La construction, moteur de la croissance française

Par Mathias Thépot  |   |  660  mots
Le secteur de la construction connait une vive reprise.
La faible croissance française au troisième trimestre 2016 a tout de même été tirée vers le haut par le secteur de la construction.

Où s'établirait la croissance française si le secteur de la construction n'était pas en si bonne santé ? Il permet presque à l'économie française de garder la tête hors de l'eau. En effet, à 0,2 % au troisième trimestre 2016, la croissance française est de l'aveu du président de la République « trop faible ». Le ministre des Finances Michel Sapin a même concédé que le niveau d'1,5 % de croissance espérée pour 2016 sera très dure à atteindre. Mais lorsque l'on regarde les différentes composantes du PIB français, on se rend compte que le secteur de la construction est l'un des rares à tirer son épingle du jeu. La production du secteur de la construction est en hausse de 1 %, tandis que l'investissement s'y redresse de 0,9 %, tiré par le secteur des travaux publics, selon l'Insee.

La période actuelle est propice aux projets d'investissements dans les travaux publics. En effet traditionnellement, les communes lancent leurs projets d'investissement deux ans après les élections municipales. Or, les dernières en date ont eu lieu en mars 2014. Et si jusque avant l'été, des doutes subsistaient encore sur la capacité des communes à investir au regard de la dégradation de leur situation financière, les annonces de l'exécutif semblent les avoir dissipées. François Hollande a en effet accordé en juin aux communes une réduction de moitié de la baisse de la dotation globale de fonctionnement (DGF) en 2017. Ce qui représente une perte minorée d'un milliard d'euros pour celles-ci. Assez pour conforter les élus locaux dans leurs projets d'investissements.

Nouvelle hausse des mises en chantier

En parallèle, dans le secteur du bâtiment, la dynamique est aussi très bonne. Les mises en chantier de logements neufs ont continué à progresser de juillet à septembre en France, enregistrant une hausse de 7,4 % à 82.400 unités, par rapport à la même période un an plus tôt, a annoncé vendredi le ministère du Logement. De leur côté les permis de construire accordés pour des logements neufs ont bondi de 17,3 % à 119.300 sur ces mêmes trois mois, comparé à un an auparavant. Sur la période de douze mois achevée fin septembre, la hausse est également significative : les mises en chantier progressent de 8,1% pour s'élever à 367.000, contre 363.500 un mois plus tôt. Quant au nombre de permis de construire enregistrés sur ces mêmes douze mois, il s'étoffe lui aussi à 432.300, contre 417.800 à fin août.

Au plan géographique, les régions où la construction de logements neufs repart le plus fort sur les douze mois écoulés à fin septembre sont la Bretagne (+25,1 %) le Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées (+24,3 %), l'Île-de-France (+21,9 %) et les Pays de la Loire (+16,4 %). « Ces très bons résultats nous le confirment : la reprise du secteur de la construction est robuste et durable », s'est réjouie Emmanuelle Cosse, la ministre du logement. « C'est une excellente nouvelle pour le logement et pour l'emploi », a-t-elle ajouté.

Mesures gouvernementales

Le virage opéré par François Hollande à l'été 2014 en faveur de la construction aura donc porté ses fruits. Les nouvelles mesures de soutien à l'immobilier fonctionnent a plein régime. Le gouvernement avait dans un premier temps fait revenir les investisseurs particuliers sur le marché du neuf grâce au dispositif Pinel, mis en place fin 2014, qui donne la possibilité aux investisseurs de louer à leurs ascendants et à leurs descendants sur des durées modulables (6,9, 12 ans) tout en bénéficiant d'un avantage fiscal.

Et dans un second temps, pour soutenir les achats des ménages primo-accédant, l'exécutif a fait élargir début 2016 le périmètre du prêt à taux zéro dans l'immobilier neuf. Et selon l'avis des professionnels du secteur, ce dispositif fonctionne encore mieux qu'espéré. Reste maintenant à savoir si l'année 2017, qui sera marquée par plusieurs échéances électorales au niveau national, verra l'activité dans la construction se maintenir à ce niveau, et soutenir la croissance.

(Avec AFP)