L'OCDE met à bas quelques idées reçues sur le système de santé français

Par Fabien Piliu  |   |  801  mots
En moyenne, les Français consultent 6,4 fois par an leurs médecins, soit moins que la moyenne des pays de l'OCDE (Crédits : Décideurs en région)
Dans son "Panorama de la santé 2015", l'organisation internationale dresse un tableau plutôt satisfaisant du système de santé français.

"Très bon" ! En deux mots, voici comment le Panorama de la santé 2015 de l'OCDE juge le système de santé français. Bien sûr, de "larges marges de progrès" sont possibles, notamment concernant la consommation de tabac et d'alcool.

Bien sûr, des solutions doivent être trouvées pour parvenir à équilibrer les comptes du régime général de la Sécurité sociale et notamment de sa branche maladie qui devrait afficher un déficit de 6,5 milliards d'euros selon les prévisions du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2016. Néanmoins, le système de santé tricolore reçoit de la part de l'organisation internationale plus d'éloges que de critiques, compte tenu de l'état de santé de la population française. Une population qui vit longtemps, plus longtemps que dans les 33 autres pays membres de l'OCDE. L'espérance de vie s'y élève en effet à 82,3 ans en moyenne, contre 80,5 ans en moyenne dans les autres pays.

Espérance de vie : un écart persistant entre les hommes et les femmes

Avec cette espérance de vie, la France se classe au cinquième rang. L'OCDE relève que des écarts importants persistent entre hommes et femmes. L'espérance de vie des premiers atteint 79 ans, ce qui classe la France à la 15ème place mondiale en matière de longévité. Celle des secondes atteint 85,6 ans, ce qui hisse la France sur la troisième marche du podium.

On l'a vu, le système de santé affiche des comptes dans le rouge. Il est en déficit chronique depuis 2001. Toujours selon le PLFSS, il devrait être bénéficiaire en 2019, en dépit d'un déficit persistant de la branche maladie, estimé à 300 millions d'euros cette année-là. A signaler, il suffirait que les taxes sur le tabac soient fléchées vers cette branche pour qu'elle soit instantanément dans le vert financièrement. Cette idée fait son chemin mais elle est pour l'instant exclue par l'exécutif.

La France n'a pas à rougir en matière de dépenses de santé

Toujours est-il que le coût pour les finances publiques est relativisé par l'OCDE. En effet, la France se classe au 6ème rang pour les dépenses de santé en pourcentage de PIB. En 2013, ces dépenses représentaient 10,9% du PIB contre 8,9% pour la moyenne des pays de l'OCDE.Certes, ce sont les contribuables qui financent le trou de la Sécu, selon le principe des vases communiquant. Néanmoins, tel qu'il fonctionne actuellement, le système de santé français est peu onéreux pour les patients. En effet, la part allouée par les patients français aux dépenses médicales représente 1,4% de la consommation totale des ménages ; soit un niveau deux fois moins élevé que la moyenne des pays de l'OCDE (2,8%).

Quant aux dépenses de santé restant à la charge des patients en France, elles sont les plus faibles des pays de l'OCDE. En 2013, elles représentaient environ 7% des dépenses totales de santé contre 20% en moyenne dans les pays de l'OCDE, notamment "grâce à la sécurité sociale" et aux "dispositifs de couvertures complémentaires".

Reste que 23% des Français qui ont des revenus en dessous de la moyenne déclarent avoir des besoins de santé non satisfaits en raison du coût. Un pourcentage qui s'élève à 29% aux Pays-Bas et culmine à 49% aux Etats-Unis. Il ne s'élève qu'à 5% au Royaume-Uni ; 11% en Suède, 16% en Norvège et 21% en Allemagne notamment.

Les Français ne sont pas gourmands en consultation

Pour ceux qui ont les moyens d'aller voir un médecin, les Français sont-ils de plus gros consommateurs de consultations ? Loin de là. En moyenne, les Français consultent 6,4 fois par an leurs médecins, soit un tout petit moins que la moyenne (6,5) fois par an), loin derrière la Corée (14,6 fois par an) et le Japon (12,9 fois par an).

Les Français seraient les premiers consommateurs d'anti-dépresseurs au monde. C'est faux. Ils se classent au douzième rang. Les plus gros consommateurs sont les citoyens du Portugal, de l'Australie et enfin de l'Islande.

En revanche, la France se situe à la 3ème position des pays les plus consommateurs d'antibiotiques. Si la part des médicaments génériques a progressé, il reste cependant faible par rapport à la plupart des pays de l'OCDE. En 2013, ils représentent 30% du marché pharmaceutique alors que la moyenne est de 48%. Quant à la durée moyenne de séjour à l'hôpital, elle s'élevait en 2013 à 10 jours, soit deux jours de plus que la moyenne des pays de l'OCDE. Un exemple : la durée d'hospitalisation après un accouchement normal est en moyenne de 4 jours en France, contre trois jours en moyenne dans les autres pays.