« Nous devons sortir de l'écologie punitive » : le gouvernement justifie la mise « en pause » d'un plan sur les pesticides

Par latribune.fr  |   |  736  mots
Dans le cadre des annonces du gouvernement censées apaiser la colère du monde agricole, le Premier ministre Gabriel Attal a notamment déclaré la mise en pause du plan Ecophyto. (Crédits : Reuters)
Pour calmer la colère des agriculteurs, le gouvernement a annoncé jeudi l'arrêt temporaire du plan Ecophyto censé réduire les pesticides utilisés dans les cultures. Une décision, décriée par les écologistes, mais justifiée par l'exécutif comme relevant d'une volonté de « sortir de l'écologie punitive ».

C'est une mauvaise nouvelle pour les écologistes, une bonne pour une grande partie des agriculteurs. Dans le cadre des annonces du gouvernement censées apaiser la colère du monde agricole, le Premier ministre Gabriel Attal a notamment déclaré la mise en pause du plan Ecophyto. Un plan destiné à réduire les pesticides utilisés, notamment dans les grandes cultures. Ce qui n'a pas manqué de susciter un concert de critiques chez les écologistes et les ONG environnementales.

Les plans de réduction des pesticides ont été « inefficaces » depuis quinze ans, a attesté ce vendredi la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot, justifiant la mise « en pause » du plan Ecophyto par la volonté de « sortir de l'écologie punitive ».

« Je suis assez étonnée d'entendre cette petite musique », a-t-elle réagi au micro de franceinfo, critiquant en retour les plans successifs mis en place depuis 2009 qui « ont été inefficaces » car « ils ne proposaient aucune solution pour accompagner les agriculteurs ».

« Nous devons sortir de l'écologie punitive pour être dans une écologie des solutions », a insisté la porte-parole du gouvernement, soulignant que « les premiers à vouloir en finir avec ces produits, parce qu'ils en sont les premières victimes, ce sont les agriculteurs eux-mêmes ».

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Retravailler le plan

Dans le détail, le plan Écophyto II+ a pour but d'atteindre l'objectif de réduire les usages de produits phytopharmaceutiques de 50% d'ici 2025, et de sortir du glyphosate d'ici fin 2020 pour les principaux usages et au plus tard d'ici 2022 pour l'ensemble des usages.

Le but de l'exécutif n'est pas totalement d'arrêter le plan mais de le retravailler, a précisé la porte-parole. Le gouvernement « travaille en ce moment sur le plan Ecophyto 2030 » mais souhaite « se poser un mois de plus pour faire en sorte qu'il soit parfaitement compris, dans le cadre d'un accompagnement et pas d'une punition », a-t-elle ajouté. Venant confirmer les propos du ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire la veille : « Nous allons mettre sur pause le plan Ecophyto le temps d'en retravailler un certain nombre d'aspects, de le simplifier ». De son côté, Gabriel Attal a annoncé que le plan Ecophyto serait « mis à l'arrêt le temps de mettre en place un nouvel indicateur », alors que l'indicateur central du plan, le Nodu, qui mesure l'usage des molécules par les exploitants, est contesté par des organisations agricoles.

Plus largement sur les pesticides, le Premier ministre a rassuré les agriculteurs en précisant que la France n'interdira pas des substances autorisées ailleurs en Europe. Et « pas d'interdiction sans solution », a-t-il martelé la veille, rappelant les 250 millions d'euros mis sur la table pour identifier ces solutions et promettant un « nouveau coup de collier ».

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Colère des écologistes

Mais du côté des écologistes, l'annonce du chef du gouvernement la veille passe mal, qualifiant cette décision de « dramatique » et « recul inacceptable » : « Le gouvernement peut décider de ne plus protéger l'eau, la terre, la biodiversité et même notre santé. Mais avec ça nos agriculteurs ne gagneront pas plus », a réagi sur X, la patronne des Ecologistes Marine Tondelier.

La tête de liste écologiste pour les Européennes, Marie Toussaint, a, elle, qualifié cette mise sur pause d'« un recul inacceptable. Le gouvernement vient de faire un cadeau empoisonné au monde agricole ».« Jeter l'environnement en pâture pour éviter de s'attaquer aux véritables problèmes, c'est ajouter au malheur d'une filière et persister dans son sacrifice », a commenté de son côté l'eurodéputé David Cormand.

La députée Sandrine Rousseau a rappelé que le plan Ecophyto « est un plan d'aide à la réduction des pesticides. Telle est la réponse du gouvernement au problème de revenu agricole. C'est dramatique pour notre santé et pour la biodiversité ». Son collègue Julien Bayou a, lui, ironisé : « Finalement c'est Make pesticides great again. Le soutien aux agriculteurs ne peut pas se faire au détriment de la santé publique ».

(Avec AFP)