L'ouverture économique de Cuba va-t-elle profiter à la France ?

Par Fabien Piliu  |   |  652  mots
François Hollande en visite officielle à Cuba, le 11 mai 2015.
La libéralisation progressive et mesurée de l’économie cubaine ouvre de nouvelles perspectives pour les entreprises françaises. Jusqu’ici, les relations bilatérales restaient limitées. Fait assez rare, la France affichait un excédent bilatéral avec la plus grande île des Caraïbes.

Pas à pas, l'économie cubaine s'ouvre au monde. Depuis quelques jours, le drapeau de l'Oncle Sam flotte à nouveau sur l'ambassade américaine. En mai, François Hollande, le président de la République, fut le premier chef d'Etat à se rendre sur l'île depuis le dégel diplomatique entre Cuba et les Etats-Unis. Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, et Matthias Fekl, le secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, ont également fait le déplacement avec une arrière-pensée : soutenir le "Made in France".

Certes, la libéralisation progressive de l'économie, autorisée par Raul Castro, a d'ores et déjà permis de stimuler les exportations françaises et cubaines. Mais elles restent limitées à quelques produits, essentiellement agroalimentaires. Compte tenu du niveau de vie sur cette île de 11,3 millions d'habitants - la plus peuplée des Caraïbes -, les débouchés commerciaux restent pour l'instant limités. Bien qu'il ait doublé au cours des dix dernières années, grâce aux retombées du tourisme, le PIB par habitant reste faible.Il s'élevait à 4.900 euros en 2011 - dernier chiffre connu -, soit deux fois moins qu'au Brésil par exemple.

La France affiche un excédent commercial avec Cuba

Concrètement, la France exporte essentiellement des céréales. Selon les Douanes, elles représentaient 46% de ses exportations totales vers Cuba en 2014. Ont également été exportées des produits chimiques, des pièces automobiles et des équipements de communication. De son côté, Cuba a exporté en France des boissons distillées alcoolisées - essentiellement du rhum -, des produits à base de tabac et des préparations et conserves à base de poisson et de produits de la pêche. En valeur, les exportations se sont élevées à 156,9 millions d'euros en 2014, dépassant largement les importations, 23,5 millions d'euros. Cuba est d'ailleurs l'un des rares pays avec lequel la France affiche un excédent commercial bilatéral. Des exportations qui, après avoir chuté entre 2013 et 2014 - elles s'élevaient à 245,3 millions d'euros en 2013 - semblent accélérer cette année. Selon le Quai d'Orsay, elles ont augmenté de 13,9% sur un an entre janvier et mai. Une bonne nouvelle qu'il convient cependant de relativiser puisque, dans le même temps, les importations françaises ont bondi de 31,1%. Si cette tendance se poursuit, on peut douter de la pérennité de notre excédent commercial.

Le CAC est déjà sur place

Les visites officielles à Cuba servaient également un autre objectif : obtenir le soutien de la Havane pour l'implantation locale d'entreprises françaises. Pour l'instant, seule une poignée d'entre elles était installée. L'investissement français le plus important est celui du groupe Pernod-Ricard, qui possède le Rhum Havana Club. Les autres entreprises présentes se concentrent dans les secteurs du tourisme (Accor), du bâtiment et de la construction (Bouygues), des télécommunications - Alcatel-Lucent a installé le câble sous-marin en fibre optique du Vénézuéla à Cuba-, de l'énergie (Total, Alstom), de la construction électrique, de l'agroalimentaire, des transports (Air France). Bref, que des entreprises du CAC 40.

Le rôle des Antilles françaises

Bénéficiant de la proximité géographique, les Antilles françaises peuvent-elles bénéficier de cette libéralisation économique de Cuba et permettre à la France de devenir un partenaire commercial majeur de Cuba, ce qui est pour l'instant loin d'être le cas ? Même si des conventions de coopération ont été signées - c'est le cas depuis 2005 avec la Guadeloupe -, les relations économiques sont distendues. Pour qu'elles se renforcent, il faudrait d'abord que s'ouvrent de nouvelles lignes aériennes directes, environ quatre heures de vol séparant les DOM et Cuba. Pour l'instant, les vols directs, essentiellement assurés par Cubana, sont rares et onéreux. Pour un adulte, le tarif descend rarement sous les 800 euros.