Journal de campagne : quand Sapin soupçonne Macron de vouloir faire perdre la gauche !

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  613  mots
Michel Sapin, ministre de l 'Economie et des Finances soupçonne Macron d'avoir pour objectif de "faire perdre la gauche".
La Tribune publie son "journal de campagne" quotidien, reprenant les principaux faits et déclarations des candidats (et de leurs soutiens) à la présidentielle de 2017. Aujourd'hui : Sapin, Sarkozy, Macron, Gaudin

C'est peu de dire que Michel Sapin n'apprécie pas vraiment Emmanuel Macron ! Au lendemain du meeting à Strasbourg de l'ancien ministre de l'Economie, l'actuel patron de Bercy a lâché ses coups sur Europe 1 :

"Il ne peut pas gagner s'il se présente à la présidentielle de 2017(...). Par contre, il peut faire perdre la gauche. Peut-être est-ce son objectif."

Sapin tacle Macron...

Michel Sapin s'est également moqué de la « modernité » d'Emmanuel Macron : "c'est faire du soi-disant neuf avec du vieux, des paroles, des propositions qu'on a déjà entendues. Je peux dire que je les ai déjà entendues en 2007, mais avec plus de talent et parfois plus d'intuition."... Allusion à la campagne de Ségolène Royal, quand, elle aussi, voulait révolutionner le système.

Le ministre de l'Économie et des Finances a également étrillé Emmanuel Macron sur son positionnement, estimant que le fondateur d 'En Marche est une « coquille vide », expliquant sa popularité par son absence de programme. "C'est pratique. Puisque vous n'avez pas de programme, vous ne vous faites pas d'ennemis. Vous êtes simplement avec votre beau sourire."... Ça promet pour la suite, alors qu'Emmanuel Macron doit tenir deux autres meetings en octobre.

... tout comme Sarkozy

Mais, toujours à propos d'Emmanuel Macron - qui doit être ravi de susciter tous ces commentaires - Nicolas Sarkozy n'est pas en reste. Intervenant sur Radio Classique et Paris Première, l'ancien chef de l'Etat s'est lui aussi lâché : "M. Macron fait la leçon, très bien c'est son droit (...). Les "donneurs de leçons, en général ça leur revient dans la figure(...). Celui qui a été nommé par François Hollande et qui mange la main de celui qui l'a nourri, c'est pas un comportement extrêmement novateur" .

Et d'ajouter:

"Qu'a fait M. Macron ? Quelle est la décision qu'il a prise, deux ans ministre des Finances ? Aucune. Qu'a-t-il fait lorsqu'il était le collaborateur de François Hollande ? Préparer la pire politique économique qu'on n' a jamais connue(...). Ca ne correspond à rien du tout. Ca excite le petit monde politico-médiatique qui n'est pas branché avec la réalité de ce que vivent les Français", a-t-il assuré. Ce qui compte pour les Français c'est qu'on parle de ce qu'ils vivent. Et le petit milieu ne parle en aucun cas des problèmes de l'islam, de l'immigration, du chômage". "C'est sur ça que ça se jouera".

Pourquoi une telle saillie ? Parce qu' Emmanuel Macron avait lancé lors de son meeting à Strasbourg : "Peut-on imaginer sérieusement commander aux destinées du pays, se présenter au suffrage du pays, alors qu'on a délibérément dépassé le plafond des dépenses autorisées pour sa campagne ?".

La théorie de Jean-Claude Gaudin

Pour sa part, le sénateur maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, invité de la matinale sur France Inter et soutien de Nicolas Sarkozy, a dit comprendre la campagne très droitière pour la primaire menée par l'ancien président de la République. Si pour lui, "la France doit se gouverner au centre", ceci n'est en rien contradictoire avec le fait de faire une campagne un peu "bourrine" sur sa droite. Il prend ainsi en exemple sa propre expérience de campagnes électorales à Marseille :

« Dans les institutions de la 5e République, c'est bloc contre bloc. Il faut assumer la position politique que l'on a choisie. Il faut tenir le langage clair net et précis. Je pense qu'une fois qu'on gouverne, je le vois bien à Marseille, j'ai toujours gagné à droite et j'ai essayé de gouverner le plus largement possible. J'ai même dans ma majorité des radicaux de gauche. »