Référendum d'entreprise, compte pénibilité... la CPME pousse ses pions

Dans le cadre des concertations menées par le ministère du Travail avec les organisations patronales et syndicales sur la réforme du code du travail, la CPME en profite pour pousser ses pions et demande qu'une ordonnance vienne réformer le dispositif du compte pénibilité. Elle veut aussi largement favoriser le référendum d'entreprise à l'initiative de l'employeur.
Jean-Christophe Chanut
Pour François Asselin, président de la CPME, en marge de la réforme du Code du travail, une autre ordonnance doit de toute urgence intervenir pour totalement modifier le dispositif du compte pénibilité en l’externalisant de l’entreprise.

Lentement mais surement, le projet de réforme du Code du travail progresse. Demain, mercredi 28 juin, sera une date importante avec la présentation en conseil des ministres du projet de loi portant habilitation pour le gouvernement à recourir aux ordonnances. Ce texte relativement court prévoirait un total de neuf ordonnances, il sera discuté par le Parlement du 24 au 28 juillet. Les ordonnances proprement dites seront présentées le 20 septembre en conseil des ministres, c'est de leur contenu que dépendra l'importance de la réforme.

Rien n'est encore figé car, parallèlement au projet de loi de loi d'habilitation qui fixe un cadre général, la ministre du Travail Muriel Penicaud poursuit ses concertations avec les organisations patronales et syndicales. Or, certains résultats de ces travaux pourraient in fine être inclus dans les ordonnances. Un premier round de consultations s'est achevé la semaine dernière. Il portait sur l'articulation entre la convention de branche et l'accord d'entreprise.

Depuis le lundi 7 juillet, les partenaires sociaux sont consultés sur un deuxième thème : "la simplification et le renforcement du dialogue social". Suivront les consultations sur un troisième thème : "la sécurisation des relations du travail", dont les fameuses indemnités prud'homales en cas de licenciement abusif, qui seront abordées du 10 au 21 juillet.

Ces consultations avec les organisations patronales et syndicales permettent à ces dernières de pousser leurs pions et de tenter d'imposer leurs vues. Il en va notamment ainsi de la CPME : « on ne sait pas encore où vont se positionner les curseurs mais nous on sait ce que l'on veut », explique son président François Asselin.

Vers une ordonnance sur le compte pénibilité?

Pour lui, comme pour le Medef et l'U2P (les artisans et les professions libérales), l'urgence absolue est de trouver une solution sur l'application du compte pénibilité. En effet, d'après la loi, c'est en septembre que toutes les entreprises devront avoir activé le compte pénibilité avec les 10 critères retenus qui permettent de déterminer le degré de pénibilité auquel est exposé chaque salarié. « C'est infaisable, explique François Asselin, d'ailleurs moins de 5% des entreprises de moins de 50 salariés ont déjà activé ce compte. Il faut réformer vite. » Aussi, le président de la CPME ne désespère pas qu'une nouvelle ordonnance soit prévue pour modifier tout le dispositif pénibilité.

« Nous avons un plan, et la CFDT et FO sont d'accord avec nous. Nous attendons maintenant que le gouvernement se positionne vite. »

L'idée serait de « sortir » le compte pénibilité du giron de l'entreprise. « Il faut mutualiser ce compte au niveau de toutes les branches, même celles qui ne sont pas concernées par la pénibilité doivent participer à la solidarité financière. »

Concrètement, il reviendrait à chaque branche de déterminer quels sont les métiers exposés à la pénibilité. Ensuite, chaque salarié travaillant sur l'un de ces métiers bénéficierait à compter d'un certain âge d'une « visite médicale spécifique ». C'est à cette occasion que les points pénibilité seraient accordés en fonction de l'état de santé du salarié. Dans l'optique de la CPME, ces points pourraient permettre aux salariés les plus atteints de bénéficier jusqu'à deux années de retraite anticipée...

Généraliser le référendum d'entreprise

Sur un autre point, la CPME espère aussi être entendue : le dialogue social dans les TPE dépourvues de délégués syndicaux. Actuellement, les PME sans délégués syndicaux ne peuvent pas conclure d'accord d'entreprise. Certes, dans un tel cas de figure, le droit actuel prévoit la possibilité du « mandatement » qui autorise un représentant élu du personnel, voire un simple salarié, à être mandaté par un syndicat pour négocier un accord. Mais pour la CPME ce n'est pas satisfaisant car dans les faits le salarié mandaté ne négocie rien du tout, il ne fait que parapher l'accord qui, en réalité, a été négocié directement avec le syndicat. Aussi, la CPME a proposé à la ministre qu'un accord puisse être négocié avec un représentant élu du personnel - quitte à organiser des élections y compris dans les petites structures où ce n'est pas une obligation - et soit ensuite soumis à référendum auprès du personnel. En cas d'acceptation, le texte aurait valeur d'accord d'entreprise... Là aussi, la CPME attend avec impatience le résultat des courses.

Bien entendu, la CPME approuve les projets gouvernementaux d'extension du contrat de chantier ou de limitation des indemnités prud'homales en en cas de licenciement abusif. En revanche, il n'est pas question pour elle d'accepter le principe du « chèque syndical ».

Jean-Christophe Chanut
Commentaires 7
à écrit le 29/06/2017 à 6:08
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Il est scandaleux de faire marche arrière sur le compte pénibilité alors que c'est la seule avancée sociale du précédent gouvernement. Ce n'est pas une usine à gaz comme certains le prétendent. Il faut octroyer aux TPE/PME des aides extérieures et ce...

à écrit le 28/06/2017 à 13:25
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De bonnes mesure mais toujours trop timorées. Tant qu'un employeur, surtout de TPE-PME restera l'otage de son employé, on n'embauchera plus. J'ai du me séparer l'année derniere d'un employé qui n'en foutait pas une depuis 12 mois, je ne pouvais pas s...

le 28/06/2017 à 16:52
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C'est quoi le nom de ta boite pour vérifier tes dires , parce que pour l'instant je n'ai qu'un son de cloche.

à écrit le 27/06/2017 à 18:56
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Des débats sur des sujets surréalistes dans une France en panne économique.. Je crois que les petits entrepreneurs, pas les grosses entreprises, finiront par ne pas suivre délibérément les Lois.

à écrit le 27/06/2017 à 18:20
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Et si on instaurait que le droit de crever au travail, je pense que le MEDEF et là CPME auraient enfin des raisons de se réjouir.....

à écrit le 27/06/2017 à 17:04
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"C'est à cette occasion que les points pénibilité seraient accordés en fonction de l'état de santé du salarié". Avec depuis le 1er janvier 2017 et la loi El Khomri, un contrôle du médecin du travail tout les 5 ans au lieu de 2 et 4 ans pour les e...

à écrit le 27/06/2017 à 16:57
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"la simplification et le renforcement du dialogue social" Un dialogue social qui se termine généralement par une décision unilatéral de l'employeur.Les syndicats, s'ils y en a , feront un tract commun avec sigles apparents pour dénoncer ce passage...

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