Les syndicats unis dans le rejet de la réforme des retraites

Par latribune.fr  |   |  972  mots
(Crédits : JEAN-PAUL PELISSIER)
Le Premier ministre Edouard Philippe a dévoilé les détails de la réforme des retraites. Des annonces qui n'ont pas convaincu les syndicats qui appellent à poursuivre le mouvement, notamment lors d’une nouvelle mobilisation le 17 décembre.

Edouard Philippe devait les convaincre, calmer leur colère. C'est raté. A l'unisson, les organisations syndicales ont vivement critiqué le projet de réforme des retraites présentée par le Premier ministre devant le Conseil économique social et environnemental (CESE), ce mercredi 11 décembre. Mécontents des annonces, nombre d'entre eux, à commencer par ceux de la SNCF, appellent à poursuivre la grève avec, comme point d'orgue, le mardi 17 décembre pour une journée de mobilisation interprofessionnelle massive.

Alors que la fronde s'amplifie, Edouard Philippe s'est attiré les foudres de la CFDT, seul syndicat partisan de la retraite universelle. Motif : l'âge légal de départ qui restera à 62 ans, avec "un âge d'équilibre" progressivement amené à 64 ans et "un système de bonus-malus", a précisé le premier ministre. Une mesure qui a fait sortir le syndicat de ses gonds. "La ligne rouge est franchie", a noté, sèchement, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger.

"Il y avait une ligne rouge dans cette réforme, c'était le fait de ne pas mélanger la nécessité d'une réforme systémique (...) et la réforme paramétrique qui demanderait aux travailleurs de travailler plus longtemps, cette ligne rouge est franchie [...] On nous montre un chemin dont on aurait soi-disant les manettes pour le choisir, mais on sait finalement qu'il y aura un âge d'équilibre à 64 ans fixé par cette réforme."

"Élargir" le mouvement et l'installer "dans la durée"

Le numéro un de la CFDT doit réunir les instances de son syndicat dans l'après-midi pour "décider des actions dans les jours à venir". De son côté, l'UNSA, le second syndicat à la SNCF, dit regretter des mesures qui ne sont "pas à la hauteur" des revendicationsLaurent Escure, son secrétaire général, a évoqué sa "déception".

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Il a, lui aussi, estimé qu'une "ligne rouge" avait été dépassée avec la décision d'instaurer un âge pivot à 64 ans. "On a eu la désagréable surprise, qui est une ligne rouge pour nous, qui est la question de la mesure d'âge", a déclaré M. Escure qui a assuré que la mobilisation de ses fédérations à la SNCF, la RATP et chez les enseignants pourrait "se globaliser". En début d'après-midi, l'UNSA a appelé à "élargir" le mouvement et à l'installer "dans la durée".

"Le gouvernement s'est moqué du monde" a réagi, pour sa part, le numéro un de la CGT Philippe Martinez qui "ne croit pas que les cheminots seront satisfaits" par le discours d'Edouard Philippe. "Le gouvernement veut individualiser le système de retraite (...). Tout le monde va travailler plus longtemps, c'est inacceptable".

Alors que la grève dure depuis une semaine, le discours d'Edouard Philippe "ne peut que confirmer la nécessité de renforcer la mobilisation", analyse Force ouvrière. Le syndicat appelle "l'ensemble des salariés du privé et du public à s'y associer".

Le Medef approuve, Mélenchon dénonce une 'injustice"

La CFE-CGC reste elle aussi "dans le camp des opposants", selon son président François Hommeril qui juge la "réforme de plus en plus dangereuse". Dans la fonction publique, l'annonce de la "sanctuarisation" du niveau des pensions des enseignants, avec une revalorisation progressive à partir de 2021, n'a pas non plus satisfait.

"Le mécontentement et la détermination restent entiers", a réagi Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU, première fédération syndicale chez les enseignants. "On ne sait toujours pas ce qu'Edouard Philippe propose pour compenser la fin du calcul des pensions sur les six derniers mois", a-t-elle déclaré.

Visiblement satisfait, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux a, lui, qualifié de "bon équilibre" les propositions présentées par Edouard Philippe, tout en regrettant d'avoir "perdu six mois""Du côté des entrepreneurs que représente le Medef, c'est un bon équilibre entre une réforme qui est redistributive (...) et la nécessité que tout ça doit être financé par quelqu'un et donc qu'il faut, quand c'est possible, qu'on travaille plus longtemps".

Côté politique, le président de la France Insoumise Jean-Luc Mélenchon s'est exprimé sur Tweeter.

 (Avec AFP)