L'OCDE pointe un manque d'attractivité de la France pour les travailleurs qualifiés

Par Grégoire Normand  |   |  618  mots
(Crédits : Reuters/Gonzalo Fuentes)
La France se classe à la 23ème position sur 35 pays susceptibles d'attirer les travailleurs hautement qualifiés selon le dernier classement établi par l'OCDE.

La guerre des talents fait rage au sein des pays développés. Selon une récente note de l'organisation de coopération et de développement économique (OCDE) consacrée aux "indicateurs de l'attractivité pour les talents", la France figure en mauvaise position dans les différents classements établis par l'institution basée à Paris. Pourtant, la capacité d'une économie à attirer des profils qualifiés représente un atout indéniable en particulier dans certains secteurs qui souffrent d'une pénurie de main d'oeuvre dans des domaines très spécialisés.

L'OCDE a pris en compte trois catégories pour déterminer l'attractivité d'un pays : les entrepreneurs, les travailleurs très qualifiés et les étudiants de l'enseignement supérieur. Pour chacun de ces groupes, plusieurs critères ont été retenus comme la qualité du marché du travail pour les personnes les plus diplômées, la fiscalité, le niveau de revenu, les facilités d'intégration pour les familles ou encore la qualité de la vie."Les indicateurs tiennent aussi compte de la difficulté pour les immigrés potentiels possédant les compétences requises d'obtenir un visa ou un permis de séjour" ajoute l'OCDE. "Les individus compétents et talentueux ont un rôle essentiel à jouer dans la future prospérité des pays" expliquent les experts.

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La France en bas de tableau pour les entrepreneurs et les plus diplômés

Pour les travailleurs hautement qualifiés, l'Australie, la Suisse et la Suède occupent les trois premières marches du podium. A l'inverse, la Turquie, le Mexique et la Grèce sont dans le bas du tableau. Pour l'entrepreunariat, le Canada, la Suisse et la Nouvelle-Zélande font figure de bons élèves quand la Turquie, le Mexique ou la Grèce font la course loin derrière. Enfin, pour les étudiants du supérieur, la Suisse, la Norvège et la Finlande se positionnent en tête du classement. A l'opposé la Turquie, le Mexique et la Grèce sont encore en fin de tableau.

De son côté, la France est très mal classée pour les entrepreneurs (26ème sur 35) et les travailleurs très diplômés (23ème sur 35). En revanche, pour les étudiants du supérieur, la France affiche de biens meilleurs résultats (5ème sur 35). Pour autant, la situation de l'économie tricolore pourrait se détériorer à partir de la rentrée de septembre. En effet, les frais de scolarité pour les étudiants extérieurs à l'Union européenne vont s'élever à 2.770 euros en licence et 3.770 euros en master. Cette hausse des coûts d'inscription pourrait avoir des répercussions sur le nombre d'étudiants inscrits à la rentrée universitaire prochaine.

Peu d'évolution

La situation de la France a peu évolué en quelques années. Déjà en 2017, l'OCDE soulignait que malgré une hausse récente, l'immigration professionnelle de ressortissants non-européens "reste faible en France en comparaison internationale et minoritaire dans les flux d'étrangers admis à s'installer durablement (16% en 2016)." Dans sa stratégie de politique migratoire présentée en 2017, le gouvernement avait prévu un volet spécifique consacré à la promotion de la France auprès des talents étrangers.

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"Avec le ministère de l'Europe et des affaires étrangères, toutes les mesures utiles pour faciliter l'arrivée des talents, des étudiants et de jeunes professionnels seront prises" avait précisé l'exécutif dans un dossier de presse. La mise en place des frais de scolarité supplémentaires pour les étudiants étrangers extraeuropéens pourrait venir contredire ce message.