Le taux de chômage a diminué en 2016... trop tard !

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  587  mots
Imprudemment annoncée par François Hollande pour 2013, l'inversion de la courbe du chômage, au sens de l'Insee, s'est finalement produite en 2015 et s'est confirmée en 2016 avec une baisse de 0,2 point du taux de chômage. Trop tard pour le président en place !
Selon les données provisoires de l'Insee, le taux de chômage a légèrement baissé de 0,2 point en 2016 pour s'établir à 9,7%. C'est la deuxième année consécutive de baisse. Mais trop tard pour François Hollande...

A la lecture des dernières statistiques de l'Insee sur le chômage, François Hollande doit s'en mordre les doigts ! Lui qui fin 2012 avait annoncé bien imprudemment que la courbe du chômage s'inverserait en 2013, s'était complètement trompé de tempo. En réalité, si l'on retient l'indicateur Insee du chômage, mesuré selon les normes du Bureau International du Travail (BIT), les seules qui ont une valeur dans les comparaisons internationales, c'est à compter de 2015 que subrepticement la courbe a commencé à s'inverser.

Certes, mais comme dans le même temps, le nombre des demandeurs d'emploi en fin de mois - une statistique nettement plus médiatisée -, calculé par Pôle emploi sur des bases différentes de celles de l'Insee, continuait lui sa progression, la « bonne nouvelle » de l'Insee est passée inaperçue. Et il y a de grandes chances que la confirmation de la (faible) baisse affichée en 2016 pour la deuxième année consécutive subisse le même sort.

Un taux de chômage en baisse de 0,2 point à 9,7%

De fait, selon des données encore provisoires de l'Insee, le taux de chômage s'est établi à 9,7% de la population active en métropole fin 2016 et à 10% en incluant l'outre-mer. Soit une baisse de 0,2 point sur un an ... exactement celle déjà observée en 2015.

En nombre de chômeurs, l'Insee a comptabilisé, fin 2016, 2,78 millions chômeurs en métropole, soit 68.000 de moins (-2,4%) sur l'année. Cependant, il faudra attendre les données définitives de l'Insee dans le courant du mois de mars.

Si on entre dans le détail, on constate que cette inversion confirmée de la courbe profite surtout aux jeunes de moins de 25 ans. Leur taux de chômage s'établit désormais à 23,3% en métropole, soit une baisse de 0,7 point sur un an. Quant au seniors de plus de 50 ans, leur taux de chômage reste stable à 6,7%.

Bien entendu, dans un communiqué, la ministre du Travail Myriam El Khomri s'est félicitée de « cette évolution favorable » mettant notamment en exergue la baisse de 0,1 point, la première depuis huit ans, du chômage de longue durée (plus d'un an).

Un "halo du chômage" en progression

Certes, mais il n'en reste pas moins que des points noirs demeurent. Notamment ce que l'Insee qualifie de « halo du chômage », c'est-à-dire l'ensemble des personnes qui, découragées, ne sont même plus inscrites sur les listes des demandeurs d'emploi ou qui occupent des « petits boulots ». Selon l'Institut, leur nombre atteint 1,48 million à la fin 2016, soit une progression de 65.000 sur un an.

De même, la baisse de 0,2 point du taux de chômage est finalement inférieure à ce que prévoyait l'Insee dans sa dernière note de conjoncture publiée en décembre qui tablait sur une baisse de 0,3 point.

Mais il est vrai qu'en 2016, avec une croissance finalement limitée à 1,1%, la France ne s'en est pas si mal sortie sur le front de l'emploi avec 191.700 postes créés dans le secteur marchand, un record depuis 2007. Ce sont ces créations qui expliquent la baisse du taux de chômage, elles ont permis de compenser l'augmentation « naturelle » annuelle de la population active de 120.000 personnes environ.

Mais politiquement parlant, cette inversion réelle bien qu'encore très modérée à ce stade de la courbe du chômage est arrivée bien trop tard pour François Hollande qui a dû renoncer - certes pas pour cette seule raison- à briguer un second mandat...