Les inégalités de salaires entre les hommes et les femmes s'aggravent avec l'ancienneté

Par Grégoire Normand  |   |  605  mots
(Crédits : DR)
En dépit d'une plus grande participation des femmes au marché du travail, les inégalités de salaires sont encore plus criantes avec l'ancienneté. D'après une récente enquête de l'Insee, au bout de 11 ans de carrière, l'écart est d'environ 400 euros par mois, contre 100 euros en début de carrière.

Le fossé est loin de disparaître. Selon une enquête de l'Insee publiée ce mercredi 13 novembre, les écarts de salaires entre les hommes et les femmes ont tendance à s'aggraver avec l'ancienneté sur le marché du travail. Si l'accès des femmes à l'emploi s'est amélioré depuis plusieurs décennies, la parité est loin de s'appliquer au niveau des salaires malgré les efforts de communication déployés dans certains groupes et PME.

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410 euros d'écart au bout de 11 ans d'ancienneté

L'un des résultats marquants de ce travail est que l'évolution des salaires pour les hommes est bien plus marquée que celle des femmes après seulement quelques années d'expérience. L'étude explique par exemple que "l'écart de salaire mensuel net médian s'élève à 100 euros pour les débutants (1.400 euros pour les jeunes femmes contre 1.500 euros pour les jeunes hommes), il atteint 410 euros à partir de 11 ans d'ancienneté (1.590 euros contre 2.000 euros)".

Parmi les différents facteurs avancés par l'institut de statistiques figure la prépondérance du temps partiel chez les femmes. En 2018, 5 millions de personnes étaient à temps partiel. Sur ce total, les femmes étaient 3,8 millions. Autrement dit, les contrats à durée limitée pèsent énormément sur la persistance des écarts sur les salaires et les trajectoires professionnelles entre les hommes et les femmes. À titre d'exemple, l'écart de salaire médian est moindre chez les salariés à temps complet, passant de 70 euros entre 1 et 4 ans après la fin des études à 230 euros à partir de 11 ans d'ancienneté.

Chômage : un début de carrière plus favorable pour les femmes

Ces disparités de salaires sont d'autant plus frappantes que les femmes se retrouvent moins souvent au chômage que les hommes en début de carrière. Pour les jeunes actifs entre un et quatre ans sur le marché du travail, le taux de chômage chez les femmes (15%) est bien inférieur à celui des hommes (19%).

Ce phénomène est cependant récent. Les femmes font mieux que les hommes en raison d'une plus forte progression de diplôme chez les premières. "L'écart face au risque de chômage en début de vie active s'explique avant tout par le fait que, plus diplômées, les jeunes femmes sont globalement moins exposées au risque de chômage ; à niveau de diplôme donné, les écarts sont moindres, voire dans certains cas, inversés", souligne l'institut basé à Montrouge. Après 11 ans de carrière, la tendance s'inverse et le taux de chômage devient plus favorable pour les hommes.

Le taux d'activité se dégrade en milieu de carrière pour les femmes

L'autre facteur qui peut expliquer de tels écarts de salaires est la dégradation du taux d'activité pour les femmes avec l'âge. Depuis quatre décennies, la participation des femmes au marché du travail s'est fortement améliorée pour se rapprocher de celle des hommes. En 2018, 68% des femmes de 15 à 64 ans étaient actives, c'est toujours 9 points de moins que les hommes. À titre de comparaison, cet écart était de 31 points au milieu des années 1970.

Même si le taux de participation des femmes s'est amélioré depuis cette période, l'écart a tendance à se creuser au fur et à mesure des carrières. L'une des principales raisons demeure la maternité citée dans le document. "S'occuper des enfants devient une motivation importante de l'inactivité, mais quasi exclusivement pour les femmes, ce qui augmente l'écart d'activité entre femmes et hommes."