Pointant l'état de la dette publique française, Fitch maintient sa note AA assortie d'une perspective négative

Par latribune.fr  |   |  830  mots
L'agence de notation Fitch Ratings a maintenu, vendredi, à "AA" la note de la dette à long terme de la France. (Crédits : Reinhard Krause)
Si la France obtient la troisième meilleure sur l'échelle de notation de Fitch, l'agence de notation pointe néanmoins l'état des dépenses publiques aggravées par la crise sanitaire et les mesures de soutien mises en place. Elle s'attend à ce que le déficit public atteigne 5,2% du PIB français en 2022, soit plus que l'objectif fixé par le gouvernement.

C'est une bonne nouvelle pour la France. Malgré un contexte économique difficile, notamment dû à une inflation croissante depuis plusieurs mois, l'agence de notation Fitch Ratings a maintenu, vendredi, à « AA » la note de la dette à long terme du pays. Cette note, importante car elle influence les conditions auxquelles le pays peut emprunter de l'argent sur les marchés financiers, est la troisième meilleure sur l'échelle de notation de Fitch, qui compte 22 échelons, et correspond à un émetteur de haute qualité.

Ce signe encourageant est néanmoins à nuancer puisqu'il est, de nouveau, assorti d'une perspective « négative ». En cause, l'état des dépenses publiques largement alourdi par la crise sanitaire qui a nécessité de nombreuses mesures, très coûteuses, pour soutenir les secteurs d'activité les plus en difficulté. « Le Covid-19 a laissé une dette publique nettement plus élevée que les années précédentes », indique, ainsi, Fitch Ratings dans un communiqué. Elle s'attend à ce que le déficit public atteigne 5,2% du PIB français en 2022, alors que le gouvernement s'est fixé un objectif de 5%. Elle mise toutefois sur une baisse, les années suivantes, pour atteindre 4% en 2024. En mai 2020, Fitch avait abaissé de « stable » à « négative » la perspective de la note de la dette à long terme de la France. Une autre agence de notation, Standard and Poor's, note également la dette à long terme de la France « AA » mais estime que sa perspective est « stable ». Elle a maintenu cette note en octobre dernier.

Ramener le déficit sous la barre des 3% en 2027

De son côté, le gouvernement entend le faire baisser sous les 3% en 2027, selon la promesse d'Emmanuel Macron durant sa campagne présidentielle. Pour cela, le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, défend une réduction de la dépense publique « progressive, raisonnable, sans austérité », prévoyant, en moyenne chaque année, une baisse du volume des dépenses de l'Etat et des collectivités locales respectivement de 0,4% et 0,5%. Mais le gouvernement prévoit également une augmentation des dépenses sociales, du fait notamment des plans de soutien à l'hôpital. Ainsi, dans l'ensemble, le volume total de la dépense publique ne doit croître que de 0,6% sur les cinq années à venir. Concrètement, l'exécutif entend davantage stabiliser le train de vie de l'Etat et des collectivités que faire de véritables économies. A titre de comparaison, la progression des dépenses publiques a atteint 2% par an sur les vingt dernières années et 1,2% par an sur les dix dernières.

Pour parvenir à un tel objectif, le gouvernement mise sur la croissance. « Il faut que la croissance augmente plus vite que la dépense publique », selon Bruno Le Maire. Le ministère des Finances estime que la croissance va rester dans le vert à + 2,5% en 2022. D'autant qu'il a pu se réjouir des bons chiffres enregistrés par celle-ci entre avril et juin. Elle a, en effet, connu un rebond plus dynamique qu'attendu de son PIB qui a progressé de 0,5%, selon des données publiées fin juillet par l'Insee. A l'inverse, au premier trimestre, la croissance avait connu un repli de 0,2%.

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De son côté, Fitch Ratings semble moins optimiste. Selon elle, les perspectives macroéconomiques se sont assombries par la guerre en Ukraine et l'inflation. « Le rythme de croissance de l'activité économique a décliné pendant la première moitié de l'année, les dépenses de consommation ayant sensiblement baissé », note l'agence de notation.  Elle prévoit ainsi une croissance de 2,4% sur l'ensemble de l'année 2022, proche des prévisions de l'Insee, qui a annoncé la semaine dernière qu'elle tablait sur une croissance à 2,5%. Fitch estime ensuite la croissance du pays à 2,1% en 2023 et de 1,9% en 2024.

Vers une hausse de la facture d'électricité

Principal poids sur cette croissance, l'inflation qui ne cesse d'augmenter. En juillet, la hausse des prix atteignait 6,1% sur un an, le chiffre le plus élevé depuis juillet 1985 selon l'Insee. Néanmoins, Fitch Ratings estime qu'elle devrait « ralentir dans la deuxième moitié de l'année, pour atteindre 4,2% d'ici la fin de l'année », en fonction de l'évolution des prix de l'énergie qui pèsent lourdement sur l'inflation. Or, les prix de l'électricité pourraient tripler en France, cet hiver. En cause, la flambée des cours due à la guerre en Ukraine mais aussi les difficultés que rencontre le parc nucléaire du pays. Selon le réseau européen des gestionnaires de réseau de transport d'électricité ENTSO-E,  27 des 56 réacteurs du territoire se trouvaient, en effet, à l'arrêt, début juillet. Or, le mix électrique repose toujours, en théorie, à presque 70% sur le parc nucléaire. La France devrait donc être contrainte d'importer de grandes quantités d'électricité pour satisfaire la demande au moment où les températures seront les plus basses.

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 (Avec AFP)