Pass sanitaire en entreprise : l'obligation reportée, Borne veut renforcer le télétravail

Par latribune.fr  |   |  746  mots
Face à la nouvelle vague épidémique, le gouvernement envisage de nouvelles mesures. (Crédits : Wolfgang Rattay)
Face à la diffusion du nouveau variant du Covid-19, le monde du travail est ciblé pour endiguer l'épidémie. Après avoir envisagé d'imposer la vaccination obligatoire en entreprise, le gouvernement temporise. Du moins pour le moment, car les parlementaires devraient avoir la possibilité de déposer un amendement en ce sens. En attendant, la ministre du travail exhorte les entreprises à renforcer le travail à distance pour passer à 3 voire 4 jours de télétravail pour ceux qui le peuvent.

Alors que la cinquième vague issue du variant Delta et la diffusion du nouveau variant Omicron - qui touche désormais 20% des nouveaux cas - font augmenter les taux d'incidence - 545 cas par semaine pour 100.000 habitants - le gouvernement tente de renforcer les mesures sanitaires. Et le monde du travail est particulièrement ciblé. Après avoir annoncé par le biais de Jean Castex la transformation du pass sanitaire en pass vaccinal - le texte de loi devrait être présenté la semaine du 27 décembre à l'Assemblée nationale contre le 5 janvier - l'exécutif a tenté d'imposer la vaccination obligatoire dans les entreprises.

Mais face à la levée de bouclier de nombreuses organisations syndicales et au risque d'"usine à gaz" que représenterait un tel dispositif, le gouvernement a annoncé hier soir que le pass sanitaire en entreprise ne figurera pas dans le texte. La vaccination imposée pour travailler ne sera donc pas obligatoire - du moins pour le moment. "On ne sait pas ce que sera la situation dans 10 jours et les éventuelles mesures qu'on devrait être amenés à prendre, donc je souhaite poursuivre les échanges" avec les organisations patronales et syndicales, a expliqué ce mercredi matin Élisabeth Borne, la ministre du Travail. "On verra si les parlementaires jugent qu'il est pertinent d'introduire par amendement", a-t-elle expliqué.

Une position partagée par le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal. Le gouvernement a renoncé à intégrer dans son projet de loi un pass sanitaire pour les entreprises, "notamment pour des raisons de faisabilité opérationnelle", a-t-il déclaré. L'exécutif laissera toutefois les parlementaires déposer éventuellement un amendement dans ce sens.

Accélérer le télétravail

De fait, la ministre a appelé les entreprises à "accélérer" le recours au télétravail face au Covid-19, leur demandant de se préparer "dès maintenant" à le "renforcer" à la rentrée avec une cible de 3 à 4 jours par semaine.

"C'est clair qu'avec la situation, il faut accélérer, renforcer le télétravail (...). Je demande aux entreprises de se préparer dès maintenant à renforcer le télétravail à la rentrée, donc le 3 janvier, avec une cible de trois jours minimum pour les postes qui le permettent, voire quatre jours quand c'est possible", a déclaré la ministre sur Europe 1.

A l'heure actuelle, le protocole sanitaire en entreprise prévoit que "les employeurs fixent, dans le cadre du dialogue social de proximité, les modalités de recours" au télétravail, ajoutant que "dans le contexte de reprise épidémique, la cible doit être de deux à trois jours" par semaine.

Soulignant le "consensus" avec les organisations syndicales et patronales sur la nécessité d'accélérer le télétravail, la ministre a également noté que l'enquête Harris Interactive menée régulièrement par son ministère montre que "près de 60% des salariés qui peuvent facilement télétravailler (...) l'ont fait la semaine dernière, en moyenne trois jours par semaine".

Elle a aussi relevé que les contrôles de l'inspection du travail "sont renforcés", revenus à "un rythme de 5.000 contrôles par mois". Des chiffres en ligne avec les annonces de la semaine dernière. "J'ai demandé à l'Inspection du travail de reprendre ses contrôles, de revenir à 5.000 contrôles par mois. On en était à moins de mille au mois d'octobre", avait-elle déclaré.

Le travail à distance s'était essoufflé

Selon le sondage réalisé pour le ministère du Travail, parmi les actifs pouvant télétravailler facilement et qui ont travaillé du 13 au 19 décembre, 58% ont télétravaillé au moins partiellement (62% en Ile-de-France), dont 18% à temps complet. Ils étaient 53% la semaine du 29 novembre au 5 décembre (contre 70% du 2 au 8 novembre 2020). Parmi les actifs ayant eu recours au télétravail, le nombre de jours moyen était de 3 jours, contre 2,9 la semaine du 29 novembre.

Mais le télétravail peut être parfois mal vécu par les salariés qui sont victimes de détresse psychologique ou de dépression, liée à la perte de lien social. Ainsi, depuis le premier confinement, l'application du travail à distance dans les entreprises a perdu du terrain. Selon les dernières données de la Dares, rattachée au ministère du Travail, en octobre dernier, 21% des salariés étaient au moins un jour en télétravail hebdomadaire, et à peine 6% l'étaient tous les jours de la semaine.

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