"Le risque existe d'un retour au business as usual" (note du Quai d'Orsay) 2/4

Par Michel Cabirol  |   |  396  mots
L'après Covid-19 : révolution ou retour au "business as usual" ? (Crédits : DR)
Quels retours d'expérience pour les Etats après la crise du Covid-19. Dans le domaine de l'économie le Centre d'analyse, de prévision et de stratégie du Quai d'Orsay s'interroge sur le monde économique de demain.

Quel monde économique de demain après la sortie de la crise aussi bien sanitaire qu'économique ? C'est l'un des volets de la note prospective du Centre d'analyse, de prévision et de stratégie (CAPS) révélée par Le Monde et consultée par La Tribune. Intitulée "Premières réflexions en vue du jour d'après", cette note du groupe de réflexion du ministère des Affaires étrangères estime que "le risque existe d'un retour au 'business as usual', à l'image du G20 qui a fini par perdre son élan réformateur avec l'éloignement de la crise de 2008, alors même que les défis majeurs - climat, inégalités - se faisaient plus pressants". D'autant que s'il y a des changements majeurs, ils ne pourront intervenir que dans un contexte a priori encore davantage contraint, notamment en termes de marges de manœuvre budgétaires et monétaires après la crise sanitaire.

La mondialisation revisitée de "fond en comble" ?

Pourtant, le CAPS imagine bien un "retour de bâton contre l'idée des bienfaits de l'intégration économique internationale", ou plus vulgairement la mondialisation qui a jusqu'ici assuré la prospérité et la sécurité d'une majorité d'hommes et de femmes sur Terre. Cette nouvelle vague de contestation du modèle économique balaiera-t-elle tout ou s'ajoutera-t-elle "aux préoccupations environnementales ou à l'arsenalisation des interdépendances asymétriques (sanctions, levier migratoire, chantage énergétique)". Toutefois, l'abandon de ce modèle soulèverait "à son tour d'énormes risques et défi", estime le groupe de réflexion du Quai d'Orsay.

"Si l'on veut préserver une forme d'intégration économique, ce sont donc le degré et les modalités de l'intégration qui doivent être revisités de fond en comble", estime le CAPS.  A commencer par le rôle de l'Etat, dont "la responsabilité vis-à-vis de ses citoyens ne peut être uniquement régalien et se doit d'être aussi tournée vers des politiques publiques assurant la fourniture de services de base". Au-delà, le CAPS estime que la nature du fonctionnement de notre économie et des business models (réduction des coûts, flux tendus) ainsi que les formes prises par la mondialisation économique (importance des transports, fragmentation des chaînes de valeur, extrême spécialisation, profitabilité contre stabilité), pourront être "interrogés".