La confiance, oui, des embauches, non !

Par Fabien Piliu  |   |  727  mots
L'optimisme reste le premier qualificatif employé par les chefs d'entreprise pour caractériser leur situation (39%), devant la confiance (36%).
Interrogés dans le cadre de « La grande consultation » par Opinion Way pour CCI France/La Tribune/ Europe 1, les chefs d'entreprises restent toujours très optimistes. Sur les réformes prochaines que le gouvernement entend lancer, ils ont néanmoins quelques interrogations. A noter, la reprise des embauches est très faible.

Interrogés dans le cadre de « La grande consultation » par Opinion Way pour CCI France/La Tribune/ Europe 1*, les 604 dirigeants d'entreprises restent optimistes en juin. Certes, après le pic de confiance observé en mai, l'indicateur s'effrite un peu, de quatre points, pour s'élever à 112. Néanmoins, l'optimisme reste le premier qualificatif employé par les chefs d'entreprise pour caractériser leur situation (39%), devant la confiance (36%).

" Ces deux qualificatifs caractérisent plus particulièrement les chefs d'entreprise de 10 salariés ou plus (respectivement 52% et 58%) ", précise l'étude.

Confiants et optimistes, les chefs d'entreprise sont toujours plus nombreux à estimer que la situation actuelle est correctement orientée (32%, + 5 points). Ils se montrent confiants pour l'avenir de leur entreprise dans les douze prochains mois (69%), notamment les chefs d'entreprises de 10 salariés ou plus (94%).

L'état de grâce

Cet enthousiasme en constante progression est à mettre en perspective avec la satisfaction à l'égard du nouveau Président de la République. Près de deux mois après l'élection d'Emmanuel Macron, les trois quarts des dirigeants d'entreprise (75%) se montrent satisfaits de son action, notamment ceux évoluant dans le secteur du commerce (82%) et étant à la tête d'entreprises de 10 salariés ou plus (85%) ", note la Grande consultation.

C'est ce que l'on appelle l'état de grâce ! La lune de miel entre les chefs d'entreprises et le locataire de l'Elysée se prolonge donc. On attend avec impatience leur réaction quand l'exécutif mettra enfin les mains dans le cambouis. De ce point de vue, la rentrée sera intéressante. On guettera avec attention l'appréciation des dirigeants du projet de loi de finances 2018.

La majorité absolue est une bonne chose

En attendant, les dirigeants d'entreprise considèrent positivement la majorité absolue obtenue par La république en marche (LREM) à l'Assemblée nationale. Selon eux, c'est une bonne chose à la fois pour permettre au président de la République de mener une politique favorable aux entreprises (77%), pour favoriser la croissance économique en France (74%) et aussi pour appliquer la mise en œuvre de la réforme du droit du travail (73%).

A noter, les dirigeants d'entreprises de 10 salariés ou plus se montrent systématiquement plus optimistes que ceux d'entreprises de taille plus modeste (écarts compris entre 8 et 10 points).

Il reste des interrogations

Bien qu'optimistes, les chefs d'entreprises s'interrogent. C'est le cas sur le sujet du droit à l'erreur pour les entreprises promis par le candidat Macron, permettant aux TPE et aux PME de ne plus être sanctionnées automatiquement dès le premier manquement à leurs obligations sociales. Si dans l'ensemble les entrepreneurs trouvent cette mesure rassurante pour leur propre entreprise (79%, dont 21% " Tout à fait "), plus de la moitié craignent même que certaines entreprises n'abusent de ce droit (54%). Par ailleurs, ils se montrent plus circonspects sur l'impact positif de cette réforme sur la création d'entreprises (44%).

Interrogés sur les réformes annoncées par Emmanuel Macron concernant l'apprentissage et la formation professionnelle, les chefs d'entreprise ont eu une réponse claire : ils souhaitent plus de simplification. Parmi ceux concernés par la réforme de l'apprentissage - 45% des chefs d'entreprise n'y ont pas recours -, le souhait d'une simplification du processus de recrutement de ces contrats arrive en tête (20%, et même 41% parmi les dirigeants d'entreprises de 10 salariés ou plus), suivi par une clarification des aides disponibles (17%).

Concernant la simplification de la formation professionnelle, les dirigeants souhaitent avant tout garantir à leur salariés la possibilité d'être formés tout au long de leurs parcours (51%), " conscients qu'aujourd'hui la complexité du système de formation professionnelle multipliant les comptes (CPF, CEP, CIF, etc.) peut constituer un frein , indique l'étude. Ce souhait vient avant celui de fournir un accompagnement pour aider les salariés à changer de statut ou à effectuer une transition professionnelle.

Pas de reprise des embauches

Dernier enseignement de cette étude, cet optimisme ne semble pas assez fort pour faire progresser les embauches. Ainsi, seuls 6% des chefs d'entreprises - une proportion stable par rapport à mai - entend recruter. Seul point positif, ils ne sont plus que 2%, contre 4% en mai, à anticiper des suppressions de postes. La confiance est là, certes, mais elle pas béate.

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