Les Français jugent plutôt négativement les six premiers mois de Macron

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  955  mots
La dernière vague de l'enquête exclusive BVA/La Tribune sur les questions économiques montre que 47% des Français jugent la politique d'Emmanuel Macron "trop libérale". Parmi les mesures économiques et sociales adoptées durant les six premiers mois de son quinquennat, les Français considérèrent que la réforme du Code du travail est la plus emblématique. A ce stade, ils approuvent très massivement l'idée d'étendre l'assurance chômage aux indépendants et à certains démissionnaires.
Sur les questions économiques et sociales, la dernière vague de l’enquête exclusive BVA/La Tribune montre que les Français sont plutôt sceptiques sur les premières mesures d'Emmanuel Macron. 47% jugent sa politique trop "libérale" et le président trop clivant. Mais il bénéficie d'une meilleure image que François Hollande à l'époque.

Incontestablement, les six premiers mois du mandat d'Emmanuel Macron ont marqué les esprits par leur intensité. C'est déjà une victoire pour le président qui ne pourra pas être taxé de « fainéant », en tout cas sur le terrain économique et social. En revanche, force est de constater que, majoritairement, les Français sont mécontents de ce début de quinquennat avec 57% d'opinions défavorables au président. C'est, ce qui ressort de la dernière vague de l'enquête mensuelle exclusive BVA/La Tribune sur les « questions de l'économie ».

La réforme du code du travail: mesure la plus emblématique

De fait, même s'il est contesté sur le fond, le chantier des réformes économiques et sociales lancé par le Président ne laisse pas indifférent. Une part significative des Français (77%) est capable de citer au moins une mesure réalisée par Emmanuel Macron depuis son élection. Les quatre mesures les « mieux » retenues sont:  la réforme du Code du Travail via les ordonnances (cette mesure est citée 26% des cas), la suppression « partielle » de l'ISF (16%), la hausse de la CSG (15%... et 28% chez les seuls retraités) et la baisse des APL (14%... et 27% chez les moins de 35 ans). En revanche la « flat tax », ou « prélèvement forfaitaire unique », n'est citée que par 1% des sondés, comme la diminution des contrats aidés.

Et, majoritairement, ces mesures sont évoquées avec une tonalité négative, les Français sondés dénonçant une forme de « deux poids deux mesures », par exemple en comparant la suppression de l'ISF et la baisse des APL.

À cet égard, étonnamment, les Français ne sont que 9% à mentionner la suppression de la taxe d'habitation, alors que le gouvernement en fait une mesure emblématique pour le pouvoir d'achat.

57% des Français mécontents de Macron

Bien entendu, cette appréciation plutôt négative des six premiers mois a une conséquence sur la popularité du président. 57% des Français sont mécontents alors que seulement 39% se disent satisfaits de la politique menée. Ces résultats sont plutôt stables par rapport à la dernière enquête « baromètre politique » BVA-Orange-La Tribune réalisée fin octobre : la cote de popularité d'Emmanuel Macron était alors de 42%, alors que 56% exprimaient une mauvaise opinion.

Dans le détail, si les trois quarts des personnes qui ont voté pour lui au premier tour de la présidentielle continuent d'être plutôt satisfaites (75%), elles sont 21% à afficher maintenant leur mécontentement. Mais, une fois encore, Emmanuel Macron est très clivant.

Le mécontentement est majoritaire chez les jeunes (60% des 18-34 ans) et dans les catégories modestes (63% des ouvriers et employés). En revanche, les personnes âgées (50% des 60 ans et plus), les cadres (46%) et les personnes dont les revenus mensuels sont supérieurs à 3.500 euros (48%) expriment davantage que la moyenne leur satisfaction. La fameuse image de « président des riches ».

Sur le plan politique, on observe le même clivage. Les sympathisants du Front National (78%) et les sympathisants de la gauche font très largement entendre leur mécontentement (82%), même si les proches du PS l'expriment de façon moins massive (57%). À l'inverse, les sympathisants « La République en Marche » (LREM) continuent d'afficher très largement leur approbation (83%, c'est aussi le cas mais dans des proportions moindres pour les proches du parti « Les Républicains » (52%).

Macron jugé plus dynamique et plus ferme que Hollande

Emmanuel Macron pourra cependant se consoler s'il se compare à la situation de François Hollande en 2012 six mois après le début de son quinquennat. En termes de popularité, les deux hommes font quasi jeu égal : à l'époque, 38% des sondés exprimaient leur satisfaction envers le président socialiste et 61% étaient non satisfaits.

En revanche, Emmanuel Macron bénéficie d'une image nettement plus positive. Il est jugé dynamique par 81%, alors que seuls 27% reconnaissaient cette qualité à François Hollande. De même, 56% des Français estiment qu'Emmanuel Macron sait prendre une décision qui s'impose (31% pour François Hollande). Il est aussi jugé compétent (57% contre 38% pour son prédécesseur). En revanche, en lien avec l'image de « président des riches », seuls 37% des sondés trouvent Emmanuel Macron rassembleur, contre 40% pour François Hollande.

Emmanuel Macron est donc considéré comme trop clivant, c'est notamment en raison de sa politique économique. Ainsi, 47% des Français jugent sa politique « trop libérale », notamment chez les salariés (53%). À l'inverse, 31% des sondés trouvent sa politique « libérale juste ce qu'il faut ». Bien entendu, ces personnes se recrutent majoritairement chez les personnes âgées et les proches de de LREM. À noter que les cadres ont un jugement mitigé : 46% jugeant la politique « trop libérale » et 42% la trouvant adaptée.

Le projet d'étendre l'assurance chômage quasi plébiscité

Enfin, si l'on se projette dans l'avenir et les futures réformes attendues, l'idée de modifier les règles de l'assurance chômage est plutôt bien accueillie. Si les contours sont encore flous, la très grande majorité des Français se dit favorable à ce qu'on ouvre l'assurance chômage aux travailleurs indépendants (82%) et aux salariés démissionnaires sous conditions (72%).

Reste que l'on ne connaît pas encore dans le détail la nature exacte de cette réforme, notamment son coût et la façon dont elle sera financée. Si cela devait passer par une nouvelle imposition (TVA sociale, nouvelle hausse de la CSG ?) et/ou par une baisse des allocations, il n'est pas certain que la mesure resterait aussi populaire.

 *Enquête réalisée auprès de 1.080 personnes du 15 au 16 novembre 2017