Les défaillances d'entreprises en chute libre en juillet, selon la Banque de France

Par latribune.fr  |   |  560  mots
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Face à la recrudescence de l'épidémie, l'État a maintenu la perfusion des entreprises. Ainsi, la Banque de France comptabilise 1.768 faillites d'entreprises au mois de juillet en France, un niveau "historiquement bas". Mais le débranchement des aides - une fois la reprise confirmée - risque de mettre en péril la santé de bon nombre d'entreprises.

Alors qu'une quatrième vague d'épidémie frappe la France, l'Etat a décidé de maintenir les aides aux entreprises qui sont toujours en difficulté, et contient ainsi les faillites. En juillet, la Banque de France dénombre 1.768 défaillances d'entreprises, soit 2,5 fois moins qu'en juillet 2019, avant la crise : du jamais-vu.

Sur 12 mois, le nombre des défaillances est tombé à 27.896 (sur la période se terminant en juillet), selon un décompte provisoire, soit 27,6% de moins qu'un an plus tôt et presque moitié moins (-47,9%) que sur la même période avant la crise.

Un reflux sur (presque) tous les secteurs

Ce recul s'observe dans presque tous les secteurs d'activité, y compris ceux les plus touchés par les mesures de restrictions liées à la situation sanitaire comme l'hébergement-restauration, où la baisse atteint 41,9% sur un an ou le commerce (-30,4% sur un an), précise la Banque de France. Seules les activités immobilières enregistrent une légère hausse de 1,9% des défaillances sur un an, mais avec une baisse de 23,8% sur deux ans.

De plus, pour les 12 mois se terminant en juillet, la baisse concerne toutes les tailles d'entreprises, y compris les plus grandes pour lesquelles elle est cependant limitée à 14%, avec 37 défaillances. Toutefois, sur deux ans, les défaillances de grands groupes et d'entreprises de taille intermédiaire (ETI) sont en hausse de 42,3%. A l'inverse, celles des microentreprises ont diminué de près de moitié (-48,2%) sur la même période.

Deux éléments expliquent ce recul des défaillances. Premièrement, les mesures de soutien de l'Etat aux entreprises comme les prêts garantis par l'Etat (PGE) ont joué le rôle d'amortisseur notamment pendant la première partie de la pandémieCe dispositif a en effet permis d'injecter rapidement d'importantes liquidité dans les comptes des entreprises afin d'éviter une hécatombe. Plus de 685.000 PGE ont été distribués depuis mars 2020.

Par la suite, le fonds de solidarité a été adapté pour accompagner les entreprises à la réouverture et les aider à faire face aux contraintes sanitaires (jauge, protocole, couvre-feu...). Néanmoins, depuis la mise en place du pass sanitaire le 9 août, certaines entreprises estiment qu'elles vont devoir embaucher du personnel supplémentaire pour contrôler les pass, leur imposant donc des surcoûts qui - pour l'instant - ne sont pas pris en compte par l'Etat.

En France, la somme des PGE à rembourser est colossale

D'autre part, le recul des défaillances est aussi lié à une modification temporaire des "dates de caractérisation et de déclaration de l'état de cessation de paiement", explique la Banque de France dans son communiqué.

Mais le débranchement des aides et le rétablissement des dates de déclaration risquent de laisser apparaître des situations financières tendues.

Une partie des observateurs s'attend à un rattrapage du nombre de défaillances d'entreprises une fois que les mesures d'aide auront été retirées par le gouvernement et que les tribunaux de commerce auront retrouvé un fonctionnement normal. Un grand nombre d'entreprises vont devoir rembourser les PGE. Et les sommes sont colossales. Selon le ministère de l'Economie, plus de 130 milliards d'euros ont été accordés en France, contre 55 milliards d'euros en Italie et 40 milliards d'euros en Allemagne.

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