Le commerce extérieur français retrouve des couleurs

Par Grégoire Normand  |   |  922  mots
Le porte-containeurs Antoine Saint Exupery au port du Havre. (Crédits : Reuters)
Le déficit commercial de la France s'est légèrement réduit en février, à 4 milliards d'euros après 4,21 milliards en janvier, sous l'effet notamment d'un pic exceptionnel d'exportations de navires et bateaux, selon les statistiques publiées ce vendredi 5 avril par les douanes.

Le commerce extérieur français connaît une légère embellie. Selon les derniers chiffres des douanes publiés ce vendredi 4 avril, le déficit s'est réduit de 200 millions d'euros pour s'établir à 4 milliards d'euros en février, après 4,2 milliards d'euros en janvier. Les exportations ont été bien meilleures qu'en début d'année (0,9% contre -1,1%) pour atteindre 42,9 milliards d'euros. Dans le même temps, les importations, qui ont atteint 46,9 milliards d'euros, ont progressé plus légèrement, après avoir connu une stabilisation durant le premier mois de l'année (+0,4% après 0% en janvier). Selon les dernières prévisions économiques de l'Insee, la contribution du commerce extérieur à la croissance pourrait redevenir négative au cours du premier semestre 2019 (-0,1 point) après avoir été positive au cours du dernier semestre 2018.

Lors de leurs dernières projections, les économistes de l'Insee ont rappelé que « l'économie française est moins exposée que d'autres aux turbulences du commerce mondial ». La perspective d'un "hard Brexit" pourrait tout de même pénaliser les exportations françaises. Un divorce sans accord pourrait coûter 0,6% au produit intérieur brut hexagonal en prenant en compte seulement la hausse des tarifs douaniers. La France serait ainsi le huitième pays le plus touché de l'Union européenne dans le scénario d'un "hard brexit". Dans le détail, « environ 40% du choc proviendrait des services et près d'un quart serait supporté par les produits manufacturés hors matériels de transport. »

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Des livraisons de bateaux en plein boom

Les chiffres de l'administration des douanes indiquent que la balance commerciale s'est améliorée en raison d'un boom des livraisons de "paquebots, bateaux de croisières et navires similaires". Les exportations ont été particulièrement vigoureuses vers la Suisse sachant que « le pays de destination est celui où est établi le propriétaire économique des "paquebots, bateaux de croisières et navires similaires" », précise Bercy.  Ces résultats exceptionnels pourraient donner lieu à un contrecoup en mars. La progression du solde est également très prononcée pour les hydrocarbures naturels, « à la suite du repli des approvisionnements en pétrole brut, qui repartent à la baisse après le sursaut de janvier », soulignent les douanes.

A l'inverse, l'industrie aéronautique enregistre de moins bonnes performances. L'excédent de la balance commerciale en produits aéronautiques et spatiaux s'est réduit sensiblement en février en raison d'un fort repli des exportations du secteur. « Le recul des exportations tient essentiellement à la chute des livraisons d'avions de plus de 15 tonnes vers la Chine, contrecoup du haut niveau des ventes des mois passés. » A titre de comparaison, les livraisons d'Airbus ont atteint 1,95 milliard d'euros pour 21 appareils contre 2,1 milliards d'euros pour 22 appareils en janvier.

Lors de la récente visite en France du président chinois Xi Jinping, une commande par la Chine de 300 avions Airbus a été annoncée. Elle est censée représenter environ 35 milliards de dollars (31,24 milliards d'euros) selon des chiffres communiqués par l'agence de presse Reuters.

Un solde favorable avec les pays hors-UE

Par zone géographique, la balance avec les pays hors de l'Union européenne est nettement favorable, sous l'effet exceptionnel du montant des livraisons vers la Suisse et d'un recul très marqué des importations depuis la Russie (repli des importations de pétrole brut et raffiné) et la Norvège (repli des approvisionnements énergétiques). « La balance commerciale avec l'Europe hors UE devient même excédentaire, ce qui n'était arrivé qu'une seule fois, en janvier 2016, depuis le début des années 2000 », précise le ministère des Finances et des comptes publics. Le solde s'améliore aussi avec l'Afrique « sous l'effet du rebond partiel des exportations conjugué à une légère diminution des importations. La balance commerciale progresse notamment avec les pays d'Afrique du Nord ».

En revanche, le solde se détériore avec les pays situés dans le Proche et le Moyen-Orient. Les ventes à destination du Qatar se sont effondrées. « Cela s'explique par la chute des livraisons aéronautiques après le haut niveau du mois passé ainsi que par le contrecoup du pic des exportations de produits sidérurgiques et de première transformation de l'acier. »

Avec les pays membres de l'Union européenne, le déficit s'est détérioré en raison d'une croissance marquée des importations pour le troisième mois consécutif. « La balance commerciale se détériore notamment avec l'Autriche, à la suite d'un pic des approvisionnements en produits pharmaceutiques. Elle se dégrade avec l'Allemagne en raison principalement d'une progression des importations de véhicules automobiles. »

La balance des transactions courantes dans le rouge

Les chiffres communiqués par la banque de France ce vendredi indiquent que la balance des transactions courantes est devenue déficitaire (-800 millions d'euros) en février après avoir connu un excédent (300 millions d'euros).

« Cette dégradation provient principalement de la baisse du solde des services, qui s'établit à 1,4 milliard d'euros en février après 2,7 milliards d'euros le mois précédent. »

Du côté des biens, le déficit est resté relativement stable à 2,9 milliards contre 2,8 milliards en janvier. La balance des paiements prend en compte les échanges de biens, de services, de revenus entre des résidents d'une économie et des non-résidents rappellent les économistes de l'Insee.

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