Le gouvernement veut durcir la chasse au gaspillage pour la climatisation et la publicité

Par latribune.fr (avec AFP et Reuters)  |   |  774  mots
La ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, annonce deux décrets pour réduire la consommation d'énergie. (Crédits : BENOIT TESSIER)
Face à la crise énergétique, il n'y a pas de petites économies. A défaut de le faire pour raison écologique, le gouvernement va prendre des mesures pour durcir la réglementation pour obliger les magasins climatisés à fermer leurs portes et à réduire la publicité lumineuse afin de réduire la consommation d'énergie pour faire face au risque de pénurie liée à la guerre en Ukraine.

Demandée de longue date par les associations de défense de l'environnement, la chasse au gaspillage énergétique va s'intensifier à l'aune de la guerre en Ukraine et des risques de pénurie. Engagé dans l'élaboration d'un « plan de sobriété », tel qu'annoncé par Emmanuel Macron le 14 juillet, le gouvernement va viser les portes ouvertes dans les magasins climatisés et la publicité lumineuse pour réduire la consommation d'électricité.

Ces mesures à venir ont été annoncées ce dimanche, par la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher dans une interview au Journal du Dimanche (JDD) : « Dans les prochains jours, je vais prendre deux décrets : le premier généralise l'interdiction des publicités lumineuses quelle que soit la taille de la ville entre 1h et 6h du matin », à l'exception des aéroports et des gares, et « le second interdit aux magasins d'avoir leurs portes ouvertes alors que la climatisation et le chauffage fonctionne ».

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20 % de consommation en plus

Dans le cas des portes ouvertes, le gouvernement s'inspire des initiatives prises à Bourg-en-Bresse, puis dans des villes comme Lyon, Besançon et Paris qui ont adopté des arrêtés municipaux depuis mi-juillet, alors que la France a connu une canicule exceptionnelle, pour que les magasins climatisés ferment leurs portes, sous peine d'amende.

Le gouvernement prévoit de généraliser cela à tout le pays, avec jusqu'à 750 euros d'amende, mais il misera dans un premier temps sur l'information des commerçants. Et cela devrait également concerner également le chauffage cet hiver.

Laisser les portes ouvertes, « c'est 20% de consommation en plus et (...) c'est absurde », a justifié Agnès Pannier-Runacher sur RMC.

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Un règlement déjà existant mais limité et peu appliqué

Pour la publicité lumineuse, le ministère n'a pas pu préciser dimanche le contenu du prochain décret, mais explique que celui-ci visera à « harmoniser les règles », sans préciser le nombre d'agglomérations aujourd'hui couvertes par un règlement local de publicité (RLP), ni concrètement comment les contrôles et sanctions, jusqu'à 1.500 euros, seront mis en œuvre. « Les contours seront précisés » quand le décret sortira, « l'idée est vraiment que cela soit applicable dès à présent », a ajouté le ministère.

A l'heure actuelle, une réglementation existe déjà depuis 2013 avec une interdiction entre 1 heure et 6 heures du matin pour les villes de moins de 800.000 habitants, mais elle reste mal appliquée. « L'enjeu reste de faire appliquer ces textes par ceux qui en ont la responsabilité publique : les collectivités et l'Etat », commentait récemment l'association ANPCEN, qui lutte contre la pollution lumineuse. « A ce jour, non seulement l'Etat n'effectue pas les contrôles à sa charge, mais en renvoie la charge aux bénévoles associatifs », dénonce-t-elle.

Jusqu'ici, les villes de plus de 800.000 habitants ne sont soumises qu'à leur RLP s'il en existe un. Quant aux magasins, ils ont déjà l'obligation d'éteindre les enseignes lumineuses et les vitrines des magasins à partir de 1h du matin.

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Plan de sobriété en préparation

Ces annonces semblent s'imbriquer dans le plan de sobriété énergétique, annoncé par Emmanuel Macron au cours de son interview du 14 juillet. « On va préparer un plan pour se mettre en situation de consommer moins », avait-il alors indiqué, en expliquant qu'il demanderait « aux administrations publiques, aux grands groupes de préparer un plan ». « On va essayer de faire attention collectivement, le soir aux éclairages quand ils sont inutiles, on va faire un plan pour les administrations publiques, on va faire un plan de sobriété dans lequel on va demander à tous nos compatriotes de s'engager, et on va faire un plan de sobriété et de délestage - c'est de gaz et d'électricité dont on parle là - avec nos entreprises ».

Le gouvernement a lancé trois groupes de travail pour améliorer cette sobriété énergétique dans l'administration, les entreprises et les établissements recevant du public. L'objectif est d'établir une feuille de route permettant de réduire de 10 % la consommation d'énergie d'ici à deux ans par rapport à 2019.

Agnès Pannier-Runacher a indiqué au JDD que le gouvernement attendait « des plans d'action à l'automne » de la part d'un éventail d'acteurs - établissements publics, tourisme, collectivités locales... Elle a également rappelé l'objectif de « faire un effort de 40% sur notre consommation d'ici à 2050 ».