Loi Macron, industrie du futur, baisse du coût du travail... qu'en pensent les chefs d'entreprises ?

Par Fabien Piliu  |   |  654  mots
Les mesures de soutien à l'activité décidées par Bercy ne séduisent pas vraiment les dirigeants d'entreprises
Interrogés dans le cadre de « La grande consultation », le verdict des chefs d'entreprises est clair. Si les dirigeants interrogés par Opinion Way pour CCI France/La Tribune/ Europe 1 ont plutôt le moral, l'action du gouvernement dans le domaine économique les rend dubitatifs.

Ingrats ! Le gouvernement a beau multiplié les plans et les pactes pour relancer l'économie, pour inciter les entreprises à embaucher, investir et innover dans le cadre d'une vaste politique de l'offre, les chefs d'entreprises ne sont pas convaincus par l'utilité et l'efficacité de l'action publique dans ce domaine.

Interrogés dans le cadre du baromètre Opinion Way pour CCI France/La Tribune/ Europe 1, 74% des chefs d'entreprise estiment en effet que la loi Macron manque de cohérence, de logique. Un sentiment qui s'explique probablement par la densité du texte, composé de plus de 300 articles aux objectifs multiples. Ils ne sont que 30% à penser que ce texte va dans le bon sens, 20% à estimer qu'il favorisera le retour de la croissance et 12% qu'il simplifiera le quotidien du chef d'entreprise. Enfin, ils sont 11% à déclarer que ce texte correspond à leurs attentes et 11% à estimer qu'il favorisera la croissance de leur entreprise.

Le plan pour l'industrie du futur présenté en mai par Emmanuel Macron, le ministre de l'Economie,  les a-t-il davantage séduits ? Ils ne sont 15% à le penser. Doté d'une enveloppe de 3,4 milliards d'euros, ce programme consiste à stimuler la modernisation de l'appareil productif, et  notamment, par la numérisation. Annoncée en avril par Manuel Valls, le Premier ministre, le suramortissement ne les pas davantage convaincus.

Que réclament les chefs d'entreprises ?

La loi Macron et le plan pour l'industrie du futur ayant, de leur point de vue, raté l'essentiel, qu'attendent les chefs d'entreprise ? Quelles sont les mesures qu'ils réclament ? Selon eux, les leviers de croissance pour les chefs d'entreprise sont les suivants : favoriser la montée en puissance des salariés, pour 31% d'entre eux, créer une incitation fiscale en faveur du temps passé pour mener des projets innovants (29%), favoriser les conditions de reprise d'une entreprise (24%), mieux accompagner les changements de modèles économiques (23%) - n'est-ce pas l'objectif du plan pour l'industrie du futur ? - et donner la capacité aux entreprises de se doter de fonds propres (22%), pour les mesures jugées les plus importantes.

Pour développer l'entrepreneuriat, les chefs d'entreprises plaident pour une nouvelle baisse des charges, pour 76% d'entre eux, un assouplissement des normes (47%), un filet de sécurité de type chômage en cas d'échec (28%) et un accompagnement pour acquérir les bonnes pratiques de gestion durant les premières années (26%), entre autres souhaits.

Le gouvernement doit-il aller plus loin ?

Sachant que le gouvernement s'est déjà saisi des questions liées au coût du travail, via le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) et les allégements de cotisations intégrés au pacte de responsabilité et que les mesures de simplifications se sont multipliées, que faut-il retenir de cet inventaire à la Prévert ? Les chefs d'entreprise ont la mémoire courte ? Ils n'ont pas été informés de ces mesures, ce qui remet en cause la politique de communication du gouvernement ? Ils ne sont pas ingrats mais impatients ? Ou pressent-ils le gouvernement d'aller encore plus loin ? On en saura certainement plus lors de la prochaine « Grande consultation ».

Une croissance sans emploi

Point positif de ce baromètre, le moral des chefs d'entreprises est plutôt bon, en dépit de cette défiance vis-à-vis de l'action gouvernementale dans le domaine économique. Précisément, ils sont 58% à se déclarer confiants pour les douze prochains mois. Ils sont même 6% à se dire très confiants. A noter, l'optimisme est bien souvent plus élevé dans les grandes entreprises que dans les petites. Ainsi, quand 59% des dirigeants d'entreprises de 200 salariés et plus se disent confiants, ils ne sont que 32% dans les entreprises sans salarié. Malheureusement, cet optimisme ne s'accompagne pas d'une reprise des embauches. Seuls 8% des chefs d'entreprise interrogés envisagent d'embaucher au cours des douze prochains mois. Ils sont 6% à anticiper des suppressions de postes. Malgré les signes de reprise, c'est bel et bien à une croissance sans emploi qu'il faut se préparer.