Malgré le french bashing, l'attractivité de la France reste élevée

Par Fabien Piliu  |   |  1040  mots
La France déroule le tapis rouge pour les investisseurs étrangers.
En 2014, les investissements directs étrangers en France ont progressé de 8% selon Business France. Les Etats-Unis restent les premiers investisseurs dans l'Hexagone. Si les activités de production restent majoritaires, les créations de centre de recherche et développement montent en puissance.

French bashing ? Quel french bashing ? Si la presse anglo-saxonne se déchaîne parfois sur les tares de l'économie française, le monde réel, c'est-à-dire les entreprises étrangères, n'hésitent pas à investir en France. Selon le « rapport sur l'internationalisation de l'économie française » réalisé par Business France, qui réunit depuis le 1er janvier Ubifrance et l'Agence française des investissements internationaux (AFII) et qui comptabilise les projets d'investissements étrangers en France, 1.014 projets ont été enregistrés en 2014.

Sont ainsi recensées les créations ex-nihilo d'entreprises, les reprises et les fusions-acquisitions et les projets qui créent plus de un emploi. Jusqu'ici, l'AFII ne prenait pas en compte les fusions-acquisitions et les projets créant moins de 10 emplois. Cette nouvelle méthodologie est mise en place pour pouvoir effectuer des comparaisons internationales.

Les messages de l'exécutif sont encore sans effet

A périmètre constant, qui reprend l'ancienne méthode, 740 décisions d'investissement ont été observées en 2014. Ce nombre est en hausse de 8% par rapport à 2013. Pour expliquer cette progression, Business France avance plusieurs hypothèses : les atouts de la France sont intacts - la dernière enquête de TNS Sofres commandée par Business France indique que 72% des investisseurs déjà présents ne regrettent pas leur choix -, notamment ses infrastructures et la qualité de la main-d'œuvre ; la France profite de l'engouement global des investissements étrangers pour le Vieux Continent. Peut-on en déduire que les déclarations d'amour de François Hollande et de Manuel Valls déclamées aux quatre coins du monde pour l'entreprise sont sans effet ? Probablement. Ces déclarations sont toutes récentes et il faut entre 18 mois et deux ans pour qu'une marque d'intérêt se concrétise en chantier et créations d'emploi. Présidée par le président de la République, un nouveau conseil de l'attractivité sera organisé en juin.

Les décrets Montebourg n'ont pas eu d'effets négatifs

En attendant 2016 et 2017, le millésime 2014 est encourageant. François Hollande, le président e la République a officiellement salué cette performance ce lundi.
Avec un tel montant d'investissements directs étrangers (IDE), la France signe la deuxième performance depuis une dizaine d'années. Mieux, elle devrait conserver la troisième place européenne, derrière le Royaume-Uni et l'Allemagne et la première dans le domaine industriel. Le conditionnel est de mise car les statistiques de nos voisins ne seront pas dévoilées avant plusieurs semaines.

La polémique née à la suite du projet de fusion entre la division énergie d'Alstom et GE Capital et la publication par Arnaud Montebourg, l'ex-ministre de l'Economie de décrets défensifs pour protéger les secteurs stratégiques ont-ils effrayés les investisseurs.

" Lorsque ces décrets ont été publiés, ce fut un sujet de discussion pour les investisseurs étrangers. Mais ces décrets n'ont empêchés aucun investissement. Par ailleurs, il faut bien avoir à l'esprit que les entreprises internationalisées ont l'habitude de traiter ce type de sujets. Il faut aussi admettre que la France faisait plutôt figure d'ovni dans ce domaine, tant la protection des secteurs stratégiques était mal définie ", précise Muriel Pénicaud, la directrice générale de Business France également ambassadrice déléguée aux investissements internationaux.

La France terre d'accueil de la R&D

Concrètement, les 1.014 décisions d'investissement enregistrées en 2014 ont permis de créer ou maintenir 26.535 emplois. Un nombre à comparer aux 29.631 observées un an plus tôt. Muriel Pénicaud explique cet écart par la montée en puissance des investissements en recherche et développement qui sont moins intensifs en main d'œuvre que les projets de production industrielle même si ces derniers restent largement majoritaires. « Il faut néanmoins s'attendre à ce que la création ou le rachat de ces centres de R&D soit suivi par le lancement de lignes de production au cours des prochaines années », explique Muriel Pénicaud qui rappelle qu'un quart des chercheurs français sont embauchés par des filiales d'entreprises étrangères.

Précisément, 30% des investissements réalisés en France, soit 303 projets, sont des activités de production. Ils représentent un enjeu de 11.601 emplois, soit 44% de l'emploi total. Les projets d'investissement étranger dans les fonctions de R&D, ingénierie et design représentent 9% de l'ensemble des investissements (92 projets contre 77 l'année dernière). Quant aux nouvelles décisions d'investissement dans les quartiers généraux monde ou Europe, ils progressent nettement. Business France en recense 16 contre 5 en 2013 et 12 en 2012. Au total, les projets d'investissements permettent de créer ou de maintenir en moyenne 26 emplois

Autre point positif, le nombre de pays ayant fait le choix de la France augmente. Ils étaient 47 en 2014 contre 44 en 2013 et 39 en 2012. Quels sont les pays qui se sont implantés en France ? Les investissements européens représentent 61% de l'ensemble des investisseurs, viennent ensuite l'Amérique du Nord 22% et l'Asie 12%. Par nationalité, les principaux investisseurs sont les entreprises américaines (19%), les entreprises allemandes (14%), britanniques (9%), italiennes (9%) et japonaises (6%).

Le poids des investissements étrangers

Quels enseignements peut-on tirer de cette batterie de statistiques ? Le principal est le suivant : l'écart entre la perception de l'économie française - surtout dans certains pays anglo-saxons - et la réalité est énorme. Si la France est souvent décriée par les chantres du libéralisme, elle continue à attirer ses acteurs, les entreprises, malgré une concurrence féroce.

Second point, le dynamisme de l'économie tricolore repose en partie sur ces IDE. Comme le rappelle Business France, les filiales sous contrôle de groupes étrangers emploient 12% de 'effectif salarié dans l'ensemble de l'économie française, contribuent à hauteur de 19% à son chiffre d'affaires, assurent 31% des exportations françaises et 11% des investissements corporels. Dans les régions Centre et Picardie, 50% des exportations sont réalisées par des entreprises étrangères. Celles-ci concourent à la création d'emploi à hauteur de 47% en alsace, 29% en Picardie et 28% dans le Pas de Calais.

On comprend mieux les déclarations enflammées de François Hollande et de Manuel Valls aux investisseurs du monde entier.