La reprise économique est-elle vraiment là en France ?

Par Fabien Piliu  |   |  750  mots
Selon les statistiques compilées par l'Insee, le PIB de la zone euro avec laquelle les entreprises tricolores réalisent près de 60% de leurs échanges internationaux, ne progressera que de 1,4% cette année.
Selon l'Insee, le PIB devrait progresser de 1,2% cette année. C'est bien évidemment une bonne nouvelle. Mais peut-on réellement parler de reprise ?

Enfin une bonne nouvelle ! Selon l'Insee, le PIB progressera de 1,2% cette année. Soit 0,2 point de PIB de plus que ce que le gouvernement prévoit.

Cette " performance " est bien évidemment à saluer. Mais peut-on néanmoins affirmer que l'économie française a enfin tourné la page de la crise de 2008-2009 ? En 2009, année la plus sombre de l'économie française depuis 1945, le PIB avait reculé de 2,9%. En 1975, l'impact du premier choc pétrolier avait été moins brutal. En effet, après avoir bondi de 4,3% en 1974, l'activité s'était repliée cette année-là de 1%. En 1976, le PIB progressait à nouveau... de 4,3%.

Plusieurs éléments invitent à relativiser cette bonne nouvelle. Plusieurs éléments invitent à relativiser cette bonne nouvelle. Faut-il rappeler que l'Insee a révisé en mai la croissance 2014 ? L'année dernière, le PIB a progressé de 0,2% et non pas de 0,4% comme l'avait initialement annoncé l'Insee et le gouvernement.

Autre inconvénient de cette « reprise », elle n'est pas assez puissante pour faire reculer le taux de chômage. Certes, les créations d'emplois accélèreront cette année et ce, pour la première fois depuis trois ans. Après avoir créé seulement 6.000 emplois au premier semestre, le secteur marchand non agricole créerait 35.000 emplois au second semestre.

Mais ces créations de postes ne seraient pas assez nombreuses pour compenser les destructions d'emplois et réduire le stock de demandeurs d'emplois, du fait notamment de la progression de la population active. Actuellement, Pôle emploi recense environ 3,5 millions de chômeurs dans la catégorie A. Celle-ci se compose des demandeurs d'emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi et qui n'ont exercé aucune activité (même à temps partiel) le mois précédent.

Toujours le même modèle de croissance

Deuxième inconvénient, le modèle de croissance économique tricolore est immuable ! Seule la demande intérieure stimule l'activité, empêchant tout rééquilibrage de la balance commerciale dans le rouge depuis 2003. Dans ce contexte, les importations progressant toujours plus vite que les exportations, le commerce extérieur continue de peser sur la croissance.

Certes, l'investissement des entreprises redémarre doucement. Mais là encore, il ne progresse pas assez vite pour prendre le relais de la demande. Par ailleurs, continuera-t-il à progresser si les taux d'intérêts actuellement historiquement bas remontent, si le prix du baril de brut continue d'augmenter et si l'euro voit sa valeur s'apprécier face au dollar ?

Concrètement, la remontée presque spectaculaire du taux de marge des entreprises, qui devrait atteindre 31,2% de l'excédent brut d'exploitation à la fin de l'année - contre 29 ,5% fin 2014 - les protège-t-elle d'une dégradation de la conjoncture ?

Rien n'est moins sûr. Pour que cette résistance aux aléas se produise, il faudrait que l'économie française bénéficie d'un environnement porteur. Est-ce le cas? Selon les statistiques compilées par l'Insee, le PIB de la zone euro avec laquelle les entreprises tricolores réalisent près de 60% de leurs échanges internationaux, ne progressera que de 1,4% cette année.

Si Bercy fait profil bas, Jean-Marie Le Guen exulte

Dans ce contexte, tout optimisme doit être mesuré. De ce point de vue, le gouvernement fait preuve d'une certaine humilité, surtout à Bercy, directement concerné par le sujet. En revanche, Jean-Marie Le Guen, le secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement, déborde d'enthousiasme.

"Le gouvernement prévoit 1,7% de croissance pour 2016 et peut-être même une pente plus importante. C'est le résultat des efforts qu'ont fait les Français et le gouvernement depuis deux, trois ans. Les choses sont en train de monter de façon positive", a-t-il déclaré sur iTélé, précisant toutefois qu'il "peut y avoir des accidents aussi".

Pour expliquer ce léger rebond de la croissance, Jean-Marie Le Guen a jugé que la croissance était due à l'investissement, "avant même les efforts de la réforme Macron", qui sera appliquée "dès début août". Il a ajouté que le gouvernement voulait "accélérer" sur la loi Macron, en comparant la réforme à "un symbole de la reconquête de notre économie".

Interrogé sur l'emploi et désavouant l'Insee, il a assuré que "la courbe du chômage allait s'inverser dans les mois qui viennent", ajoutant que, même si "la croissance ne porte pas autant d'emplois que jadis", "les surplus de croissance iront à l'emploi". "Il y a une dynamique", a poursuivi le secrétaire d'Etat..