Olivier Marleix, président des députés LR, agite le spectre d'une crise de la dette souveraine française

Elisabeth Borne va vivre son baptême du feu devant le Parlement, où elle va prononcer sa déclaration de politique générale. L'opposition est dans les starting-blocks et avance ses critiques. Ainsi, mardi, le président des députés LR Olivier Marleix estimait que « le risque d'un mouvement spéculatif contre la dette souveraine française existe ».
(Crédits : Reuters)

Alors que le gouvernement doit présenter jeudi son projet de loi pour soutenir le pouvoir d'achat qui devrait coûter une trentaine de milliards d'euros,  le président des députés LR, Olivier Marleix, tire la sonnette d'alarme : « Très clairement on n'est pas à l'abri d'une crise de la dette souveraine française », affirme le patron des députés LR pour qui « l'héritage de Macron 1 c'est un pays au bord du précipice ».

Il insiste : « Maintenant que le « quoi qu'il en coûte » européen est terminé, que les pays doivent financer leur dette sur les marchés financiers, on voit les écarts de taux d'emprunt entre l'Allemagne et la France qui font qu'on peut filer tout droit vers une crise des dettes souveraines ».

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Selon le député, en 2010-2011, « Nicolas Sarkozy et François Fillon pouvaient répondre parce qu'il y avait une Assemblée capable de voter des lois de finance rectificative tous les 15 jours pour envoyer des signaux aux marchés » mais « si cette situation arrive dans les 12 mois, ce qui est une probabilité réelle, le président de la République aura de grandes difficultés à faire face ».

Des fortes augmentations de dépenses sans lien avec la pandémie

Olivier Marleix peut s'appuyer sur le rapport de la cour des Comptes publié lundi. L'an dernier, l'ensemble des dépenses du budget général de l'État a progressé de 37,1 milliards d'euros par rapport à 2020, à 426,7 milliards d'euros. On apprend que l'année 2021 aura été marquée par une nouvelle forte augmentation des dépenses publiques liées à la crise sanitaire, mais aussi, pour d'autres qui n'ont rien à voir avec la pandémie.

Ainsi, les dépenses du budget de l'État « hors mesures de soutien et de relance ont connu en 2021 une progression rapide » de 17,6 milliards d'euros, soit +5,1%, souligne la Cour des comptes. « Cette augmentation est nettement plus forte qu'en 2020, puisque les dépenses hors crise avaient alors progressé de 2,6 milliards d'euros », insiste-t-elle, après s'être déjà inquiété dans un précédent rapport de l'évolution des dépenses publiques une fois la crise sanitaire passée.

Cette progression s'explique en grande partie par le versement de l'indemnité inflation (3,3 milliards d'euros), la montée en puissance de la loi de programmation militaire (+2,7 mds) et la hausse de la charge d'intérêts de la dette (+2 mds), une première depuis 2011, liée à l'augmentation des taux d'intérêt et de l'inflation.

Sans oublier l'impact sur les comptes publics d'une subvention de 2,75 milliards d'euros attribuée à l'agence France Compétences, spécialisée dans l'apprentissage et la formation professionnelle.

« Parmi les risques significatifs pour les années à venir », la Cour des comptes évoque notamment la hausse à venir de la charge d'intérêt de la dette du fait de l'inflation, et « des restes à payer (dépenses engagées devant être payées au cours des prochaines années) en forte progression », avec le plan de relance, le quatrième programme d'investissement d'avenir et la loi de programmation militaire.

« La soutenabilité de la dette publique suppose une nette réduction du déficit structurel dans les années à venir et notamment une action sur la dépense publique, dont le niveau rapporté au PIB est resté, en 2021, nettement supérieur à son niveau d'avant-crise », a embrayé le Haut Conseil des Finances publiques dans un avis sur le projet de loi de règlement publié lundi soir.

Sur le plan de la technique budgétaire, la Cour des comptes regrette aussi des « entorses aux principes budgétaires » l'an dernier, avec des reports de crédit en fin d'année qui ont été « très supérieurs à ceux constatés habituellement ».

Bercy a pour sa part jugé lundi soir qu'il n'y avait pas eu « d'irrégularité majeure » et a défendu la « prudence » et « l'agilité » budgétaires dont il a dû faire preuve face aux incertitudes de la situation sanitaire.

Le groupe LR compte « faire passer un message de cadrage général » lors de la déclaration de politique générale d'Elisabeth Borne. Dans l'opposition mais fort de ses 62 députés qui lui permettent de peser dans les arbitrages, il entend bien « profiter de la situation pour obtenir des avancées pour les Français ».

 (Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 06/07/2022 à 13:08
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Nos hommes politiques ont depuis 40 ans créé l'état NOUNOU. Ils ont créé chez les citoyens un état d'esprit d'assistés et d'irresponsabilités. Il suffit de demander ou de crier un peu fort pour être satisfait quoiqu'il en coûte. La cour des comptes ...

à écrit le 06/07/2022 à 12:24
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Marleix connaît la musique, d'où son surnom : "Bob". Sinon, la droite n'est jamais aussi bonne en économie que quand elle est dans l'opposition.

à écrit le 06/07/2022 à 9:38
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C'est beau la finance mais l'on s'en passerai volontier! La monnaie n'est pas un but mais un moyen d'échange!

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