. Et le ministre de l'Economie Bruno Le Maire d'appeler les entreprises "qui le peuvent" à augmenter les salaires.

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Les distributeurs vont répercuter 75% des surcoûts

Mais pour le quotidien des Français, les faits sont là. "Les prix des distributeurs alimentaires pourraient croître de 8,2%, ce qui engendrerait une hausse des dépenses alimentaires annuelles de 224 euros par personne cette année, pour un total atteignant 2.963 euros", détaille Aurélien Duthoit, conseiller sectoriel chez Allianz Trade.

Par rapport au reste du Vieux Continent, les Français ne seraient pourtant pas les plus mal lotis : la hausse moyenne du budget alimentaire au sein de l'Union européenne s'afficherait ainsi à 243 euros, et les Allemands paieraient même 254 euros supplémentaires en 2022.

Ces estimations se basent sur l'hypothèse que les distributeurs répercutent sur leurs prix de vente 75% de la hausse des prix qu'ils paient aux industriels du secteur agroalimentaire.

Or à l'heure actuelle, moins de la moitié de cette hausse des prix de production a été répercutée sur les consommateurs.

Huiles, farines...

De plus, le conflit, qui oppose la Russie et l'Ukraine, deux grandes puissances agricoles, a déjà eu des conséquences très concrètes sur les prix : les industriels facturent ainsi les huiles et graisses 53% plus cher qu'en 2021. Le coût des farines pour les distributeurs a bondi de 28%, et celui des pâtes de 19%.

Cette hausse n'est pas près de s'arrêter selon Allianz Trade, puisque les distributeurs, sortis de deux années de pandémie "très profitables à leur chiffre d'affaires comme à leur bénéfice", n'ont pas besoin de maintenir coûte que coûte leurs volumes de vente en abaissant les prix.

L'étude est publiée alors que le gouvernement prépare pour la fin juin un budget rectificatif qui devrait notamment aboutir à la distribution d'un chèque alimentaire.

(Avec AFP)

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