L'activité économique se contracte en France pour le troisième mois d'affilée

Par latribune.fr  |   |  968  mots
L'activité dans le secteur des services a diminué pour le troisième mois consécutif, atteignant un plus bas depuis trente mois (Photo d'illustration). (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)
Selon l'indice PMI provisoire publié ce mercredi par l'agence S&P Global, l'indice Flash composite, qui mesure l'activité du secteur privé, s'est établi à 46,6 en août, au même niveau qu'en juillet. Il marque ainsi une nouvelle contraction de l'activité économique en France, tant dans les services que dans le secteur manufacturier.

La France est-elle entrée dans un cercle vicieux ? Pour le troisième mois consécutif, l'activité économique s'est encore contracté en août, selon l'indice PMI provisoire publié ce mercredi 23 août par l'agence S&P Global. L'indice Flash composite, qui mesure l'activité du secteur privé, s'est en effet établi à 46,6 en août, au même niveau qu'en juillet, et un point bas depuis novembre 2020. Une valeur supérieure à 50 est synonyme d'expansion, tandis qu'une valeur inférieure à ce seuil est synonyme de contraction.

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Dans le détail, l'activité dans le secteur des services, secteur dominant de l'économie française, a diminué pour le troisième mois consécutif. Elle atteint même un plus bas depuis trente mois à 46,7 (contre 47,1 en juillet). La baisse de la production manufacturière, qui avait commencé l'été dernier, s'est poursuivie, avec un indice PMI provisoire à 45,8. Dans ce secteur cependant, la contraction est moindre qu'en juillet (44, révisé en légère hausse), et il s'agit d'un plus haut depuis cinq mois.

« Une possible contraction du PIB au troisième trimestre »

S&P Global note également « une nouvelle chute de la demande dans les deux secteurs », avec des taux de contraction supérieurs à ceux de juillet. Les entreprises ont toutefois renforcé leurs effectifs en août, mais avec un taux de création de postes au plus faible niveau depuis janvier 2021. Les entreprises interrogées ont également fait part d'un ralentissement de la hausse des prix en août, avec des taux d'inflation des prix payés et des prix facturés à des plus bas depuis respectivement vingt-neuf et vingt-huit mois.

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« Coincée dans une ornière, l'économie française, deuxième économie de la zone euro, se trouve de nouveau confrontée à d'importantes difficultés en milieu de troisième trimestre », a observé Norman Liebke, économiste à Hamburg Commercial Bank, qui publie l'indice avec S&P Global.

« Contre toute attente, et malgré les espoirs d'amélioration de la conjoncture, les derniers résultats de l'enquête suggèrent ainsi une possible contraction du PIB au troisième trimestre », selon lui. La confiance des entreprises quant à une progression de leur activité au cours des douze prochains mois a également faibli en août, tout en se maintenant au-dessus du plus bas de 32 mois enregistré en juin.

La Banque de France plus optimiste

Cette publication intervient alors que, le 9 août dernier, la Banque de France, elle, avait relevé une progression de l'activité économique française au mois de juillet, projetant une croissance « légèrement positive » au troisième trimestre. Après un deuxième trimestre marqué par une forte hausse du produit intérieur brut (PIB) de 0,5% par rapport au premier trimestre, la banque centrale, elle, estime que le PIB a progressé de 0,1% sur un mois en juillet.

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Des « facteurs temporaires » ayant soutenu l'activité au printemps, comme un surcroît de livraisons navales et d'avions ou un « rebond technique » lié à la fin des grèves contre la réforme des retraites dans les raffineries et les transports, ne perdureront pas mais « n'appellent pas de correction mécanique » au troisième trimestre, estime l'institution. En juillet, la hausse de l'activité « s'observerait dans l'industrie et les services marchands, alors que la construction serait stable », avait détaillé la Banque de France sur la base de son enquête réalisée auprès de 8.500 chefs d'entreprise entre le 21 juillet et le 4 août.

Dans l'industrie, l'activité reste toutefois encore inférieure à sa moyenne de long terme et l'utilisation des capacités de production dans le secteur manufacturier diminue, tombant à 77%, contre 79% en janvier 2022. Les activités de la plupart des services marchands progressent, à l'exception des services à la personne et du travail temporaire.

Des difficultés d'approvisionnement plus rares

L'opinion des chefs d'entreprise sur leur situation de trésorerie, elle, reste toutefois plus négative qu'habituellement, même si elle se stabilise dans l'industrie « en raison de la poursuite de la détente sur les prix de l'énergie et des matières premières ». Les carnets de commande se garnissent quelque peu, sauf dans le bâtiment où le gros œuvre est pénalisé par un « net recul des ventes de maisons neuves individuelles ».

Les difficultés d'approvisionnement, qui avaient ralenti la reprise de nombreux secteurs d'activité après la pandémie de Covid-19, « se raréfient », avec tout de même encore plus d'une entreprise sur cinq qui en signale dans l'industrie, mais seulement 12% dans le bâtiment. Enfin, « le rythme de hausse des prix revient à son niveau pré-Covid », que ce soit dans l'industrie, les services ou le bâtiment, selon la Banque de France. Les chefs d'entreprise sont ainsi 9% à déclarer avoir augmenté leurs prix de vente le mois dernier, contre 27% en juillet 2022. Et 6% disent les avoir baissés, « en lien avec la détente des prix des matières premières », contre seulement 1% il y a un an.

Le repli de l'activité s'accélère en zone euro

Le repli de l'activité du secteur privé en zone euro s'est aggravé en août. La mauvaise santé de l'industrie manufacturière atteint désormais les entreprises de services, sur fond d'affaiblissement persistant de la demande, selon l'indice PMI Flash publié par S&P Global.

L'indice, calculé sur la base de sondages d'entreprises, s'est replié à 47 en août, contre 48,6 en juillet (chiffre révisé), à son plus bas niveau depuis près de trois ans. Un chiffre supérieur à 50 signale une croissance de l'activité, tandis qu'un chiffre en-deçà indique une contraction.

(Avec AFP)