Les pôles de compétitivité fêtent leur dixième anniversaire. Et après ?

Par Fabien Piliu  |   |  720  mots
Les pôles de compétitivité ont été lancés en juillet 2005 par Dominique de Villepin, alors Premier ministre de Nicolas Sarkozy.
L'Association française des pôles de compétitivité dresse un premier bilan. Elle tente également de dessiner l'avenir des pôles.

Créés en 2005 à l'initiative de Dominique de Villepin, alors Premier ministre, les 70 pôles de compétitivité fêtent leur dixième anniversaire. L'Association française des pôles de compétitivité (AFPC), qui regroupe 55 pôles, dresse un premier bilan.

" Les pôles sont désormais bien installés dans le paysage, dans l'écosystème de l'innovation française ", estime Jean-Luc Beylat, le président de l'AFPC et du pôle Systematic. De fait, les acteurs publics et privés - entreprises, laboratoires, académies... - présents dans les pôles ont participé au lancement et au développement de 1.526 projets. Un projet sur deux, précise l'AFPC, a donné lieu à la commercialisation d'un nouveau produit ou service. Au total, selon l'AFPC, les pôles de compétitivité ont fédéré 50% des entreprises innovantes françaises, 100% des entreprises du CAC 40 et 100% des structures publiques de recherche.

Quelle est leur force de frappe financière ? Depuis 2005, les pôles représentent 6,5 milliards d'euros de dépenses en recherche et développement (R&D), dont 4 milliards d'euros de financements privés par les entreprises. Sur les 9.700 entreprises qui appartiennent aux pôles, 80% sont des PME. Elles ont bénéficié de 50% des aides accordées par le Fonds unique interministériel (FUI) qui apporte le soutien financier public aux pôles.

Devenir des écosystèmes puissants

" Les pôles de compétitivité sont devenus les acteurs incontournables des transformations économiques, sociologiques et technologiques que connait actuellement le monde. Pourquoi ? On constate partout dans le monde que là où l'innovation est puissante, citons la Silicon Valley ou Tel Aviv, des écosystèmes puissants s'y sont développés. En France, les écosystèmes se sont construits autour des pôles de compétitivité. C'est au sein des pôles que l'on a vu se développer ces dernières années les grandes dynamiques transformant l'innovation ", explique Jean-Luc Beylat. Des pôles dont la philosophie reposant sur la coopération, a inspiré la création de la French tech et des huit Instituts de recherche technologique (IRT) logés au sein même des pôles.

Et après ? Comment se dessine l'avenir des pôles ? L'AFPC souhaite que les pôles s'internationalisent davantage et soient clairement identifiés par la Commission européenne afin de bénéficier pleinement du soutien financier de l'Union européenne dans le domaine de l'innovation. Si l'AFPC n'a pas l'intention de créer un bureau de représentation - de lobbying en somme - à Bruxelles, elle compte sur le savoir-faire d'experts indépendants déjà présents sur place et aux carnets d'adresses étoffés.

" Les membres de pôles, et notamment les PME doivent également profiter des réseaux tissés par les grandes entreprises. Au sein d' Images&Réseaux, nous avons identifié 400 points de vente à l'étranger dont peuvent bénéficier toutes les entreprises du pôle " , précise Vincent Marcatte, le président d'Images&Réseaux et membre du bureau de l'AFPC
Initialement fixé à 71, abaissé à 70 depuis la fusion en janvier des pôles Fibres et Alsace-Energievie, le nombre de pôles peut-il baisser ? Certaines rumeurs font état d'une réduction à 40 du nombre de pôles à terme. " Ce n'est pas l'enjeu principal. Ce qui est plus le plus important, c'est que les pôles continuent à animer les écosystèmes innovants ", estime Jean-Luc Beylat

Si le gouvernement a bien compris l'utilité des pôles, le soutien financier qu'il leur accorde est toujours sujet à débat. En 2015, il s'en est fallu de peu que les crédits de fonctionnement accordés aux pôles par l'Etat, proche de 22-23 millions d'euros, soient réduits. La question se posera encore cette année, d'autant plus que la régionalisation du développement économique que prévoit le projet de loi NOTRe [pour nouvelle organisation territoriale de la République] change la donne, puisque les pôles ne compteront plus sur le seul Etat pour obtenir des ressources financières. Elle entrera en vigueur le 1er janvier 2016. " Ces changements soulèvent la question du modèle économique et financier des pôles. Peut-être faudra-t-il réfléchir à le retoucher pour que les pôles puissent compter sur des ressources pérennes et surtout, plus importantes ", avance Jean-Luc Beylat.